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2e dimanche de l'Avent C - 6 décembre 2015

 

Préparez le chemin du Seigneur

Prédication de Jean le Baptiste

Prédication de Jean le Baptiste

 

 

La prédication de Jean le Baptiste : Luc 3, 1-6
Autres lectures : Baruch 5, 1-9; Psaume 125(126); Philippiens 1, 4-6.8-11

 

Les lectures évangéliques des 2e et 3e dimanches de l'Avent mettent en relief la figure de Jean, le Baptiste. Elles évoquent son ministère. L'évangéliste Luc, contrairement à Marc et Matthieu, fournit de nombreux repères historiques. Il situe solennellement la mission de Jean dans  le contexte politique et religieux du peuple d'Israël, et dans l'histoire du monde païen, cette dernière mention soulignant, dès le début, l'aspect d'universalité du troisième évangile (3, 1).

La mission de Jean

     La parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie (3, 2). La parole de Dieu fait irruption en la personne d'un inconnu qui ne fait pas partie des puissants de ce monde. Cette Parole qui emprunte les mots employés par Jérémie (1, 1-2), le prophète prisonnier (37, 11-21), éveille la vocation de Jean; elle situe celui-ci dans la lignée des grands prophètes, dont Isaïe qui,  au 8e siècle av. J. C.,  évoquera le retour, à Jérusalem, des juifs exilés à Babylone. Une voix crie à travers le désert... (3, 4 ). Une voix qui appelle, comme ce fut le cas jadis, pour Moïse, Samuel et David.

     Jean, le Baptiste, est à un carrefour, au seuil de l'Évangile. Il participe à l'Ancien Testament qui espère et, en même temps, il ouvre la voie au Messie attendu. En lui, les deux moments de la révélation sont profondément imbriqués, la première période éclairant et annonçant la seconde, faisant  voir  le chemin allant de la Promesse à l'accomplissement en Jésus Christ qui va irradier toute l'histoire de l'humanité.

     Par sa vie, Jean, le plus qu'un prophète (7, 26), annonce à l'avance le destin de Jésus, le Chemin (Jn 14, 6), la Voie nouvelle et vivante (He 10, 20), devant qui il s'efface. Prophète d'une nouvelle mise en marche, le Précurseur va au désert. Par son existence et son activité de « baptisant », il conduit les foules à un renouvellement (Jean 14, 6), donné gracieusement par Dieu. Cet ascète, cousin de Jésus, indique Celui qui est plus grand que lui (7, 29). Il connaît la ferveur populaire (3, 7.15), puis il va  rencontrer l'opposition et connaître l'emprisonnement (3, 20; Marc 1, 14) et la décapitation (9, 9; Matthieu 14, 8-10).

Repères historiques

Luc mentionne sept noms : l'empereur Tibère César, en l'an 15; le gouverneur romain désigné aussi comme préfet, Pilate, qui régna sur la Judée et la Samarie, de l'an 26 à l'an 36; les tétrarques juifs, les trois fils du roi Hérode le Grand (1, 5), inféodés à Rome :

  • Hérode Antipas (-4 av. J. C. à l'an 39), régions de Galilée et du Pérée; il emprisonne Jean-Baptiste et le fait décapiter;
  • Hérode Philippe (-4 av. J. C. à l'an 34),  régions à l'est du lac de Tibériade; Archélaos (-4 à l'an 6), régions de Judée, Samarie et de l'Idumée; destitué par Auguste et exilé à Vienne;
  • les chefs religieux, Anne et Caïphe;
  • le prophète Isaïe (-740 av. J. C. à l'an -700), exilé à Babylone après la prise de Samarie  par les Assyriens. En -721 av. J. C.; 
  • le prophète Jérémie (-627 av. J. C. à l'an -587);
  • le prophète Baruch, secrétaire de Jérémie, vers -605 av. J. C., témoin de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor et de la destruction du Temple (an -587).

