Une demeure pleine d'intimité
L'image de la vigne et des branches : Jean 15, 1-8
Autres lectures : Actes 9, 26-31; Psaume 21(22) ; 1 Jean 3, 18-24
Le partenariat entre Dieu et l’être humain n’est pas un moment transitoire qui aurait pu être symbolisé par une chambre d’hôtel ou d’ami que le voyageur occupe durant un bref instant. L’évangéliste Jean qui domine cette liturgie de la Parole dominicale illustre plutôt cette relation par l’image de la demeure, un lieu plus permanent où chaque personne exprime ce qu’elle est matériellement et affectivement par les habitudes qu’elle a développées.
Une vigne
La vigne est une image très présente dans la Bible. Elle représente Israël dans l’Ancien Testament. Dans la Bonne Nouvelle de ce dimanche, Jésus fait un déplacement dans la signification de ce symbole. Il est désormais la vigne de la Nouvelle Alliance. L’association avec la nation sainte n’a pas très bien fonctionnée. Le Père, le vigneron de la parabole proclamée durant cette célébration, a planifié une autre stratégie et, ainsi, une autre vigne, son propre Fils. L’Apôtre utilise dans ce texte le verbe « demeurer » pour exprimer la continuité et l’intimité qui existe entre le Christ, la vigne, et les gens qui en sont les sarments.
Les conditions du lien à la vigne
Toute personne qui désire habiter un lieu doit remplir certaines exigences. Elle doit d’abord payer le loyer. Ensuite elle doit faire preuve de respect envers ses voisins et envers l’espace matériel qu’elle habite. S’installer dans la nouvelle vigne ne déroge pas à cette règle. Jean indique dans la seconde lecture les deux conditions pour se greffer à l’arbre de vie. La première condition est d’avoir foi en Jésus Christ. L’évangéliste décrit ici une attitude qui dépasse la simple reconnaissance intellectuelle. Toutes les dimensions de la personne (corps et esprit) sont engagées dans cette exigence car elle doit faire confiance au Seigneur. Tout futur enfant de Dieu doit donc admettre intellectuellement une notion contradictoire qui devrait être rejetée par l’intelligence : l’existence d’un être totalement humain et totalement divin. Mais il doit aussi, et cela est plus difficile, laisser librement Jésus Christ conduire sa vie.
La seconde condition est d’aimer le prochain. L’homme et la femme qui veulent demeurer dans le Christ doivent penser prioritairement à l’intérêt de l’autre. Jean ajoute cependant dans la seconde lecture que cette préoccupation est plus qu’une simple adhésion intérieure. L’amour du prochain doit aussi se concrétiser. Le futur baptisé doit agir. Il ne doit pas seulement dénoncer l’injustice mais il doit aussi mettre la main à la pâte pour soulager la misère encore trop répandue dans nos sociétés.
Jean apporte aussi une couleur bien définie à ces commandements : la fidélité. Cette teinte rejoint parfaitement l’image de la demeure. La foi et la charité ne sont pas des produits de consommation éphémères qui peuvent être jetés après usage. Le bourgeon de la nouvelle vigne ne peut pas être intégré à un arbre aujourd’hui et se greffer à un arbre différent le lendemain. La fidélité, un lien qui dure dans le temps, enveloppe donc toute la dynamique d’intégration à l’arbrisseau qui donne de bons fruits spirituels.
Une double demeure ?
L’image de la demeure devient moins efficace lorsque Jean veut évoquer le rapport entre le Seigneur et l’être humain. Le symbole fondamental de l’évangile, la vigne, rend mieux compte de la dimension vitale, dynamique qui existe dans ce contact. Malgré tout, l’évangéliste utilise cette représentation. Le chrétien dépose ses pénates dans le Christ lorsqu’il reste fidèle à ses commandements. Mais, image plus maladroite, le Seigneur demeure aussi dans la conscience de chaque baptisé. Jean affirme que l’Esprit est la présence du Sauveur dans le cœur des hommes et des femmes. Le rôle de l’Esprit est mieux suggéré par l’image de la vigne. Il est la sève qui irrigue le sarment qui, par la suite, évoluera et produira du fruit délicieux comme le chrétien qui aime le prochain et qui, de ce fait, donne le goût de l’éternité au monde.
Un résidant contesté
La première lecture présente l’intégration difficile de l’apôtre Paul au sein de l’Église. Jadis persécuteur des membres de l’Église, le nouveau disciple ne sera pas accepté facilement par ceux-ci. Ils auront encore à l’esprit le zèle avec lequel cet homme tentait de détruire la demeure spirituelle du Christ sur la terre. Il faudra l’appui de Barnabé, un chrétien estimé par ses pairs, pour que cet intrus soit accepté dans la maison ecclésiale. Celui-ci, par la suite, fera preuve de la même ferveur qu’il avait démontrée dans le judaïsme pour sa nouvelle famille religieuse. Cette ardeur sera tellement grande à Jérusalem que les autorités chrétiennes de cette ville décideront d’envoyer le nouvel apôtre ailleurs pour éviter qu’il ne soit exécuté par ses adversaires. Paul constitue donc un exemple éloquent d’une personne qui a accepté les exigences du Seigneur pour se greffer à l’arbre de la Nouvelle Alliance. Tous les enfants de Dieu sont chanceux d’avoir un tel modèle sous les yeux.
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La demeure dans la Bible
Comme la vigne, l’image de la demeure évolue tout au long de la Bible. Au début de l’Ancien Testament, cette image fait souvent référence à des objets matériels. La présence de Dieu en Israël s’exprime dans des lieux comme l’Arche d’Alliance ou le Temple de Jérusalem. Avec l’apparition de la Loi, le symbole prend un sens moins matériel : la Sagesse qui se retrouve codifiée dans la Loi attribuée à Moïse (Sirac 24, 7-22). Dans les Évangiles, Jésus devient la nouvelle demeure de Dieu dans notre monde (Jean 1, 14). Après la résurrection du Christ, comme le montre l’Évangile de ce dimanche, l’intériorité de chaque personne devient la demeure de Dieu. En effet, l’Esprit Saint occupe le cœur des êtres humains qui suivent le Seigneur.
Source: Le Feuillet biblique, no 2186. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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