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5e dimanche ordinaire A - 9 février 2014

 

Quoi de plus utile que le sel et le soleil ?

 

Le sel et la lumière : Matthieu 5, 13-16
Autres lectures : Isaïe 58, 7-10; Psaume 111(112); 1 Corinthiens 2, 1-5


Dans son Histoire naturelle, 31. 102, le naturaliste romain Pline l’Ancien (23 – 79 après Jésus Christ) a fait l’intéressante remarque : Nihil esse utilius sale et sole ?  Vingt siècles plus tard, les JMJ de Toronto se sont tenues sous le thème : « Sel de la terre; lumière du monde ».  Matthieu, dans son évangile (Mt 5, 13-16), a eu recours aux mêmes images du sel et de la lumière dans son commentaire de la grande charte de la vie évangélique qu’est l’ensemble des béatitudes (Mt 5, 3-13).

Vous êtes le sel de la terre

     Arrêtons-nous d’abord à la signification des deux images : évoquer le sel, n’est-ce pas renvoyer à la saveur des aliments, à l’importance donc d’un juste assaisonnement des mets. N’est-ce pas également, dans une situation où l’on ne peut assurer la réfrigération, se protéger contre la décomposition ?  On connaît aussi, dans la Bible, l’utilisation du sel comme symbole de la pérennité d’une alliance : Tu saleras toute oblation que tu offriras et tu ne cesseras pas de mettre sur ton oblation le sel de l’alliance (Lv 2, 13). À noter aussi que des rabbins comparaient la Torah au sel, mais c’était inhabituel d’utiliser le symbole pour référer aux êtres humains. Ici, ce qu’on nous dit, c’est que des disciples qui perdraient leur ferveur morale, qui cesseraient de témoigner dans le monde par leurs bonnes œuvres, deviendraient aussi inutiles que le sel de la mer morte qui, en raison d’impuretés chimiques, peut se décomposer et perdre son goût.

Vous êtes lumière du monde

     Les disciples sont comparés au sel, mais ils sont également comparés à la lumière. Matthieu est d’ailleurs le seul des 4 évangélistes à affirmer clairement que les disciples sont la lumière du monde (Mt 5, 14). N’oublions pas que les scribes juifs et leurs disciples étaient considérés comme lumières d’Israël. Le quatrième évangile, lui, appellera Jésus la lumière du monde, ajoutant que celui qui suit Jésus aura la lumière de la vie (Jn 8, 12). Matthieu est-il si loin de Jean lorsqu’en Mt 4, 12-16, introduisant la prédication de Jésus, il cite Is 8, 23 - 9, 1a où il est dit que le peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière et que sur ceux qui demeuraient dans la région sombre de la mort, une lumière s’est levée. Au fond, l’évangéliste se trouve à présenter Jésus comme la lumière définitive, eschatologique, d’une Galilée enténébrée (cf. J.P. Meyer).  Les évangiles synoptiques ont tous les trois fait appel à l’image de la lampe et donc, de la lumière pour exprimer l’importance de placer la lumière à un endroit où elle peut jouer son rôle. À quoi servirait-il d’avoir une lampe si on la recouvre d’un boisseau (le récipient qui sert à mesurer le blé) ou si on la place sous un lit (Mt 5, 15; Mc 4, 21s ; Lc 8, 16 ; 11, 33). 

     Dans ce contexte des images du sel et de la lumière, Matthieu a inséré une troisième image, celle de la ville située sur une haute montage qui ne peut pas être cachée aux yeux des gens. La mission des disciples sera portée à la connaissance du monde à la manière d’une ville perchée au sommet d’un mont, qui ne peut être cachée.  Comment être fidèles au message de Mt 5, 13 -16 situé dans le contexte de la charte du « Royaume des Cieux » que sont les Béatitudes (Mt 5, 3-12) ? Il nous faut tenir que les disciples de Jésus, par leurs bonnes œuvres, c’est-à-dire par leurs vies vécues dans l’esprit des béatitudes, sont

  • sel de la terre, donnant goût à la vie en ce monde, protégeant ce monde de la décomposition, demeurant fidèle à son alliance avec Dieu;
  • lumière du monde, dans la suite et la puissance de ce Jésus qui s’est dit lumière du monde, offrant donc la possibilité de bien discerner d’où nous venons comme personnes humaines, où et comment nous cheminons et où nous allons;
  • ville située sur une montagne qui peut être vue de loin, qui a un rayonnement d’une ampleur tout à fait étonnante.

Ta justice marchera devant toi (Isaïe 58, 7-10)

     J’écoute Louis Monloubou décrire l’homme, la femme des béatitudes comme une personne qui fait face à l’injustice « avec une douceur, un désir obstiné de justice, une compréhension que cette personne a de la proximité d’un royaume déjà ouvert à son attente, de la merveille d’une récompense désormais assurée dans les cieux ». Sommes-nous si loin de la personne qu’Isaïe 58, 7-10 nous invite à devenir ?  Et, de cette personne si sensible à son frère, à sa sœur dans le besoin, Isaïe nous dit qu’elle illumine comme l’aurore, comme la lumière de midi, lorsqu’elle rencontre les ténèbres.

Le témoignage de Paul (1 Corinthiens 2, 1-5)

     Le Paul qui se présente ici, à la communauté de Corinthe (1 Co 2, 1-5) est sel de la terre, lumière du monde, ville située sur le sommet d’une montagne. Mais comment est-il tout cela ?  Par son éloquence prestigieuse ? Par sa sagesse humaine convaincante? Absolument pas. Je me présente à vous, dit Paul, dans la faiblesse, craintif et tout tremblant. Le Messie que je vous présente est un crucifié. Dans ma proclamation, c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestent. Mon désir le plus profond, c’est que votre foi ne se repose pas sur ma sagesse, mais sur la puissance de Dieu.

 

Lorraine Caza, CND

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2390. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Voir enfin la lumière!