L'Esprit : un allié de taille !
Le Paraclet, Jésus et le Père viendront vers ceux qui aiment Jésus : Jean 14, 15-16.23-26
Autres lectures : Actes 2, 1-11; Psaume 103(104); Romains 8, 8-17
La Pentecôte est la grande fête annuelle de l’Esprit Saint. L’Église fait mémoire du don que le Christ ressuscité a fait de son souffle de vie. Aussi, il ne faut pas s’étonner que l’Esprit occupe une place de premier choix dans le passage retenu comme lecture évangélique. Le récit se situe au cours du dernier repas de Jésus. Celui-ci vient de laver les pieds de ses disciples et de les inviter au service mutuel.
Dans le passage lu en ce dimanche, Jésus fait référence à l’Esprit en utilisant trois expressions : « le Défenseur », « l’Esprit de vérité » et « l’Esprit Saint ». À chacune de ces appellations, on peut associer certaines particularités.
Le Défenseur
Certaines Bibles traduisent ce terme par Paraclet, une simple transposition du mot grec utilisé dans le texte original. Ce choix se justifie dans la mesure où le mot Paraclet peut, selon le contexte, avoir un sens quelque peu différent. La traduction liturgique a opté pour « Défenseur », qui renvoie au domaine juridique. En effet, Paraclet peut désigner celui qui soutient une personne qui comparait devant un tribunal. Il lui apporte son aide, le conseille et l’aide à se défendre. En d’autres circonstances, le même mot évoque celui qui console quelqu’un ou qui intercède pour lui. Ainsi, il encourage les premiers disciples du Christ à tenir bon dans l’adversité. Dans les pages sportives de nos journaux, « défenseur » a un sens bien particulier, mais ça, c’est une autre histoire…
Quoi qu’il en soit, dans le récit de Jean lu à la Pentecôte cette année, le Défenseur est envoyé par le Père, à la demande du Christ (v. 16). L’évangéliste souligne ainsi le lien indissociable entre le Père, le Fils et le Défenseur. Celui-ci permettra au Christ de demeurer présent auprès des siens malgré son absence physique. Et contrairement à l’être de chair et d’os que fut Jésus de Nazareth du temps de son passage sur terre, le Défenseur « sera pour toujours avec » les disciples. On n’est plus dans l’ordre du palpable et du vérifiable par les sens, mais dans la sphère de l’intimité spirituelle.
Le texte de Jean précise bien qu’il s’agira « d’un autre Défenseur », soulignant ainsi qu’un premier Défenseur est déjà intervenu. Il s’agit vraisemblablement de Jésus lui-même qui, du temps de son existence terrestre, a soutenu ses disciples, les appuyant dans leur engagement à sa suite et les préservant des menaces des adversaires et parfois même de la nature (cf. la tempête apaisée, Matthieu 8, 23-27). Sa seule présence était, pour ses amis, source de réconfort et encouragement à persévérer malgré la perspective d’épreuves et d’embûches de toutes sortes. Ainsi, même s’il est question d’un «autre Défenseur», celui-ci jouera le même rôle que Jésus et, par conséquent, prolongera sa présence parmi les siens, mais d’une manière bien différente.
L’Esprit de vérité
Le texte de Jean joint au mot «Défenseur» l’expression «l’Esprit de vérité», un synonyme ou plutôt un complément, qui met l’accent sur un aspect spécifique. En effet, «l’autre Défenseur» permettra aux disciples d’accéder à la vérité, c’est à dire à l’éclairage qui procure la juste compréhension du Christ lui-même, de sa mort et de sa résurrection. En d’autres mots, il agira à la manière du Ressuscité qui ouvre les disciples d’Emmaüs à l’intelligence des Écritures (Luc 24, 25-27.32). Et ce rôle du Défenseur ne se limite pas à ceux à qui Jésus s’adresse, ses disciples réunis autour de la table avec lui, mais à tous ceux qui suivront. Car il sera pour toujours avec vous. Aussi, lorsque nous parvenons à mieux saisir un passage des Écritures, lorsqu’un récit nous interpelle d’une nouvelle manière ou nous incite à passer à l’action, à prendre une décision déterminante, n’est-ce pas « l’Esprit de vérité » qui souffle en nous?
L’Esprit Saint
Une troisième expression apparaît au verset 26 pour désigner la même réalité : «l’Esprit Saint». Celle-là nous est plus familière : nous l’utilisons, notamment, dans la liturgie et la prière en général. Dans le texte de Jean, elle se trouve aussi associée au mot «Défenseur» et sert à mettre l’accent sur une facette de son action : L’Esprit Saint […] enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. La fonction est double ici : enseignement et mémoire. On se situe de nouveau dans le prolongement direct de Jésus lui-même qui a été un maître pour ses disciples et leur a demandé d’accomplir des gestes en mémoire de lui.
L’amour: une condition essentielle
Jésus assure à ses disciples que l’Esprit leur sera envoyé. Mais pour l’accueillir, pour lui permettre de donner tous ses bienfaits, il existe une condition : aimer. C’est dans le terreau de l’amour entre le Fils, le Père et les disciples que la semence de l’Esprit pourra donner ses fruits en abondance. Aimer Jésus, c’est la façon de demeurer fidèle à ses commandements, de maintenir la relation avec lui et, par le fait même, avec son Père. À l’inverse, celui qui ne m’aime pas, dit Jésus, ne restera pas fidèle à mes paroles.
Don de la Loi, don de l’Esprit (Actes 2, 1-11)
Le dimanche de la Pentecôte est le dernier du temps pascal et, par le fait même, la dernière fois que nous lisons un passage des Actes des Apôtres avant longtemps. Le récit de la Pentecôte est bien connu, avec ses images spectaculaires du bruit, du violent coup de vent, du feu qui se partage en langues et des Apôtres qui deviennent soudainement polyglottes. Cette mise en scène sert d’abord à rappeler le don de la Loi au mont Sinaï, avec le déchainement des éléments naturels (Exode 19, 16-19). C’est dire que la Pentecôte est le don de la nouvelle loi, l’Esprit Saint. Si la loi de Moïse permettait au peuple d’Israël de se rapprocher de Dieu, l’Esprit, pour sa part, nous offre de partager l’intimité du Père, comme le souligne Jésus dans la lecture évangélique : Mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui (v. 23).
Entrer dans l’intimité du Père (Romains 8, 8-17)
La description que propose Paul du rôle de l’Esprit dans la deuxième lecture complète admirablement ce qu’en dit la lecture évangélique. L’apôtre met en opposition l’Esprit et « la chair », expression qui désigne la fragilité, la vulnérabilité inhérente à la condition humaine. Tout en nous lançant une sorte de défi – Nous n’avons pas à vivre sous l’emprise de la chair – il rappelle que nous pouvons compter sur un allié incomparable, l’Esprit. Celui-ci, en effet, nous libère de nos esclavages et de nos peurs. Et, surtout, il nous fait entrer dans la condition de fils et de filles de Dieu qui peuvent crier vers lui : Abba! Il souligne ainsi à sa façon que l’Esprit nous fait entrer dans l’intimité du Père, puisque le mot araméen abba servait aux jeunes enfants juifs de l’époque à appeler leur père, l’équivalent de notre « papa ».
Source: Le Feuillet biblique, no 2360. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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