INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant

Imprimer

3e dimanche ordinaire A - 26 janvier 2014

 

Une lumière bouleversante

 

Première prédication de Jésus : Matthieu 4, 12-23
Autres lectures : Isaïe 8, 23b - 9, 3; Psaume 26(27); 1 Corinthiens 1, 10-13.17


Tout au long de son histoire, la nation sainte, Israël, a connu son lot d’infidélité à l’alliance conclue avec le Seigneur. Devant les menaces humaines, elle n'a pas toujours fait preuve de confiance au Très-Haut. Isaïe a été le prophète de la fidélité : fidélité de Dieu envers son peuple, et rappel des engagements non tenus de ce dernier envers son Dieu.  La première lecture (Is 8, 23b – 9,3) se situe dans un tel contexte. Le jeune roi de Juda, Achaz, au lieu de prier et de se confier à Yahvé, va faire un calcul politique basé sur des considérations purement humaines. Il va s'allier aux Assyriens pour contrer les attaques de ses ennemis, Israël et Damas. Les Assyriens vont saccager Israël et exerce une domination politique sur Juda. Devant le désespoir de ses compatriotes, le prophète va rappeler la fidélité de Yahvé qui est toujours là pour consoler son partenaire dans l'Alliance. Un homme descendant de David, le Messie, va apparaître et apporter la paix au milieu de cette période troublée.

Le Seigneur sauve

     Dans le Nouveau Testament, la prophétie d'Isaïe, va se réaliser. Mais le Messie annoncé aurait certainement dépassé les espérances du prophète. Ce n'est pas uniquement un être humain qui va sauver le peuple élu. C'est Dieu lui-même qui vient à la rencontre d'Israël et qui va sauver le peuple opprimé. Et cette rencontre se fera dans la personne de Jésus, le Fils divin qui a pris la condition humaine. Et le salut apporté par le Christ ne se limitera pas aux frontières d'Israël.

     La première lecture de cette célébration laisse entrevoir le dépassement de cette limite, car la lumière devant éclairer Israël allait apparaître en Galilée, le carrefour des nations. Cette région n’avait pas une bonne réputation aux yeux des Israélites. La Galilée, à l'époque de Jésus, avait connu des guerres, des invasions et des immigrations forcées. Plusieurs descendants d'Abraham avaient joint leur destinée à des membres d'autres ethnies. Il faut se rappeler que, selon la conception juive de l'époque, seul les descendants d'Abraham peuvent être sauvés par Yahvé. Établir une descendance avec une personne qui n'est pas reliée par le sang avec le père des croyants était inconcevable et inadmissible. D'ailleurs les évangiles renferment les traces de ce mépris: Que peut-il donc sortir de bon de la Galilée!

     On n’échappe malheureusement pas à ces clivages récurrents. Par exemple, les habitants d’un bidonville du tiers-monde seraient probablement méprisés s'ils avaient l'audace de fréquenter des lieux publics ou de pénétrer dans une église fréquentés par des gens d’un rang social plus élevé. Certains groupes chrétiens ayant des temples très modestes critiquent parfois des communautés chrétiennes dont les édifices religieux sont richement décorés. L'attitude de Jésus qui a débuté son ministère dans une région peu estimée devrait inspirer un surcroît de tolérance et de respect, notamment chez les chrétiens.

Le salut est offert à tous

     La prophétie d'Isaïe se réalisera et la lumière sera éclatante. Jésus Christ, le Fils du Dieu vivant, annoncera une Bonne Nouvelle qui éclairera l'existence des gens qui le suivront. En débutant son ministère en Galilée, Jésus signale sa volonté de dépasser la conception étroite du salut. Le salut n'est pas seulement destiné aux descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, aux seuls membres du peuple de l’alliance. Il est offert à toute personne qui écoute son message et se convertit.

     Jésus établit donc un nouveau régime spirituel. Tout au long de son ministère,  Jésus va poursuivre sur cette lancée en s'adressant souvent à des étrangers qu’il n’était pas recommandé de fréquenter de trop près : comme le centurion romain ou la samaritaine. Il fera même de Matthieu, un de ses disciples, lui le collecteur d'impôt pour le compte de l’occupant romain. L'élite religieuse chargée de conserver l’authentique tradition aura de la difficulté à entrer dans cette nouvelle économie du salut inaugurée par Jésus. Elle multipliera les embûches et les controverses pour le discréditer et l'éliminer. La croix deviendra donc le destin du Sauveur.

