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Dimanche de la Pentecôte B - 31 mai 2009

 

 

Il vous guidera

La haine du monde pour Jésus et ses disciples: Jean 15, 26-27; 16, 12-15
Autres lectures : Actes 2, 1-11 ; Psaume 103(104) ; Galates 5, 16-25

    

Toutes les époques ont eu leurs grands interprètes de la foi chrétienne. Depuis les Pères de l’Église, jusqu’à Olivier Clément, en passant par Hildegarde de Bingen, Jean de la Croix, Thomas d’Aquin et bien d’autres. Qu’est-ce qui a bien pu pousser tous ces croyants et croyantes à consacrer tant de temps et d’énergie à réfléchir, écrire et prêcher sur le Christ et son Évangile ? L’appât du gain ? La renommée ? La satisfaction personnelle ? Le pouvoir ? Aucune de ces réponses, sans doute… Bien sûr, chacun et chacune avait ses motivations propres. Mais on peut soupçonner que tous et toutes étaient habités d’une soif de toujours mieux comprendre la révélation et en vivre. N’est-ce pas ici un signe parmi d’autres du travail de l’Esprit tel que Jésus l’annonce à ses disciples dans l’évangile de la Pentecôte cette année ? Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. N’est-ce pas ce guide qu’ont suivi, et que suivent encore, tant de théologiens et de théologiennes au long des siècles ?

En recherche

     Évitons cependant de croire que l’Esprit n’agit qu’en faveur des théologiens et théologiennes. Les paroles que l’évangéliste prête à Jésus s’adressent à toute personne qui adhère au Christ et à sa parole. La quête de la vérité n’est pas l’exclusivité des grands penseurs chrétiens et chrétiennes. Nous la cherchons aussi tous et toutes, à notre manière, et il est bon de savoir que nous pouvons compter sur un guide.

Rendre témoignage

     Ce guide, « l’Esprit de vérité », que Jean appelle aussi « le Défenseur », a pour fonction, notamment, de rendre témoignage en faveur de Jésus (15, 26). Qu’est-ce que ça peut bien signifier ? Prenons d’abord conscience que si nous-mêmes pouvons parler du Christ et dire son importance pour nous, ce n’est pas parce que nous avons entendu des voix venant du ciel. C’est plutôt parce que des croyants et des croyantes nous ont mis en contact avec lui, nous l’ont fait connaître. Des croyantes et des croyants qui, sans en être toujours vraiment conscients, ont prononcé des paroles ou posé des gestes portés par le Christ Jésus. Nous rejoignons ici ce que dit encore l’évangéliste à propos des résultats de l’action de l’Esprit : Vous aussi, vous rendrez témoignage.

     L’Esprit serait donc, entre autres, la voie insaisissable et intangible par laquelle passe le témoignage de Jésus. Un peu comme l’amour qui se transmet des parents aux enfants, puis aux petits enfants. Personne ne pourrait affirmer être la source même de l’amour qu’il ou elle dispense. On aime parce qu’on a été aimé, parce qu’on a perçu dans les paroles, les yeux, les gestes et la chaleur de l’autre quelque chose d’unique. De la même façon, l’Esprit n’est pas à l’origine du témoignage. Il vient du Père et il transmet ce que lui-même a reçu de celui-ci. C’est une façon de dire que le témoignage évangélique n’appartient à personne, tout en étant à la disposition de quiconque choisit de l’accueillir.

« Encore beaucoup de choses… »

     Certains procès fort médiatisés s’étendent parfois sur une très longue période, surtout au criminel. La liste des témoins s’allonge à n’en plus finir et leurs comparutions se multiplient. Mais on parvient toujours à compiler et à délimiter les éléments de preuve pour parvenir à un jugement. Dans le cas du témoignage de faveur de Jésus, il a beau circuler depuis deux millénaires, on n’a pas fini d’en tirer quelque chose. Peut-être que l’évangéliste Jean en avait l’intuition lorsqu’il a écrit ces paroles de Jésus : J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. Dans le même évangile, d’autres passages semblent aller dans ce sens : Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre (20, 30) ; Il y a encore beaucoup d'autres choses que Jésus a faites ; et s'il fallait rapporter chacune d'elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l'on écrirait ainsi (21, 25). L’auteur, ou plus vraisemblablement les auteurs, semblent donc bien conscients que ce qu’ils couchent sur papier les dépasse largement. Ne serait-ce pas là une manière de dire que l’Esprit est à l’œuvre ? Les paroles du Christ franchissent les barrières du temps, les frontières géographiques et les obstacles érigés par les humains.

Quand les langues se délient…
(Actes 2, 1-11)

     Le récit du don de l’Esprit dans les Actes nous est familier notamment parce que nous l’entendons chaque année à l’occasion de la Pentecôte. Ce n’est pas le cas pour les deux autres lectures et pour le psaume, qui varient d’une année à l’autre. L’épisode tel que rapporté par Luc rejoint sur au moins un point les propos de Jésus dans la lecture évangélique. L’ensemble du texte, au-delà de son caractère merveilleux, s’articule autour du témoignage chrétien. Le don des langues permet aux disciples de communiquer la Bonne Nouvelle là où ils ne l’auraient pas cru possible. La mise en scène est aussi une sorte de tour de Babel inversée. Dans la Genèse, alors que les hommes construisent un édifice pour rejoindre le ciel, Dieu sème chez eux la confusion en diversifiant les langues (11, 1-9). Lors de la Pentecôte, la Bonne Nouvelle unit les humains malgré la diversité de leur langage. Au lieu de chercher à s’élever jusqu’aux cieux, ils vont demeurer au niveau de leurs frères et sœurs afin de leur parler du Ressuscité.

Esprit de vie et de vérité
(Galates 6, 16-25)

     La deuxième lecture complète de belle façon ce qui est dit de l’Esprit dans les deux autres. Paul énumère les fruits précieux qu’il produit chez celui ou celle qui le reçoit. Le dernier verset - Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit - anticipe bien les paroles de Jésus dans la lecture évangélique : L’Esprit de vérité […] vous guidera vers la vérité toute entière.

 

Jean Grou, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2189. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Quand Dieu choisit de faire confiance