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3e dimanche ordinaire B - 22 janvier 2012

 

 

Accueillir la Bonne Nouvelle de Dieu

Première prédication de Jésus : Marc 1, 14-20
Autres lectures : Jonas 3, 1-5.10; Psaume 24(25); 1 Corinthiens 7, 29-31

 

Dimanche dernier, nous avons fait un détour du côté de l’Évangile selon saint Jean pour y lire le récit de l’appel des trois premiers disciples (Jn 1,35-42). Aujourd’hui, nous reprenons notre lecture suivie de l’Évangile selon saint Marc, l’évangéliste de l’année liturgique B. Après avoir raconté le ministère de Jean Baptiste (Mc 1, 2-8, que nous avons lu au 2ème dimanche de l’Avent), le baptême de Jésus par Jean (1, 9-11, lu à la fête du baptême du Seigneur), puis les tentations de Jésus au désert (1, 12-13, que nous lirons lors du 1er dimanche de Carême), Marc nous ramène en Galilée. Là, Jésus commence son ministère après l’arrestation de Jean Baptiste (1,14). Ce ministère consiste en une proclamation de la Bonne Nouvelle de Dieu (1,14).

La nouveauté de Jésus

     Dans cette affirmation de saint Marc, on sent déjà la radicale nouveauté de Jésus et de son message par rapport aux prophètes de l’Ancien Testament. Ceux-ci annonçaient la venue prochaine d’un jour du Seigneur. Mais ils en parlaient comme d’un jour de jugement et de colère. Pensons à la proclamation faite par Jonas à Ninive dans la première lecture de ce dimanche : Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! (Jon 3,4) On peut encore citer le prophète Sophonie : Il est proche, le grand jour du Seigneur, il est proche, il vient en grande hâte. On criera amèrement au jour du Seigneur, le brave lui-même appellera au secours. Jour de fureur que ce jour, jour de détresse et d’angoisse, jour de désastre et de désolation, jour de ténèbres et d’obscurité, jour de nuée et de sombres nuages (So 1,14-15, TOB).

     Jésus, lui, fait plutôt une proclamation joyeuse. Il annonce une « Bonne Nouvelle », qui vient de Dieu : Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche (Mc 1,15a). Le temps où commence la proclamation du règne de Dieu par Jésus « est celui de l’accomplissement d’un moment propice, favorable, lorsque le Règne de Dieu s’est rapproché. […] L’atmosphère créée au début de Marc n’est pas celle d’une annonce de jugement, mais bien de l’heureuse annonce du Règne de Dieu. » 1

     Avant de lire plus loin, il importe de vérifier au fond de nos cœurs quel effet cette parole produit en nous. Près d’un mois après la fête de Noël, Dieu nous convie à nouveau à sa joie. À l’écoute de cette Bonne Nouvelle, nous redécouvrons que Jésus, Christ et Fils de Dieu, est celui qui continue d’accomplir en nous ce moment favorable. Dans la mesure où nous laissons Jésus ressuscité se faire proche de nous, le règne de Dieu devient tout proche et suscite en nous la joie. Pour que cela soit possible, il importe de faire de la place à Jésus qui vient chez nous. D’où la suite de la proclamation de Jésus dans l’Évangile : Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. (1,15b) Comme Dieu l’a fait avec Abram (Gn 12,1-3), Jésus invite d’abord « à se convertir, c’est-à-dire à rompre avec le passé et adopter un comportement nouveau, changer ce qu’il faut pour devenir “apte à recevoir l’annonce et à la reconnaître comme heureuse” (Delorme, “L’évangile structuré,” 43). » 2 Cette rupture créera l’espace du cœur qui rendra possible la foi, l’accueil de la Bonne Nouvelle.

     Comme une image vaut mille mots, Marc ne fait pas que citer les paroles de Jésus. Immédiatement après la synthèse de l’enseignement de Jésus du verset 15, l’évangéliste montre comment cette parole, cette heureuse annonce, a été accueillie par les premiers disciples.