Le chemin du salut

     La conversion proposée par Jésus consiste à transformer un cœur de pierre en un cœur de chair. La conscience de chaque individu, éclairée par la Parole du Christ, peut, s'orienter vers la pratique de l'amour de Dieu et du prochain. C’est habités par l’Esprit Saint que les disciples de Jésus pourront de génération en génération aimer sans mesure comme le Sauveur. Le Christ calme aussi l'angoisse la plus profonde du cœur humain : la peur de la mort. Désormais, l'être humain qui croit au Christ et marche à sa suite, vit dans l’espérance d’entrer dans le monde nouveau où Dieu règne, une fois achevé son périple terrestre.

Le choix des collaborateurs

     Dans notre passage d’évangile, Jésus pose un autre geste qui montre la nouveauté du salut. Jésus ne s’entoure pas de docteurs de la loi et d'érudits qui auraient pu apporter leurs connaissances scripturaires pour appuyer sa réforme. Jésus a plutôt choisi comme premiers apôtres des travailleurs manuels, des pêcheurs, qui n'avaient pas reçu d'éducation religieuse de haut calibre. En plus, ce sont des Galiléens, des gens d'origine modeste. Jésus a besoin avant tout d'hommes et de femmes qui sont prêts à s'investir dans une relation personnelle avec lui. La disponibilité de Pierre et d’André, de Jacques et de Jean qui abandonnent tout de go leur métier pour suivre le Maître, démontre la volonté de ces premiers apôtres à nouer des liens d'amitié avec le Sauveur. Dans le cas de Jacques et de Jean, le choix de suivre Jésus apparaît très radical. En plus d'abandonner leur travail, ils délaissent leur père dans la barque. Ce geste inaugure la déclaration de Jésus qui affirme qu'il faut le préférer à sa famille et ses amis pour devenir « pêcheurs d'hommes ».

     Il faut remarquer que dans certains cas, la conversion est souvent liée à la rapidité du choix. Les tergiversations du jeune homme riche qui refuse de partager ses richesses pour suivre le Maître illustrent ce point. Plusieurs baptisés qui ont hésité avant de se convertir peuvent, devant ces exemples du Nouveau Testament, douter de l'authenticité de leur adhésion au Christ. Ils oublient que l'essentiel reste la conversion peu importe la vitesse de la démarche qui précède.

     Paul, dans la seconde lecture (1 Corinthiens 1, 10-13.17), fait face à des chrétiens et des chrétiennes qui semblent avoir perdu de vue l'essentiel. Au lieu de s'attacher au Christ, ils ont développé un fort attachement à l’un ou l’autre prédicateur de la Bonne Nouvelle du Christ. Paul reconnaît qu'il fait lui-même partie de ses prédicateurs. Il s'en désole et il rappelle aux chrétiens de Corinthe que c’est avec le Christ qu'ils doivent créer des rapports spirituels privilégiés, et non pas avec ses représentants. Crucifié et ressuscité, Jésus est le seul fondateur de la Nouvelle Alliance et, près de son Père, il est le seul Sauveur qui donne l'Esprit qui crée l'unité. Divisés, les Corinthiens doivent donc désormais se rallier autour de Jésus-Christ pour vivre dans l’unité voulue par Jésus Christ.

     Malheureusement les travers du passé sont encore présents aujourd'hui. Des baptisés méprisent d'autres baptisés. Plusieurs croyants et croyantes estiment démesurément le responsable de leur communauté. La seule solution à ces problèmes est de développer une intimité de plus en plus profonde avec le Christ, le Dieu Vivant. Il faut le prier, écouter et intégrer sa Parole, mettre en pratique ses enseignements. Ainsi l'unité, l'amour et l'harmonie seront de plus en plus présents dans chaque communauté chrétienne.

 

Benoît Lambert, bibliste

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2388. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Paroles d'experts