Saint-Sacrement de Pellevoisin. Malel. Huile sur toile, 110 x 110 cm. Sanctuaire de Pellevoisin (avec autorisation).

Communier au Pain de vie, Parole et Corps du Christ

Julienne CôtéJulienne Côté | Saint-Sacrement (A) – 11 juin 2023

Discours sur le pain de vie : Jean 6, 51-58
Les lectures : Deutéronome 8, 2-3.14b-16a ; Psaume 147 (148) ; 1 Corinthiens 10, 16-17
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

En cette fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, les chrétiens sont invités à approfondir le mystère de Jésus, donnant sa vie pour eux, à voir dans chaque rassemblement eucharistique le don de Dieu qui façonne l’appartenance des personnes chrétiennes à son Église.

Première lecture

L’extrait du chapitre 8 du Livre du Deutéronome évoque cette longue traversée du peuple hébreu dans le désert, cette période qui a précédé l’entrée dans la terre promise. Quarante années de formation, où Dieu a soumis son peuple à l’épreuve, mais sans l’abandonner. L’auteur invite ses contemporains à réfléchir sur les événements du passé, sur l’histoire du peuple de Dieu. Ce fut un moment d’éducation qui peut inspirer la conduite des croyants dans le présent. On rencontre souvent les verbes se souvenir (5,29-31), se garder d’oublier les commandements (1,8-25). Dans les difficultés, Dieu n’a pas oublié son peuple affamé.Il a donné à manger la manne (Exode 16) jour après jour. La nourriture a une valeur sacrée religieuse, dû à la générosité de Dieu. L’homme ne vit pas seulement de pain mais… il vit de tout ce qui sort de la bouche de Yahvé (v. 3). Le but de cette épreuve était de vérifier la solidité de la foi de son peuple et de lui procurer un avenir heureux (vv. 14-16). La manne, c’est une nourriture mystérieuse, symbole d’une autre, plus fondamentale : ce qui sort de la bouche du Seigneur. C’est le pain qui donne des forces pour poursuivre chaque jour la route de l’Évangile, fût-ce en traversant l’aridité de la foi. La manne est la figure de la Parole de Dieu qui s’est faite chair et se communique à tous les croyants dans l’Eucharistie (Jean 6).

Évangile selon Jean

L’extrait choisi 6,51-58 se présente comme une méditation. Après avoir nourri la foule en multipliant les pains (6,1-15), Jésus affirme que la manne véritable n’est pas celle donnée par Moïse, qui n’était que temporelle (v. 27). Avec Jésus, le pain descendu du ciel procure la vie à jamais, cette nourriture qui demeure en vie éternelle. Jésus parle d’une vie autre que matérielle.Cette vie en abondance, dont il est question est un don, une grâce, la vie même du Ressuscité que les croyants sont invités à partager avec Lui par-delà la mort. Cette vie ne se vit pas seul. Elle suppose des relations avec d’autres personnes croyantes dans une communauté fraternelle.

Le discours porte sur la foi en Jésus Christ. L’enseignement comprend une section christologique : le Christ est considéré comme pain venant du ciel et donnant la vie au monde (6,31-48) ; et une section eucharistique (6,49-51b.57-58) : ce pain qu’est le Christ est donné à manger. Dès les versets 6,25-51, il concerne l’accueil de l’Envoyé divin par une attitude intérieure, celle de croire, de reconnaître Jésus comme le véritable pain descendu du ciel, qui donne à jamais la vie au monde: pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et pour qu’en croyant vous ayez la vie en son nom (20,31).

Le pain de vie, c’est Jésus, don de Dieu.

Moi, je suis le Pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie, (v. 51). C’est ma chair, désigne tout ce qui fait la réalité de l’être humain avec ses talents et ses faiblesses. Jésus parle de lui. Il fait référence au mystère de la croix, à son corps livré non seulement à l’heure de la croix, mais au moment de l’eucharistie. Il se présente comme la nouvelle manne, comme le pain descendu du ciel qui procure la vie à jamais. Il donne des renseignements sur les effets positifs réservés aux personnes qui adhèrent à Lui.

 Jésus est le Pain de vie, le pain d’amour qui nourrit. Envoyé par le Père, Jésus communique la vie à qui l’accueille, il ouvre la vie à une perspective d’éternité, réconfortante, qui n’est pas limitée aux années vécues par Jésus sur notre terre : Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous (v. 53). Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour (v. 54). Jésus est le pain de vie, reconnu dans la foi, comme étant le corps du Christ. Il est la parole nourrissante qui rassemble ; Il communique la vie. Il crée l’unité à laquelle le disciple aspire. Il rend fort parce qu’Il accomplit, en sa personne, ce que « la Loi devait accomplir pour le peuple d’Israël ». Dieu le Père a donné son Fils et le Fils se donne lui-même pour que le monde ait la vie (6,51).Quand Jésus déclare qu’Il donne sa chair, il indique de quelle manière il va mourir. Sa mort va déboucher sur la vie éternelle et pour lui et pour les humains : Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement (6,51). Jésus va encore plus loin : Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vrai boisson (6,55). La chair mangée et le sang bu établissent une communion permanente, vraie et personnelle. À travers le pain et le vin transformés pendant l’Eucharistie, Il nous donne son corps et son sang, le don de sa vie. Dieu veut communiquer, communier avec nous, incarner sa présence réelle dans un repas. Nous devenons la demeure du Christ, nous demeurons en Lui, nous vivons par Lui et cette communion personnelle est à l’image de celle qui existe entre le Fils et le Père, nous avons à le communiquer, dans la foi, nous avons à accepter de mettre davantage notre vie au service des autres.

Deuxième lecture

Au moment où l’apôtre Paul écrit ce texte, vers l’an 58, il y avait un usage des viandes immolées et partagées aux idoles ; la partie des viandes qui restait, était partagée avec le clergé et les fidèles. Paul refuse aux chrétiens (10,20) de participer aux repas sacrés des païens dont les sacrifices sont offerts aux démons, et non à Dieu. En évoquant l’Eucharistie, l’apôtre définit alors à quel type d’appartenance il se réfère :

La coupe d’action de grâce que nous bénissons n’est-elle pas communion au sang du Christ? ? Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au sang du Christ? (10,16).

La coupe et le pain, le corps et le sang renvoient au sacrifice de la croix. En partageant la coupe et le pain, le chrétien prend part à l’offrande du Christ. Il s’identifie au Christ qui donne sa vie. Ils sont unis au Christ, appelés à recevoir ce qu’ils sont, le Corps du Christ : Parce qu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique (v. 17).

Membre de la Congrégation de Notre-Dame, Julienne Côté a fait ses études supérieures en théologie et en études bibliques à l’Institut catholique de Paris. Elle a écrit pour la revue Vie liturgique de 1985 à 1990 et collabore au Feuillet biblique depuis 1987.

Source : Le Feuillet biblique, no 2807. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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