Jean le baptiste au désert. Guido Reni, 1625. Huile sur toile, 157 x 113 cm (WikiArt).

Le témoignage de Jean, le baptiste

Léo LabergeLéo Laberge OMI † | 2e dimanche du Temps ordinaire (A) – 15 janvier 2023

Voici l’agneau de Dieu : Jean 1, 29-34
Les lectures : Isaïe 49, 3.5-6 ; Psaume 39 (40) ; 1 Corinthiens 1, 1-3
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

Au début du quatrième évangile, Jean le Baptiste se place dans la lignée des prophètes de l’Ancien Testament. Dans un monde de ténèbres, il vient donner témoignage à la lumière : il donne un baptême d’eau pour la conversion des péchés, préparant ainsi la voie pour le Sauveur du monde.

Vint un homme, envoyé par Dieu ;
son nom était Jean.
Il vint en témoin,
pour témoigner de la lumière,
       pour que tous croient par lui. (Jean 1, 6-7)

Notre mission n’est-elle pas, aujourd’hui, de préparer notre monde à accueillir la lumière du Christ? Rôle effacé, comme celui de Jean, mais rôle indispensable : service ou ministère (diaconie) de l’Évangile.

Lorsque l’on envoie, de Jérusalem, des prêtres et des lévites pour interroger Jean, celui-ci déclare sans ambiguïté qu’il n’est ni le Messie (le Christ), ni Élie, ni le Prophète attendu. On attendait un Messie qui serait plus grand que tout prophète antérieur. Jean annonce la venue de celui qui va réconcilier le monde avec Dieu, en se présentant non comme le maître de l’univers paraissant dans toute sa splendeur, mais comme Serviteur de Dieu et Agneau pascal. Il se fait le serviteur de tous, il se fait victime pour la rémission des péchés. Humble, petit, sa présence est passée inaperçue jusqu’alors : Je ne le connaissais pas (v. 31) ; Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas (Jn 1,26).

Jean donne un baptême de conversion ; il baptise dans l’eau ; il prépare la venue de celui qui baptisera dans l’Esprit Saint (v. 33). Comme Jean prêche et baptise pour que le Christ soit manifesté au peuple d’Israël (v. 31), nous témoignons, nous prêchons pour que le Christ soit manifesté au monde. Le Christ est au milieu de nous, mais nos fautes et nos divisions entre chrétiens empêchent la transparencede notre message. Nous faisons obstacle à la manifestation de l’amour du Christ.

Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (v. 29)

Le quatrième évangile suppose, bien entendu, le prologue de cet évangile. Lorsque Jean Baptiste déclare : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était (v. 30), il n’évoque pas tout simplement une préséance d’honneur ni une simple présence antérieure. Il s’agit, pour Jean, d’annoncer la venue de Celui qui Est (Avant moi il était (Jn 1,15) ; parlant des ancêtres, Jésus répondra : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, Je suis (Jn 8,58).

Celui qui était s’est fait le Serviteur de Dieu. Serviteur souffrant comme l’agneau que l’on mène à l’abattoir (voir Isaïe 53,7). C’est lui l’Agneau de Dieu, l’agneau pascal (voir Exode 12), qui est immolé pour le salut du monde. Saint Paul pourra dire aux Corinthiens : Le Christ, notre Pâque, a été immolé (1 Co 5,7). Saint Jean l’évangéliste, dans le récit de la Passion, souligne le lien entre célébration de la pâque juive et mort du Christ. Il montre même l’accomplissement de l’Écriture, en ce qui concerne l’agneau pascal, dans ces paroles : Pas un de ses os ne sera brisé (Jn 19,36). L’Agneau de Dieu, parce qu’il porte sur lui le péché du monde, au point de s’identifier au péché, supporte (souffre) le péché, s’offre en victime pascale, et par ce fait enlève le péché du monde. C’est ainsi que le monde a été réconcilié avec Dieu.

« J’ai vu l’Esprit… demeurer sur lui » (v. 32)

Jean Baptiste préparait la venue du Christ. Son baptême annonçait un baptême plus grand, le baptême qui serait donné au nom du Père, du Fils et de l’Esprit, le baptême qui nous fait enfants de Dieu, par le Fils, dans l’Esprit. Jean Baptiste accomplit sa mission, puis il s’efface devant Celui qui était avant lui, Celui qui ne baptisera pas seulement d’un baptême de conversion, mais qui baptisera dans l’Esprit Saint (v. 33).

Le quatrième évangile ne décrit pas la scène du baptême de Jésus par Jean, mais il la suppose connue, comme le montre la réflexion du Baptiste : J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui (v. 32). Le verbe est à noter : non simplement descendre, mais demeurer. L’on sait comment, avec des mots ordinaires, le quatrième évangile souligne des réalités profondes. Ce verbe demeurer servira lui-même a désigner, pour les chrétiens, l’union à Dieu. Qui aime son frère demeure dans la lumière (1 Jn 2,9). Le monde passe, lui et sa convoitise; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure à jamais (1 Jn 2,17).

« C’est lui le Fils de Dieu » (v. 34)

Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu (v. 34). Celui qui a vu peut témoigner. Il est en mesure de faire comprendre que ce dont il témoigne mérite d’être cru. Du début à la fin de l’évangile de saint Jean, l’importance du témoignage est soulignée. Ceux qui ont vu rendent témoignage. Depuis le départ de Jésus, notre foi s’appuie sur le témoignage de ceux et de celles qui ont vu le Christ ressuscité. Jean l’évangéliste prend le relais de Jean le Baptiste. C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est conforme à la vérité (Jn 21,24).

L’expression donnée dans le témoignage du Baptiste ne se limite donc pas à indiquer le lien que toute personne croyante pouvait avoir avec le Dieu de l’Alliance (Vous êtes tous des fils de Dieu, voir Ps 82,6), mais la solennité du témoignage de Jean, reliée à la profondeur du message contenu dans le prologue du quatrième évangile, énonce clairement que celui que Jean vient de baptiser est vraiment le Fils de Dieu.

Léo Laberge OMI était professeur d’exégèse à la Faculté de théologie de l’Université Saint-Paul.

Source : Le Feuillet biblique, no 2784. Première parution : Feuillet biblique 1215, 18 janvier 1987. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

Célébrer

Célébrer la Parole

Depuis l’automne 2017, le Feuillet biblique n’est disponible qu’en version électronique et est publié ici sous la rubrique Célébrer la Parole. Avant cette période, les archives donnent des extraits du feuillet publiés par le Centre biblique de Montréal.