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28e dimanche ordinaire A - 15 octobre 2017
 

Venez, le repas est prêt

Banquet de noces à Yport

Repas de noces à Yport
Albert-Auguste Fourié, 1886
Huile sur toile

Le banquet de noces : Matthieu 22, 1-14
Autres lectures : Isaïe 25, 6-9 ; Psaume 22 (23) ; Philippiens 4, 12-14.19-20.
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

La parabole de l'évangile de Matthieu lue ce 28e dimanche du temps ordinaire offre à notre méditation correspond à celle que l'évangile de Luc propose en Luc 14, 16-24.  Les différences entre les deux textes sont cependant importantes.

Une lecture comparée

Chez Luc, c'est un homme sans distinction particulière qui appelle les invités à un festin; chez Matthieu, c'est un roi qui lance des invitations à ses sujets pour célébrer les noces de son fils. Chez Luc, le serviteur dit tout simplement aux nombreux invités : Venez, maintenant, le repas est prêt, alors qu'en Matthieu un premier groupe de serviteurs du roi appelle les invités à la noce, mais ceux-ci ne veulent pas venir. Le roi envoie donc un second groupe de serviteurs, chargés de dire en son nom : Voilà : mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés; tout est prêt: venez au repas de noce. Chez Luc, tous les invités se mettent à s'excuser de la même façon : le premier s'est acheté un champ et se dit obligé d'aller le voir; le deuxième a acheté cinq paires de bœufs et part les essayer; un troisième vient de se marier et ne peut donc pas venir. Chez Matthieu, les invités ne tiennent aucun compte de la seconde invitation, l’un va à son champ, l’autre à son commerce et les autres empoignent et maltraitent les serviteurs et les tuent. Chez Luc, le maître de maison réagit avec colère, en écoutant le rapport du serviteur; chez Matthieu, même réaction du roi. Furieux, le maître de maison, en Luc, donne un nouveau mandat à son serviteur : dépêche-toi d'aller et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. Et lorsque le serviteur revient dire au maître qu'il reste de la place, le maître lui donne un second mandat afin que sa maison soit remplie. Le roi, en Matthieu, envoie ses troupes, fait périr les meurtriers et brûle leur ville. Cette malheureuse opération terminée, il envoie ses serviteurs aux croisées des chemins, les enjoignant d'inviter au repas de noces tous ceux qu'ils rencontreront. Ils rassemblent les mauvais comme les bons rencontrés. Comme chez Luc, la salle de noce de Matthieu se remplit de convives.

Le récit de Luc se conclut sur l’affirmation qu'aucun des premiers invités ne profitera du dîner. Quant à Matthieu, il introduit un nouveau thème: le roi entre dans la salle de noce, aperçoit un convive qui n'a pas l'habit de noce, lui demande comment il s'est introduit. Le convive garde le silence et le roi charge les serviteurs de le jeter pieds et poings liés dans les ténèbres où il y a pleurs et grincements de dents. Matthieu nous surprend avec la déclaration qu'il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus.

Des rebondissements surprenants

En la comparant à Lc 14, 16-24, la parabole de Matthieu nous réserve deux grosses surprises. Il y a d'abord la réaction des invités qui maltraitent et tuent un groupe de serviteurs et qui, en guise de représailles, périssent aux mains des troupes du roi. Ce déploiement de violence est particulièrement bouleversant. Comment ne pas penser à la répression des rebelles judéens en l’an 70 et à la destruction de Jérusalem.

L’autre surprise concerne le jugement et l’exclusion du convive qui n'a pas l'habit de noce. Il est sans réponse lorsque le roi lui demande de s'expliquer; ce qui lui vaut d’être jeté dans les ténèbres extérieures. Le message est clair : une invitation est lancée à tous et à toutes, mais un engagement est requis de la part de qui y répond, s'il veut participer au festin.

Les noces du fils

La parabole de Matthieu met en scène un roi qui aime tellement son fils qu’il concentre  toute son attention à organiser la célébration de ses noces. Lorsque Matthieu met cet enseignement sur les lèvres de Jésus, à qui pense-t-il?  Qui est ce roi?  Qui est le fils de ce roi?  Ce roi ne serait-il pas le Père des cieux,  et Jésus Christ ne serait-il pas ce fils?  Mais ce fils, il est à peine mentionné dans le récit alors qu’il en est le centre; et que dire de l'épouse absente! Devons-nous comprendre que cette parabole a quelque chose à voir avec l'alliance de Dieu avec l'humanité, marquée du sceau de sa miséricorde?

Qui sont les nombreux serviteurs à la disposition de ce roi? Le premier groupe évoquerait-il les prophètes envoyés pour révéler aux hommes le dessein d'amour infini? L’autre groupe de serviteurs ferait-il référence aux apôtres et aux disciples envoyés annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus ? Le double refus des invités conduit le roi à déclarer que les invités à la noce n'étaient pas dignes de l'honneur qui leur avait été fait. Il renvoie alors les serviteurs aux croisées des chemins pour inviter toutes les personnes qu'ils rencontreront. Il précise que bons et méchants sont invités, cette fois. Il s'agit donc d'un appel universel qui accomplit la vision d'Isaïe : Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples sur sa montagne un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés (Is 25, 6).

L'appel universel aux mauvais et aux bons adressé par les serviteurs du roi est suivi d'une scène apparemment très dure. Comment le roi a-t-il identifié dans tout ce rassemblement humain un homme qui ne portait pas l'habit de noce?  Quel est cet habit?  La parabole ne me semble pas donner de réponse à cette question.  Mais on peut trouver une piste de réponse dans cette confession de Paul tirée de la Lettre aux Philippiens (2e lecture) : Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force… Mon Dieu surviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse dans le Christ Jésus (Ph 4, 13.19).

Lorraine Caza

Source : Le Feuillet biblique, no 2546. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Diocèse de Montréal.

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