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4e dimanche de Pâques A - 7 mai 2017
 

Nul ne va au Père sans passer par moi

«Le Seigneur est mon berger ...», vitrail d' Alexandre Mauvernay.

«Le Seigneur est mon berger ...», vitrail d' Alexandre Mauvernay.

 

 

La parabole du pasteur, du voleur et des brebis : Jean 10, 1-10
Autres lectures : Actes 2,14.36-41; Psaume 22(23); 1 Pierre 2, 20-25

 

Le récit évangélique amalgame deux métaphores qui se conjuguent pour parler de Jésus : l'image du berger (vv. 3b-5) et l'image de la porte (1-3a.6-10).  La première évoque une réalité peu connue dans un monde industrialisé qui fait un élevage sédentaire, bien qu'aujourd'hui des peuples connaissent encore cette activité.  On peut voir des documentaires présentant la vie exigeante des gardiens de troupeaux, qui parcourent avec leurs bêtes les hauts plateaux des Alpilles ou des montagnes asiatiques. Par ailleurs, les lecteurs de la Bible sont  familiers avec la  réalité pastorale palestinienne du berger; peut-être le sont-ils moins avec l'image de la porte, riche aussi de sens et qui reçoit un développement élaboré (vv. 1-7), en ce quatrième dimanche de Pâques.

     Pendant des millénaires, les peuples anciens ont vécu, soumis, dans l'ombre de leurs gouvernants, rois ou chefs que l'on désignait comme bergers. Ces peuples n'étaient rien sans la puissance de ceux qui étaient à leur tête. En Israël également, le roi est désigné comme le berger de son peuple : ... c'est toi qui emmenais et ramenais Israël. Yahvé t'a dit : C'est toi qui feras paître mon peuple (2 Samuel 2). Le prophète Ézéchiel, constatant la mauvaise conduite de certains rois, annoncera que Dieu veillera sur son peuple en lui choisissant un pasteur : Malheurs aux bergers d'Israël qui se paissent eux-mêmes... vous ne faites pas paître le troupeau. La brebis épuisée, vous ne l'avez pas fortifiée; celle qui était malade, vous ne l'avez pas soignée... Me voici moi-même! J'aurai souci de mes brebis (34, 1-31). Le prophète proteste contre les dirigeants-despotes qui se complaisent dans leur pouvoir absolu et contre les abus des chefs religieux, indignes. Cette protestation (qui  sous-tend celle du peuple) passe avec force dans le psaume qui reconnaît le Seigneur comme le seul berger légitime, plein de sollicitude et à qui on offre une confiance absolue.

Le Seigneur est mon berger. Je ne manquerai de rien. Il me mène sur de verts pâturages.
Et dussé-je sombrer dans l'abîme de la mort, Nul malheur ne saurait m'effrayer,
Car tu es près de moi [Psaume 22(23), 1-4].

Jésus est le vrai et l'unique berger

     L'évangéliste Jean campe, d'un côté, le berger; et de l'autre, les  bandits-voleurs, l'étranger, etc. Le récit évoque une situation de conflit. L'affrontement avec les pharisiens qui  ne comprennent pas,  est signalé à la fin du chapitre 9, au sujet de la guérison de l'aveugle-né et se poursuivra avec une tentative de lapidation (10, 22-39), puis d'arrestation (10, 31). Au cours de cette tourmente, Jésus se dévoile le Messie-pasteur pleinement digne de ce nom. La formule Amen, Amen  (v. 1) rend compte de sa décision d'assumer sans réserve son engagement à l'égard de son Père et de ses frères et sœurs.

     L'extrait choisi atteste que Jésus est le berger légitime et authentique (vv. 2-5; 11-14). Il marche devant, connaît et reconnait ses brebis et celles-ci le lui rendent bien. Il les mène en des lieux qui rassasient et vers des eaux tranquilles qui font revivre [Psaume 22 (23), 2];  le soir, il les met en sécurité et accomplit ainsi ce  que le prophète Michée, jadis, a ébauché de la personnalité du vrai berger en proclamant : ll se tiendra debout et fera paître son troupeau par la force de Yahvé, par la majesté du Nom de Yahvé, son Dieu (5, 3).

