L'Esprit de Jésus nous est donné
Le Paraclet, Jésus et le Père viendront vers ceux qui aiment Jésus : Jean 14, 15-16.23-26
Autres lectures : Actes 2, 1-11; Psaume 103(104); Romains 8, 8-17
Les trois lectures de la fête de la Pentecôte permettent de mieux saisir l’œuvre de l’Esprit dans chacune de nos vies et dans celle de la communauté ecclésiale. Aujourd’hui, comme hier, l’Esprit d’amour entre le Père et le Fils est à l’œuvre et nous aide pour que nous soyons des filles et des fils aimants.
L’Esprit Saint, comment agit-il dans les cœurs? Est-ce de façon foudroyante, impérieuse, dominatrice, bousculant la liberté humaine? Les textes évoquent un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent (Actes 2, 2), une sorte de feu qui se partageait en langues (v. 3). L’évangéliste Jean dit aussi: L’Esprit souffle où il veut; tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va (Jean 3, 8). Comme on le constate, les auteurs utilisent des phénomènes extérieurs pour favoriser la découverte du sens intérieur des événements. Ainsi, les symboles du vent, du feu, du souffle suggèrent liberté, irradiation, dynamisme. Effectivement, l’Esprit emprunte différents chemins, et souvent, il intervient avec une infinie et discrète douceur, et toujours il agit de façon mystérieuse. Il surgit dans notre conscience, notre vie intérieure et spirituelle pour façonner l’unité, rassembler les gens de toutes nations, langues et races, pour libérer les cœurs et les consciences de ce qui étouffe, déshumanise et désespère.
Le Défenseur, l’Esprit de vérité
Au moment où Jean écrit, les disciples ont vécu la mort douloureuse et scandaleuse de Jésus et ils ont progressé dans la découverte du Ressuscité, devenant des témoins, grâce à l‘action de l‘Esprit en eux. D‘un autre côté, les communautés chrétiennes naissantes connaissent la persécution. Dans un tel contexte, l’Esprit, source intarissable de courage, de réconfort, de fidélité, soutient dans la souffrance inévitable, permet d’aller au-delà des possibilités humaines, inspire les paroles justes au croyant confronté aux difficultés, voire persécuté. Bien que certains seraient inclinés à penser différemment, il faut bien saisir que l’Esprit n’épargne pas les croyants ni des difficultés ni des épreuves, mais il est là, présent, pour tenir compagnie à ceux et celles qui ploient sous les fardeaux.
En plus d’être le Défenseur, proche des malheureux, le Souffle est Esprit de vérité. En nos esprits et nos cœurs, il ne cesse de nous éclairer, d’ouvrir nos yeux sur ce que nous vivons de jour en jour, sur le parcours que nous effectuons, le mouvement qui nous habite et nous porte vers l’avant, cela s’effectuant parfois dans la lumière, et parfois dans les ténèbres.
L’Esprit, interprète du Christ
L’Esprit Saint est celui qui réactive la mémoire de Jésus: ses paroles, son agir pour les esseulés, les sans-voix, les pauvres de toutes catégories; celui qui comme Jésus avec les disciples d’Emmaüs, nous explique les enseignements de Jésus, nous fait mieux comprendre la profondeur, la largeur et la hauteur du mystère insondable du Christ; celui qui nous apprend à dire d’un cœur filial à Dieu : Abba! Papa;celui qui nous donne de dire: Jésus est Seigneur! En réalité, il nous permet de garder vivant le souvenir de la bienveillance, de la miséricorde et de la tendresse de Jésus, Christ.
Dans la Bible, la vitalité de la foi s’exprime dans le souvenir des œuvres de Dieu. Les moments et les situations où Dieu, l’individu et le peuple sont appelés à se souvenir sont nombreux. Il y a l’alliance de Dieu et ses promesses (Ps 111/110, 5, aussi 74/73, 2; 106/105, 4; Luc 1, 72, etc.); le passage de l’Égypte à la Terre promise (Exode 12, 14;13, 3); Deutéronome 5, 15); l’événement de la croix et de la résurrection (Luc 22, 19).
On aura aussi noté la reprise du mot aimer, soit quatre fois, comme si Jésus nous suppliait de voir que dans l‘amour réside l‘essentiel. Jésus, dans un amour incarné, est allé jusqu’au bout de sa vie, dans une attitude de service fraternel. Depuis le départ du Ressuscité, c’est l’Esprit, divin interprète, qui introduit désormais au Christ, à l’amour trinitaire, nous communiquant cet amour et aiguisant notre désir de vivre davantage dans l’intimité du Fils et du Père.
Vivre en compagnie de l’Esprit
Dans son discours d’adieu, Jésus demande de rester fidèle à ses commandements et à sa parole. Il invite à écouter l’Esprit en nous qui insuffle une énergie nouvelle, un élan de liberté, secouant nos mentalités, nos habitudes et nos comportements trop sclérosés. L’action de l’Esprit, non menacée par nos insuffisances et nos résistances, ne peut s’arrêter: il travaille sans cesse en nos cœurs. Tel fut le cas pour les premiers disciples qui, de peureux qu’ils étaient, devinrent des témoins de feu qui se jetèrent sur la place publique; pour Paul, l’impétueux et orgueilleux pharisien, qui, touché et saisi par l’amour de Jésus, fonde de nombreuses communautés chrétiennes; pour tous ces chrétiens, connus et anonymes, qui, à travers les âges, se sont engagés à vivre du message du Christ et dans son intimité.
Dans l’aujourd’hui de nos vies, que fait l’Esprit si nous nous laissons conduire par lui? Pour voir les traces de ses visites, pourquoi ne pas se souvenir de l’impulsion qu’Il a provoquée le jour de cette rencontre déterminante avec une personne, témoin de sa foi, ou d’une personne écoutante, compatissante qui a su toucher le cœur et poser les gestes qui font revivre? Pour certaines personnes, ce sera une prière festive, une célébration signifiante de la communauté chrétienne; pour d’autres, une décision audacieuse, une souffrance, un doute qui, avec le temps, se transforme en confiance, en force renouvelée; une conscience plus aiguë des conditions de vie des malheureux et des déshérités et un engagement auprès d’eux. Cette trame d’événements aura été un jaillissement de libération et de fécondité. Que ce rappel permette de situer, sur la ligne du temps, la présence vivante de l’Esprit dans notre vie et de poursuivre avec espérance, dans la créativité et dans la joie! La mémoire de ces moments précieux ouvrira notre cœur à la reconnaissance et à l’émerveillement.
Source: Le Feuillet biblique, no 2231. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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