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4e dimanche ordinaire A - 30 janvier 2011

 

 

Une échelle de bonheur

Le sermon sur la montagne : introduction : Matthieu 5, 1-12
Autres lectures : Sophonie 2, 3; 3, 12-13; Psaume 145(146); 1 Corinthiens 1, 26-31

 

L'Évangile de ce dimanche propose une manière de vivre qui contraste passablement avec la façon contemporaine de gérer son quotidien. Le Christ propose des valeurs qui, selon lui, mènent au bonheur éternel. Selon l'interprétation de différentes familles chrétiennes, certaines valeurs chrétiennes sont plus importantes que d'autres. Cette inégalité structure ce que les scientifiques d'aujourd'hui appellent une échelle de valeurs.

L'impopularité de l'échelle chrétienne

     Dans la première lecture de cette célébration il faut constater que l'impopularité de l'échelle de valeurs proposée par Dieu ne date pas d'hier. Dans l'Ancien Testament, les gens préféraient écouter déjà les échos égoïstes de leur esprit. L'argent, la gloire et le pouvoir qui domine étaient ce que la majorité du peuple d'Israël recherchait. Le prophète Sophonie déplore ce fait et affirme que Yahvé va désormais se concentrer sur un petit reste de la nation sainte qui semble plus favorable à adopter les vues du Très-Haut. Cette perspective se traduit par les valeurs suivantes : l'humilité, le respect des plus faibles, la justice, la vérité et l'altruisme. Dans la seconde lecture, Paul souligne cette impopularité en juxtaposant des réalités extrêmes. Dans la vision divine, les érudits qui dominent les ignorants par leur savoir ne sont pas les enfants que le Dieu de Jésus est porté à privilégier. Ce sont plutôt les gens ayant peu de connaissances humaines qui sont les plus disposés à laisser Dieu occuper la place centrale dans leur vie car ils n'ont pas la science pour s'opposer à l'action de l'Esprit dans leur cœur.

Le choix de Dieu

Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi
pour couvrir de confusion les sages;
ce qu’il y a de faible dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi
pour couvrir de confusion ce qui est fort;
ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde,
ce qui n’est rien,
voilà ce que Dieu a choisi
pour détruire ce qui est quelque chose,
afin que personne ne puisse s’enorgueillir devant Dieu.

(1 Corinthiens 1, 27-29)

Une échelle

     L'image de l'échelle est très éloquente. D'abord, elle indique une action de déplacement de bas en haut et vice versa. Depuis belle lurette, les êtres humains considèrent que la divinité habite dans les hauteurs. En grimpant l'échelle proposée par le Christ, les personnes se dirigent donc vers le Royaume céleste. L'image de l'échelle présente la notion de degré. En effet, Jésus a un dernier degré dans son échelle de valeurs : la charité. Cette valeur est la barre la plus élevée dans la hiérarchie qu'il propose dans les Béatitudes, un des sommets des textes évangéliques présenté aujourd'hui. Il y a aussi d'autres valeurs dans cette gradation : justice, pureté, paix, pardon, persévérance. Les différentes familles chrétiennes partagent toutes ces valeurs. Mais elles les disposent et les colorent différemment selon leur sensibilité. L'aspect social du christianisme sera primordial selon certains groupes tandis que d'autres les regarderont sous un éclairage plus individuel.

La persécution

     En concluant les Béatitudes, Jésus soulève un point important : l'intolérance des gens  qui ont rejeté l'échelle chrétienne des valeurs. En effet, les gens qui militent pour la justice, la paix, la compassion pour les plus démunis dérangent le confort des gens qui ont opté pour le pouvoir, l'argent et la gloire. Plusieurs rédacteurs du Nouveau Testament soulignent la difficulté d'harmoniser les orientations chrétiennes et les orientations du monde. Plusieurs y voient même une farouche opposition. Jésus aborde cette question en rassurant ses disciples. Cette persécution aura des conséquences positives pour les fils et les filles du Père. Ils auront une récompense éternelle : une place dans le Royaume des cieux. Cette Bonne Nouvelle devrait les inciter à faire preuve de ténacité devant l'adversaire. Dans une société moderne dominée par la raison scientifique qui approuve les choses qui peuvent être démontrées et expliquées, la moquerie, l'humour sarcastique sont là pour dévaloriser les réalités de la foi.  La naissance virginale du Sauveur, ses miracles, sa résurrection, l'existence des anges sont considérés comme des contes pour des êtres immatures. La persécution continue donc maintenant sous une forme très insidieuse. Les enfants de Dieu sont donc encore invités après deux mille ans à écouter la dernière Béatitude de ce texte et à se réjouir du prix qui les attend à la fin de leur montée vers l'au-delà.


Les Béatitudes et le choix de saint Jérôme


     Le titre traditionnel attribué à cette Bonne Nouvelle, Béatitudes, proviendrait de la traduction latine de la Bible faite par un des pères latins de l'Église, saint Jérôme. Il a traduit ce texte en commençant chaque verset du texte par « Beati sunt » ce qui signifie « Béni soit » ou « Heureux soit ». Ce texte se retrouve à l'honneur dans la liturgie élaborée par Jean Chrysostome et donc très utilisé dans l'Église orthodoxe qui suit cette liturgie.

 

Benoît Lambert

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2258. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Le carrefour des païens