INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant

Imprimer

19e dimanche ordinaire B - 9 août 2015

 

Dévorés par l'amour et le don

pain azyme

 

 

Discours sur le pain de vie : Jean 6, 41-51
Autres lectures : 1 Rois 19, 4-8; Psaume 33(34); Éphésiens 4, 30 - 5, 2

 

Les juifs qui suivaient Jésus n’avaient pas apprécié que ce dernier dise de lui qu’il était le pain descendu du ciel (Jean 6, 41). Même s’il les entendait murmurer à son sujet, Jésus va encore plus loin en déclarant : le pain que je donnerai c’est ma chair pour la vie du monde (v. 51). Il importe de bien saisir cette expression surprenante, c’est ma chair, car le malentendu perdure encore. Il faut, pour une part, prendre en compte le transfert  du terme grec au latin et du latin au français. D’autre part, pour clarifier le mot chair il nous faut plonger dans l’expérience quotidienne.

Une parole révélatrice

     Je connais un universitaire qui a consacré sa vie à la recherche sur les vaccins et qui continue de le faire malgré ses quatre-vingts ans. Il paie de sa propre chair, l’avancée des découvertes en médecine qui sauveront des vies humaines. J’ai aussi enseigné avec une femme qui était assidue et joyeuse à son pupitre chaque matin, alors qu’elle avait accumulé plus de trente ans de service dans la même école. Elle se dévouait corps et âme pour ses étudiantes. Qui n’a pas entendu parler de ces missionnaires qui œuvrent dans des pays pauvres et qui refusent de rentrer au pays, attachés charnellement à ces peuples? On dira enfin, des uns et des autres,  qu’ils sont mangés par ceux et celles à qui ils ont consacré leur génie, leur énergie, leur passion.

L’expérience de Jésus

     L’expérience de Jésus rejoint l’expérience des personnes qui se sacrifient pour des anonymes ou du moins pour des gens qui ignorent souvent leur dévouement quotidien au service de leurs semblables. J’ajouterais, pour boucler la boucle, un exemple connu de tous et de chacun : nos propres parents. On connaît cette expression se saigner aux quatre veines. C’est ce que plusieurs parents ont fait pour que leurs enfants accèdent à l’instruction. Ils ont compris que c’était le plus bel héritage à transmettre. Ce langage imagé dit bien l’essentiel qui réside dans le don de soi inconditionnel. C’est plus la vie que la chair qui fait sens. Une vie remplie d’amour et d’humanité. Voilà comment comprendre le mot chair. Le chrétien n’est pas un cannibale mais un homme et une femme dévorés par l’amour et le don.

Le fils de Joseph

     Une autre réflexion qui mérite d’être approfondie c’est celle de ces Juifs qui murmuraient au sujet de Jésus en arguant : N’est-il pas le fils de Joseph? (v. 42). Cette parole nous renvoie à la difficulté que nous avons de pouvoir saisir la beauté intérieure, l’héroïsme d’un homme et d’une femme dans l’ordinaire de leur vie. Pour découvrir la face cachée des personnes il nous faut changer notre regard superficiel en un regard de foi. C’est ce qui a manqué à l’entourage de Jésus, aux pharisiens surtout qui pourtant l’avait vu faire des miracles, pardonner les péchés et leur apporter la délivrance. Mais Jésus était trop près d’eux, trop semblable à eux, trop du même milieu qu’eux, trop juif quoi! Leur regard ne s’arrêtait qu’à ce qu’il voyait extérieurement. Ainsi ils ne pouvaient entendre ses paroles comme des paroles de vie qui leur apportaient le salut.

La mission du baptisé

     Nous sommes mis au monde pour donner et nourrir la vie de quelque manière que ce soit : charnellement, intellectuellement ou spirituellement. La révélation de Jésus sur lui-même nous renvoie à notre propre personne. Notre vie, comme baptisés, est chair et sang pour les autres chaque fois que nous partageons notre savoir, notre compassion, notre tendresse. Quelle mission enthousiasmante! Nous ne sommes pas mis au monde pour nous regarder dans la glace ni pour nous complaire de la réussite de nos projets, si nobles soient-ils. Nous sommes associés au corps du Christ. Nous sommes ses membres. Notre mission doit être inspirée et animée par la tête qui est nul autre que l’Esprit de Jésus.

La profondeur de la vie ordinaire

     Les contemporains de Jésus le suivaient parce que ce dernier leur avait donné à manger du pain matériel. Ils n’allaient pas au-delà de leur ventre affamé. Mais ce que Jésus attend de nous c’est que nous dépassions les apparences. Que nous dépassions les besoins primaires. Que nous prenions ses paroles non pas au pied de la lettre mais pour les saisir en profondeur. L’Esprit nous apprend que nous sommes liés à nos frères et sœurs. Que notre vie doit aller au-delà des mots. Que lêtre est encore plus important que le faire. Difficile? C’est pourtant ce que Jésus nous enseigne.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2450. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Un pain venu du ciel