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19e dimanche ordinaire C - 7 août 2016
 

La nuit de l'attente

 

 

Paraboles sur la vigilance : Luc 12, 32-48
Autres lectures : Sagesse 18, 6-9; Psaume 32(33); Hébreux 11, 1-2.8-19

 

Le Nouveau Testament nous a habitués à exprimer l’attente ou l’espérance en référence à la nuit. Jésus, pour parler du même thème, proposera aux disciples une parabole où est racontée l’histoire des serviteurs qui attendent le retour de leur Maître (Luc 12, 35-40). Une allusion est faite cependant à la nuit : S’il revient vers minuit ou plus tard (v. 38). Paul, pour sa part, rappellera lui aussi aux Thessaloniciens que le jour du Seigneur arrive comme un voleur en pleine nuit (1 Th 5,2).

Une tragédie inévitable

     Luc a délibérément placé cette parabole lors de cette longue montée vers Jérusalem entreprise par Jésus et ses disciples. Le marcheur Jésus s’attend au pire car il sait que sa vie est en danger, il sait que celle de ses amis l’est tout autant : l’hostilité des chefs religieux est évidente, la réprobation des foules éclate au grand jour. Oui, les juifs sont déçus de cet homme qui refuse d’être le Messie triomphant  souhaité depuis longtemps. Apparemment, c’est l’échec. Aussi, Jésus sent le besoin de réconforter les siens.

L’image du troupeau

     C’est dans ce contexte tragique que Jésus prononce : Soyez sans crainte petit troupeau (Luc 12, 32). Car il est vraiment fragile ce petit groupe. L’avenir prochain le prouvera. L’avenir plus lointain le démentira. Lorsque Jésus emploie le terme Petit troupeau pour s’adresser à ses disciples ,nous sommes loin du sens moderne et péjoratif de l’expression qui désigne une troupe de personnes nombreuses et passives. Nous sommes dans une autre culture et dans une autre époque. Cette appellation est essentiellement biblique et chargée de sens. Le troupeau qui est guidé et gardé par son berger c’est l’image que la tradition a retenue pour dire et redire que Dieu aime et protège le petit peuple qu’il a choisi : Tu guidas comme un troupeau ton peuple (Ps 77, 21). Ajoutons que le mot troupeau est employé neuf fois dans les écrits néotestamentaires pour décrire cette même réalité théologique.

Le temps presse

     Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronge pas (v. 33). En bref, viser à l’essentiel : aimer ses proches et les éloignés; donner de ses biens et de son temps; partager ses expériences et ses compétences. Il ne nous est pas demandé la perfection mais d’emprunter le chemin qui y mène. Cependant, il semble avoir urgence de s’y engager. Et la monition se poursuit par cette phrase, érigée en proverbe depuis : Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur (vv. 32-34). Or, si Tout est vanité, (Sirac 1, 1) comme nous l’avons lu dimanche dernier, alors gardons ce qui demeure éternellement : l’amour!

L’attente dans l’espérance

     Je conserve dans mon livre de prière, une image. Elle représente un coquillage abandonné sur le rivage par la vague. Sa coquille est ouverte au soleil. La légende anonyme qui accompagne l’image me parle depuis longtemps : C’est l’attente dans l’espérance certaine que Tu viendras qui comble de lumière ma vie. Ces phrases accrocheuses on les trouve dans ce que j’appelle le cinquième évangile. Elles sont écrites souvent par une main philosophe ou par une main humble et croyante. L’attente est le propre du fidèle. L’attente vient certifier qu’il y a un ailleurs mystérieux dont on ne sait rien, mais que l’on devine dans le conseil de Jésus : Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées (…) tenez-vous prêts : le Fils de l’homme viendra (vv. 35.40). C’est ce que me redit, chaque matin, ma petite image.

La tenue de service

     J’habite une Résidence où les infirmières, les employés et les préposées sont identifiés par un vêtement particulier. Ils ont une tenue de service. On les reconnaît de loin. À l’époque où le costume religieux nous identifiait, on ne pouvait s’y tromper : nous étions des prêtres, des sœurs ou des  frères. Mais voilà qu’est terminé le témoignage à distance. Pour les prêtres, ils doivent être pasteurs du troupeau. Pour les religieux, ils doivent rester des frères et des sœurs pour chaque brebis. Pour les uns et les autres, sans exception, il est urgent de se conformer à ce que nous demande notre pape François : avoir l’odeur des brebis. Ce dernier demande aussi d’aller en périphérie là où les troupeaux de migrants sont sous la domination de faux bergers, les pauvres à la merci des voleurs, les opprimés parqués dans des enclos de mort. Tout un programme direz-vous? Oui, mais n’oublions pas qu’il s’agit là de l’aventure de toute une vie. Une vie dont on ignore la durée.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2493. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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