     Cette vie à la suite du vrai Berger n'exclut pas la souffrance (10, 11). Jésus l'a connue jusqu'à l'extrême. Elle  cisèle la capacité de résister et rend hommage à Dieu : Frères, si l'on vous fait souffrir alors que vous avez bien agi, vous rendrez hommage à Dieu en tenant bon (Première lettre de saint Pierre 2, 20, deuxième lecture). Elle permet aussi d'affermir la confiance et l'abandon : Même si je marche dans un ravin d'ombre et de mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: ton bâton et ta houlette, voilà qui me sauve (Psaume 22(23), 4).

La porte,  image de Jésus

     La porte est un lieu de passage qui permet d'entrer dans l'enclos, un lieu protégé des bandits, la nuit, et puis, d'en sortir, le matin, pour aller paître dans les verts pâturages. Chez le rédacteur évangélique, la métaphore est chargée  d'un sens théologique.Jésus est celui qui entre par la porte (v. 2). Il s'identifie à la porte. Sa Parole emprunte un accent radical qui favorise la liberté et procure le salut : Amen, amen, je vous le dis: je suis la porte des brebis ... Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage (vv. 7.9).  Jésus revendique le droit d'être le maître exclusif des brebis, de les nourrir de sa Parole, d'être un protecteur, un nourricier, un passeur. Son  appel ne peut se comparer à aucun autre dans notre monde où tant de conceptions humaines et de propositions de bonheur sont émises; lesquelles  ne conduisent pas nécessairement sur un chemin de justice et de service. Les croyants, qui reconnaissent Jésus, sont sans cesse appelés à se détourner de pratiques et d'habitudes qui n'engendrent pas la vie en plénitude; ce sont des êtres de mouvement qui ne se replient pas sur eux-mêmes.

Une relation scellée
dans une confiance réciproque

     Entre Jésus et les croyants un lien profond est établi. Un lien d'amour: Quand il conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent car elles connaissent sa voix (v. 4). Sa voix, unique, singulière, crée, façonne la vie, car Jésus est plus intérieur à ceux et celles qui croient en Lui que ceux-ci  le sont à eux-mêmes. C'est une vie surabondante qu'il apporte à tous ces hommes et ces femmes, appelés personnellement, et  qui acceptent librement de participer à la vie même de Jésus et, avec lui, de construire le Royaume : Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom... Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage (vv. 3.9).  Ces croyants cultivent à ce point l'écoute qu'ils deviennent aptes à discerner les appels du Maître. En ouvrant leur cœur à sa Parole -ses enseignements- ils sont confortés dans leur choix de marcher dans  ses pas. C'est ainsi que ces croyants de la communauté johannique ont consenti à un exode intérieur, vers les années 80, en étant détachés du judaïsme. Le Christ Jésus était définitivement pour eux le Chemin, la Vérité et la Vie (Jean 14, 6).

Être au service de la vie

     Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance, telle est l'affirmation finale de l'extrait (10, 10). Jésus n'a-t-il pas affronté les autorités juives  et mis en jeu sa vie pour assurer le salut de tous? Cette sentence rejoint l'extrait de la Lettre de Pierre (2e lecture) et met en évidence le choix de Jésus de se faire le serviteur de tous pour ramener les brebis égarées ou harcelées par les loups (Jean 10, 11-13). Il s'est anéanti pour que toute personne devienne libre, au cœur de son existence concrète, faite de choix et de rencontres. Pour qu'elle s'achemine sans cesse  vers  plus d'ouverture et de service, de compassion et de générosité.

     Aujourd'hui, le Christ vient par des femmes et des hommes qui cheminent dans la foi et vivent l'expérience baptismale au cœur de communautés vivantes. Ces croyants sont voués à autrui soit dans des postes d'autorité, soit dans d'humbles tâches. Elles sont nombreuses ces personnes qui offrent lumière et chaleur, soutien et réconfort à ceux et celles qui peinent et souffrent. Heureux sont ces bergers et bergères façonnés par le Christ!

Julienne Côté, CND

Source : Le Feuillet biblique, no 2532. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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