En marche vers la Jérusalem nouvelle

     Peut-on saisir avec justesse l'ampleur et l'étendue de l'attente du peuple choisi par Dieu, une attente semée d'embûches et d'humiliations, de labeurs et de reconstructions? Après l'oppression en Égypte, il  y a la longue marche dans le désert jusqu'à la Terre promise, puis l'exil, de la Palestine jusqu'à Babylone, et le retour jusqu'à la terre des ancêtres Abraham, Isaac et Jacob. La description faite par le prophète Baruch regorge d'images somptueuses et éblouissantes, annonce une Jérusalem parée de gloire (première lecture, le livre de Baruch, 5, 1-9). Ce retour, entrevu comme une marche triomphale et  jubilatoire, ne se réalise pas d'emblée. Il a fallu du temps, des siècles pour découvrir que la splendeur promise n'est pas purement  terrestre, matérielle -la possession de la terre-, mais qu'elle réside dans les cœurs et les actions de tous ceux et celles qui forment le peuple de Dieu : ... enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu... Debout, Jérusalem (5, 2.9).

     Malgré l'exil, des thaumaturges tels Élie et Élisée, et des prophètes rappellent que Dieu est fidèle, qu'Il tient parole; que Yahvé se distingue des idoles sans consistance et sans profondeur adorées par les peuples conquérants. Ézéchiel proclame une Alliance nouvelle inscrite dans les cœurs et Baruch fait naître l'espérance dans les cœurs éprouvés : Car Dieu a décidé que les montagnes et les collines seraient abaissées... afin qu'Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu (5, 7).

     À l'époque de Tibère,  Jean s'est mis à la tâche pour qu'advienne l'éclat de la Jérusalem nouvelle. La gloire véritable annoncée pour Jérusalem, c'est la venue de Jésus Christ, la Nouveauté de Dieu; une gloire qui sera visible aux apôtres et aux disciples, après la résurrection de leur Sauveur, un salut rendu visible aux yeux de la foi.

Préparez le chemin du Seigneur...
Toute chair verra le salut de Dieu.

     Les trois lectures de ce dimanche convergent vers une invitation pressante à participer à l'œuvre de Dieu dans le monde, au cours de ce siècle. Il y a des obstacles à niveler, des mentalités à redresser, des illusions à aplanir, des attitudes à rectifier ou encore à développer et consolider. Tous les retournements doivent favoriser ces valeurs que sont la droiture et la justice, la miséricorde et le pardon, la paix à établir entre tous les humains. Le chantier est titanesque; il faut de l'audace et de la persévérance, et surtout une foi bien enracinée  dans le Seigneur vivant aujourd'hui dans nos communautés. Une foi qui reçoit en plénitude le fruit de justice (« au sens de la vie conforme au vouloir de Dieu », note dans la TOB) qui nous vient par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu (Philippiens 1, 11).

     Regardons cette communauté chrétienne de Philippe. Elle vit dans un milieu païen, elle s'engage dans la joie et la communion fraternelle sur un chemin de croissance, un chemin d'attente: le retour en gloire de son Seigneur. Malgré ses faiblesses, ses insuffisances, ses limites, avec la tendresse du Père et l'amour du Christ, cette communauté progresse et sait redoubler d'audace pour annoncer sans peur la Parole (1, 14). L'apôtre Paul, l'évangélisateur, le fondateur de communautés, reconnaît que Dieu a bien commencé son travail chez ses frères et sœurs convertis et qu'il continuera jusqu'à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus (1, 8). Et l'apôtre prie pour que ses frères et sœurs de Philippe progressent de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui feront discerner ce qui est le plus important (1, 9-10; Romains 12, 2).

     Au fil des siècles, le discernement se vit au sein de la famille, dans le milieu professionnel, dans de multiples rencontres, face aux besoins des uns et des autres, dans la grisaille de certaines situations; il se vit au plus profond de l'être appelé à choisir entre l'essentiel et l'accessoire. C'est un don de l'Esprit qui habite  en chacun et  chacune, et qui se déploie dans des gestes posés dans un esprit de communion et de compassion; gestes qui constituent le salut apporté à ceux et celles que nous côtoyons. Avec l'apôtre Paul, dans l'attente du jour définitif du Seigneur, recevons les dons gratuits de Dieu, tressaillons de la joie que procure l'éternelle fidélité de Dieu, notre Père, et chantons un cantique de louange et d'action de grâce.

 

Julienne Côté, CND

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2467. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Lire Luc et Jérémie lorsque l'Empire contre-attaque