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23e dimanche ordinaire B - 9 septembre 2012

 

C'est un vrai miracle!

Guérison d'un sourd-muet : Marc 7, 31-37
Autres lectures : Isaïe 35, 4-7a; Psaume 145(146); Jacques 2, 1-5

« C’est un vrai miracle! » On parle de miracles quand le cours naturel des choses est changé. Ça peut être une guérison inespérée, un défi aux lois de la nature ou un événement imprévu et salutaire. Mais attention, tout est dans l’interprétation! On pourrait assister au même événement et le comprendre de façons très différentes. Par exemple, lors de la guérison spontanée d’un cancer, un croyant pourrait affirmer que c’est un miracle et que ses prières ont été entendues. Par ailleurs, les médecins, en écrivant leur rapport, n’utiliseront pas ce type de langage religieux pour décrire la même réalité.

La guérison du sourd-muet

     Le premier verset de l’évangile de ce dimanche nous amène de Tyr et Sidon vers la mer de Galilée par la Décapole. Cette description géographique est assez vague, mais elle situe le récit en dehors du territoire de la terre d’Israël. Ce miracle de Jésus va se produire en terre païenne. C’est une façon pour Marc de montrer que la mission de Jésus ne s’adresse pas seulement aux Juifs.

     La guérison comme telle est opérée selon un rituel qui nous paraît assez bizarre et très peu hygiénique. D’abord, il y a une série de gestes : mettre un doigt dans les oreilles, cracher, toucher la langue. Jésus entre en contact avec les parties du corps qui ne fonctionnent pas. Nous avons affaire à un sourd-muet, alors Jésus se met en contact avec ses oreilles et sa bouche. Puis, il prononce une parole : « Ephata » qui signifie « ouvre-toi ». L’auteur de l’évangile laisse l’expression en araméen, la langue que parlait Jésus. Ce mot montre l’efficacité de la parole de Jésus. Le lecteur peut s’imaginer Jésus en train de le dire en araméen.

     Le récit se termine par un avertissement de Jésus de ne pas parler de cette guérison. Un élément typique de l’évangile de Marc appelé « secret messianique ». Pourtant, la foule en parle quand même, et ils le font avec les paroles d’Isaïe 37,5-6 (les sourds entendent et les muets parlent) un texte qui annonçait le retour de l’Exil et qui portait l’espoir du Messie.

Les miracles dans la Bible

     Les écrivains bibliques discernent la signature de Dieu dans la création et dans l'histoire. Les prodiges racontés dans la Bible veulent montrer la présence protectrice de Dieu. Par ailleurs, plusieurs récits miraculeux sont en lien avec des phénomènes naturels courants. Par exemple, dans les plaies d'Égypte, l'invasion de sauterelles n'a rien de surnaturel, mais dans ce contexte de libération, elle devient un signe de l’intervention de Dieu en faveur de son peuple. Tout est dans l’interprétation de ces phénomènes qui pour un croyant y voit l’œuvre de Dieu.

Les miracles de Jésus

     Les miracles de Jésus prennent une place importante dans les Évangiles. Lorsque comparés aux autres textes de l’Antiquité, les récits évangéliques se distinguent par une grande sobriété dans la description du merveilleux. Ils montrent que les miracles accomplis par Jésus sont le signe que Dieu agit par lui. On y retrouve beaucoup de guérisons, des exorcismes, quelques miracles de la nature et des résurrections.

Est-ce que Jésus a réellement fait des miracles?

     Les récits bibliques de miracles et de guérisons ne sont pas de simples narrations inventées de toutes pièces. Est-ce que la Bible dit vrai lorsqu’elle parle de miracles? Oui, la Bible dit vrai, mais c’est une vérité théologique. Les textes bibliques sont des interprétations religieuses qui veulent montrer comment Dieu œuvre dans l’histoire humaine. Le but des auteurs bibliques n’est pas d’écrire un procès verbal des événements, mais d’éduquer ses lecteurs à relire les événements avec foi.

     Et Jésus lui, est-ce qu’il a fait des miracles? Les évangiles nous le présentent de cette façon. Sur les 666 versets de l’Évangile de Marc, 209 traitent de miracles. C’est environ 1/3 de cet évangile. On retrouve dans le Nouveau Testament des récits de miracles provenant de sources et traditions différentes. Tous les évangiles en parlent. De plus, il y a même un non-chrétien, Flavius Josèphe 1 qui le décrit comme un «faiseur de miracles».

Y a-t-il un docteur dans la salle?

     Notons que les guérisons de Jésus sont réalisées dans un monde très différent du nôtre. À l’époque, il n’y avait pas d’hôpitaux ou de système de santé. Lorsqu’on était malade, il y avait des guérisseurs qui utilisaient à la fois des remèdes empiriques, mais aussi des incantations ou des formules magiques. En Israël, la maladie était comprise comme une punition divine. La santé était en lien avec les règles de pureté et de sainteté. Il était donc normal de faire appel à un guérisseur qui soit aussi vu comme un homme de Dieu. Jésus était un guérisseur parmi d’autres. Il n’y a rien d’exceptionnel dans le fait d’être guérisseur dans ce contexte. Ce qu’il y a de particulier, c’est que ses guérisons sont comprises comme des signes de l’avènement du Royaume de Dieu.

     Jésus a accompli des actes qui étaient compris par ses contemporains comme des miracles puisqu’ils y voyaient la puissance de Dieu. Ses gestes de guérison envers les malades sont en cohérence avec sa prédication au sujet du Royaume de Dieu. Les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. (Luc 7,22)

Et nous?

     Si être chrétien, c’est de suivre Jésus Christ, nous sommes aussi appelés à guérir comme lui. Sans nécessairement devenir thaumaturges et réaliser des miracles, nous pouvons aider ceux qui comme ce sourd-muet sont malades et exclus. Dans l’évangile, Jésus prend le temps d’amener le sourd-muet à l’écart et d’entrer en relation avec lui en ayant un contact physique avec ses oreilles et sa langue. Lorsqu’on rencontre quelqu’un qui souffre, exclu de la communauté ou enfermé sur lui-même, prenons le temps de le rencontrer pour de vrai. Qui sait, peut-être qu’il y aura un miracle et qu’on pourra être au cœur d’une guérison? Si elle n’est pas physique, elle pourra être spirituelle.

     Ephata, ouvre-toi! Cette expression est un appel à l’ouverture : à Dieu, aux autres et à soi-même. Sortons de nos façons de penser centrées sur soi et ouvrons-nous aux autres.

     On pourrait relire notre évangile de façon symbolique en se disant que le lecteur est invité à son tour à sortir de sa surdité et de son mutisme en écoutant la Bonne Nouvelle pour pouvoir en témoigner par la suite.

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1 Flavius Josèphe est un historien juif qui écrivait pour les Romains. Antiquités judaïques (18, 63).

 

Sébastien Doane, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2324. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Du bon usage de la Loi