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15e dimanche ordinaire B - 12 juillet 2015

 

L'affaire de Dieu et la nôtre

Ministère des Apôtres

Ministère des Apôtres

 

 

Mission des Douze : Marc 6, 7-13
Autres lectures : Amos 7, 12-15; Psaume 84(85); Éphésiens 1, 3-14

 

Des théologiens, experts au Concile, ont soulevé la question à propos du silence de l’Église concernant le défi de la seconde évangélisation, selon l’expression de Jean-Paul II. Mais de quelle Église parle-t-on? Pour plusieurs cela concerne le silence des prêtres et des évêques. Il est peut-être temps de nous demander s’il ne faudrait pas nous interroger sur ce qui fait obstacle, en nous et autour de nous, rendant ainsi difficile l’annonce de l’évangile. Cette timidité et cette prudence excessives nous concernent tous et toutes.

La famille de Jésus fait obstacle

     Dimanche dernier, l’évangéliste Marc nous apprenait que Jésus, devant l’incrédulité des siens, ne pouvait accomplir aucun miracle (Marc 6, 5). C’est après ce constat d’échec que, pour la première fois, Jésus envoie ses disciples deux par deux (v. 7). Dans cet envoie missionnaire, banal en somme, se révèle une constatation assez surprenante : Jésus vient de trop près. Sa famille est trop connue. C’est ce qui a fait obstacle à l’accueil de son enseignement. Malgré tout,  il confie à ses disciples la tâche d’annoncer la Bonne Nouvelle et leur donne quelques conseils.

L’Église du Christ fait obstacle

     Ce qui arrive à Jésus, en son temps, arrive aussi à l’Église aujourd’hui : Jésus, oui, mais pas l’Église, entendons-nous souvent. Si le fondateur de l’Église a connu le rejet, c’est au tour de cette dernière de subir le même sort. Jésus fut blessé par ce mépris des siens (v. 4). Étrangement, l’annonce de la Bonne Nouvelle, qu’elle soit proclamée par Jésus lui-même ou par ses plus fidèles disciples ne suscite pas toujours l’adhésion spontanée. Il se peut qu’elle se heurte à l’incrédulité et même à la haine. Au moment où j’écris ces lignes, des chrétiens sont persécutés pour leur foi au Christ et forcés d’abjurer ou de mourir. Ces situations révoltantes et inhumaines sont bien le signe que nous mettons nos pieds dans les traces de Jésus.

Notre propre personne fait obstacle

     Cette difficulté à croire et à accueillir la Parole, n’est pas que chez les autres ou dans les institutions, c’est souvent en nous qu’elle se manifeste. Si le Christ n’est pas méprisé ou bafoué en nos vies, nous donnons quand même mille raisons pour ne pas suivre son message d’amour transmis dans les évangiles. Nous le trouvons trop exigeant. C’est donc dans l’intime de notre être que l’évangélisation des profondeurs doit s’accomplir. Cette évangélisation est la seule capable de transformer notre cœur de pierre en cœur de chair (Ez 36, 26). L’enjeu de cette conversion est d’une extrême importance car c’est à cette condition que nous réaliserons qu’en Lui, Dieu nous a d’avance destinés à devenir son peuple (Éphésiens 1, 11). Il veut, selon la formule paulinienne, que nous devenions louange de sa gloire (v. 12). Il a voulu enfin que nous rendions visible le salut de Dieu.

L’appel à la  sainteté fait obstacle

     Lorsque nous posons de gestes répréhensibles, lorsque nous constatons nos limites, lorsque nous nous désespérons de notre difficulté à projeter une image de bienveillance, reflet de Celui qui nous habite, nous répétons : Je ne suis pas un saint ou une sainte quand même! Cela prouve que nous avons renoncé à croire que nous sommes pourtant appelés à devenir ce saint ou cette sainte de par notre baptême. Alors nous fermons l’oreille à cette voix intérieure où le Seigneur nous invite à poser les gestes, à dire les paroles qui témoigneraient que l’évangile nous tient à cœur et  qu’il nous guide au quotidien. Qu’est-ce que la sainteté si ce n’est montrer au monde que nous avons reçu la marque de l’Esprit Saint (Ep 1, 13) et que nous devons en témoigner.

Des consignes pour vaincre les obstacles

     Jésus appelle les Douze et pour la première fois il les envoie deux par deux annoncer l’évangile (Mc 6, 7). Pour accomplir cette mission, Jésus leur donne des consignes. La première est celle d’appeler à la conversion (v. 12). Ce qui suppose qu’ils ont commencé eux-mêmes à se convertir. C’est à ce prix que des pouvoirs leur seront donnés, entre autres, ceux de chasser les démons et de guérir les malades (v. 13). Chasser les démons pourraient aujourd’hui se traduire par cette capacité qu’ont les personnes, habitées par l’Esprit, d’apporter la paix à ceux et celles qu’ils visitent. Guérir les malades pourraient aussi s’entendre autant par la guérison de l’âme que celle du corps. Dans certaines contrées où la violence détient le pouvoir, il est facile de constater que c’est là l’œuvre du démon et que cette violence engendre souvent des troubles psychologiques et physiques.

La mission est aussi notre affaire

     Si nous lisons bien le texte d’aujourd’hui, nous nous rendons compte que la mission octroyées aux apôtres n’était pas d’abord la leur. Elle a été décidée par Jésus lui-même. Et pour l’accomplir, le Maître exige le désencombrement. En actualisant le langage employé par Jésus nous dirions que Jésus demande aux siens de voyager léger. Parlons-en aux pèlerins en route vers Compostelle. Ils vous répondront que cela est essentiel au risque de s’arrêter en chemin et ainsi de rater le but poursuivi. Comment aussi comprendre la consigne concernant l’absence de bâton, de pain, de sacs, d’argent? D’abord que l’évangélisation ne se fait pas en étant armé, repu et riche. Certes, on ne fait rien avec rien, mais il faut avant tout avoir un cœur détaché.

La foi une réponse, le salut un don

     Ce qui était vrai au temps d’Amos (1ère lecture) et ce qui était vrai pour Paul l’est tout autant pour nous. À travers les prophètes et les apôtres de toujours, Dieu nous parle et nous devons écouter la Parole de vérité et la bonne nouvelle de notre salut (Ep 1, 13). Aujourd’hui donc, c’est à la policière, au chauffeur de taxi, à l’agente de pastorale, au fonctionnaire et à l’infirmière qu’incombe le devoir de témoigner de sa foi car nous avons reçu la marque de l’Esprit Saint (v. 13) à notre baptême. Tel est le message actualisé des lectures de ce dimanche d’été. Que d’occasions nous sont offertes de témoigner sur la route des vacances. Ne serait-ce que d’entrer pour la première fois dans une église pour y faire une courte prière. C’est  tout simple.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2446. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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