La puissance d’un appel

     Le lecteur assidu des évangiles du dimanche sera d’abord étonné par la différence entre le récit de Jean, lu la semaine dernière, et celui de Marc, que nous lisons cette semaine. Les premiers disciples de Jésus sont-ils d’anciens disciples de Jean Baptiste qui, à son invitation, suivent Jésus, voient où il demeure et vont chercher d’autres disciples (version de Jean) ? Ou bien sont-ils ces quatre pêcheurs, que Jésus croise au bord du lac de Galilée et qui, contre toute attente, abandonnent leur métier pour suivre cet inconnu qui passe (version de Marc) ? La différence entre ces récits indique bien que la vérité des évangiles ne se situe pas d’abord au niveau de l’anecdote historique, mais bien dans la signification profonde des événements. Chaque évangéliste, avec sa couleur propre, nous révèle un aspect de cette vérité théologique. Au-delà de l’enquête historique, tâchons donc de saisir la théologie de Marc qui se dessine dans son récit de l’appel des premiers disciples.

     Contrairement aux rabbins de son époque, Jésus n’attend pas que ses disciples le trouvent. Il se fait proche, il vient lui-même les chercher dans leur lieu de travail quotidien. En homme qui a autorité, il les voit et les choisit : Venez derrière moi. (Mc 1,17) Et Marc d’ajouter : Aussitôt, […] ils le suivirent. (1,18) Réaction surprenante, qui montre bien la puissance de l’appel de Jésus ! Après Simon et son frère André (1,16) l’histoire se répète avec deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean (1,19). Chez eux aussi, même réaction : Ils partirent derrière lui. (1,20)

     L’appel lancé par Jésus à ces quatre hommes conjugue rupture et continuité. Rupture : les premiers abandonnent leurs filets tandis que les seconds laissent dans la barque leur père avec ses ouvriers (1,20). Continuité : ils abandonnent leur métier de pêcheurs pour un nouveau travail qui a des affinités avec le premier : Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes (1,16). Continuité : ils abandonnent leur famille, mais ils forment une nouvelle famille, spirituelle celle-là, autour de celui qu’ils suivent : ce n’est pas par hasard que Jésus appelle deux fois deux frères. Dans le reste de l’évangile de Marc, Jésus n’agira pas sans ses disciples. Au moment de l’envoi des Douze en mission (6,7-13), le narrateur fera une pause pour raconter le sort de Jean Baptiste (6,14-29), histoire de laisser aux Douze le temps d’accomplir leur mission. Une fois que les apôtres se réunissent auprès de Jésus (6,30), le narrateur reprend le fil de son récit. « Dans la suite du récit, Jésus ne se retrouvera seul qu’à la Passion, mais ce sera suite à la défection des disciples (14,50). » 3

La fondation d’une nouvelle famille

     Ainsi, par ce quadruple appel, Jésus montre bien qu’il veut faire de la communauté des disciples une grande famille. Or, dans cette famille spirituelle, il y a de la place pour tous : les pauvres et les riches. Quand Jésus les voitSimon et son frère André [sont] en train de jeter leurs filets (1,16) ou, comme le traduit la Bible de Jérusalem, « jetaient l’épervier », un filet qu’on lance en étant immergé dans l’eau peu profonde. Les deux premiers pêcheurs, Simon et André, ne semblent donc pas avoir de bateau : ils doivent se contenter de lancer l’épervier. Ce sont des pauvres. Les deux autres sont plus fortunés. Ils pêchent dans un bateau avec leur père et des ouvriers : une véritable p.m.e. !

     André et Simon, Jacques et Jean nous enseignent comment accueillir la Bonne Nouvelle : il s’agit de se mettre en route à la suite de Jésus. Cela exige une rupture, une conversion. En retour, nous entrons dans une vaste famille ouverte à tous, où rayonne la joie qui brille sur le visage du Christ. Oserons-nous prendre à nouveau le chemin du repentir et de la foi ?

___________________

1 Camille Focant, L'évangile selon Marc (Commentaire biblique :Nouveau Testament, 2), Paris, Cerf, 2004, p. 78.

2 Focant, L'Évangile selon Marc, p. 78.

3 Focant, L'Évangile selon Marc, p. 82.

 

Yvan Mathieu, SM

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2300. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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