INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer

Deuxième dimanche de Pâques B - 19 avril 2009

 

 

Thomas, l'un des Douze

Jésus apparaît à ses disciples : Jean 20, 19-31
Autres lectures : Actes 4, 32-35 ; Psaume 117(118) ; 1 Jean 5, 1-6

Le quatrième évangile attache une grande importance aux disciples de Jésus. Ce mot ne désigne d’ailleurs pas toujours les mêmes personnes; il peut avoir un sens très large : les auditeurs de Jésus (cf. Jn 6, 60-61) ou beaucoup plus restreint : ses intimes (cf. Jn 13,5). Il est par contre très rare qu’on trouve mention du groupe des Douze qu’on a l’habitude d’appeler les apôtres (cf. Lc 6, 13). Ils apparaissent dans deux contextes : la finale du discours sur le pain de vie (Jn 6, 67-71) et l’apparition à Thomas (Jn 20, 24). Ces deux passages contiennent une profession de foi : celle de Pierre (Jn 6, 68-69) et celle de Thomas (Jn 20, 28). Du point de vue de Jean, il existe un lien privilégié entre la confession de la foi et ce groupe dont les membres ont été spécialement choisis par Jésus (cf. Jn 6, 70). Mais dans ce groupe se trouve aussi Judas que Jésus qualifie de diable (cf. Jn 6, 70-71) et qui va le livrer à ses ennemis. La présentation de Jean, bien que différente de celle des autres évangiles, s’accorde avec elle. Malgré la défaillance d’un de ses membres, le groupe des Douze est le fondement de la foi de l’Église.

Mon Seigneur et mon Dieu (v. 28)

     L’Évangile selon Jean est jalonné de professions de foi. On trouve celle de Jean Baptiste (Jn 1,34), celle de Nathanaël (Jn 1, 49), celle des Samaritains (Jn 4, 42), celle de Simon Pierre (Jn 6, 68-69), celle de l’aveugle guéri (Jn 9, 38), celle de Marthe (Jn 11, 27) et enfin celle de Thomas (Jn 20, 28). On peut y ajouter les trois témoignages de l’évangéliste lui-même (Jn 19, 35; 20, 31; 21, 24). L’expression la plus fréquente est Fils de Dieu (Jn 1, 34.49; 11, 27; 20, 31); on trouve aussi : le Christ (Jn 1, 27; 20, 31), le roi d’Israël (Jn 1, 49), le Sauveur du monde (Jn 4, 42), le saint de Dieu (Jn 6, 69), celui qui vient dans le monde (Jn 11, 27). Le mot Seigneur est employé au vocatif en Jn 6, 68; 9, 38 et 11, 27 mais il n’a pas la même portée que dans la déclaration de Thomas : mon Seigneur et mon Dieu (Jn 20, 28). Celle-ci demeure unique et constitue un sommet. On y entend l’écho de la parole fondamentale de l’Alliance : Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Égypte, la maison de servitude (Exode 20,2; Deutéronome 5,6).

     Par sa mort et sa résurrection Jésus est passé de ce monde au Père (cf. Jn 13, 1), il est vraiment un avec le Père (cf. Jn 10, 30) et, en le voyant, Thomas peut voir le Père (cf. Jn 14, 9-11). Ainsi s’est accomplie pleinement sa mission de faire connaître le vrai visage de Dieu : Nul n’a jamais vu Dieu; le Fils unique… lui l’a fait connaître (Jn 1, 18).

Parce que tu m’as vu, tu crois (v. 29)

     La prédication des disciples de Jésus connut assez rapidement du succès en dehors du monde juif. Dès lors un problème s’est posé : ces nouveaux croyants, qui n’ont pas connu Jésus directement, sont-ils défavorisés par rapport aux disciples de la première heure ? On trouve la trace de cette question en différents endroits (cf. Luc 24, 24; 1 Pierre 1, 8) mais la déclaration la plus claire est celle de Jésus : Heureux ceux qui croient sans avoir vu (v. 29).

     Tout au long du quatrième évangile on remarque cette tension entre voir et croire. De manière générale, Jésus se montre sévère envers ceux qui exigent des signes avant d’engager leur foi : si vous ne voyez pas des signes et des prodiges, vous ne croirez pas (Jn 4, 48; cf. aussi 6,30). C’est qu’il est lui-même le signe véritable donné par Dieu, et pourtant les Juifs, qui le voient, ne croient pas en lui (cf. Jn 6, 36).

     Malgré sa profession de foi, Thomas reçoit un blâme mitigé parce qu’il a exigé de voir et de toucher avant de croire (Jn 20, 25). Le seul cas où la vision engendre la foi est la découverte du tombeau vide par le disciple que Jésus aimait (Jn 20, 8). Mais ce qu’il voit alors, c’est qu’il n’y a rien à voir! Le corps de Jésus n’est plus là et cette absence l’ouvre au mystère de la résurrection. Enfin notons un cas où la foi est nécessaire à la vision : Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu (Jn 11, 40) dit Jésus à Marthe. Les chrétiens qui n’ont pas vu Jésus ne sont aucunement désavantagés; au contraire, leur foi, basée sur la seule parole des témoins, les ouvre au mystère de la Vie (Jn 20, 31).

Heureux ceux qui croient… (v. 29)

     Lorsque Jésus proclame heureux les yeux qui voient ce que voient ses disciples (Mt 13, 16; Lc 10, 23) c’est par comparaison avec les prophètes et les justes de l’Ancien Testament qui n’ont pas vu l’accomplissement des promesses (cf. Hébreux 11, 39-40). Par ailleurs, Marie est déclarée bienheureuse à cause de sa foi : Oui, bienheureuse celle qui a cru à l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur (Lc 1, 45). Elle devient ainsi un modèle pour tous les croyants dont la foi repose sur l’écoute de la Parole plutôt que sur le témoignage des sens.

La paix soit avec vous (vv. 19.21.26)

     Dans le discours après la Cène, Jésus associe la venue de l’Esprit et le don de la paix (Jn 14, 26-27). Après sa résurrection, alors qu’il est déjà passé auprès du Père (cf. Jn 14, 28; 20, 17), il réalise cette promesse. L’Esprit vient sur les disciples pour qu’ils puissent accomplir leur mission comme il  l’a fait pour Jésus lui-même (cf. Jn 1, 32). Il réactualisera pour eux tout l’enseignement de Jésus (Jn 14, 26). Ils pourront trouver en lui la paix véritable, malgré l’hostilité du monde (cf. Jn 16, 33).

     La promesse de la paix s’accompagne de celle de la joie (cf. Jn 15, 11; 16, 20-24). Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur (v. 20), non pas parce qu’ils pourraient reprendre avec Jésus les mêmes relations qu’avant sa passion mais parce que Jésus est maintenant dans le monde de Dieu (Jn 14, 28) et que la vie avec lui repose désormais sur la foi (Jn 14, 29).

     Dans cette manifestation du Ressuscité se réalisent les promesses que Jésus avait faites avant sa mort, souvent d’une manière mystérieuse. La venue de l’Esprit permet aux disciples de comprendre plus pleinement la portée des paroles et des actes de Jésus (cf. Jn 16, 14-15).

L'Esprit est la vérité (1 Jn 5, 6)

     Quand il viendra, lui, l’Esprit de Vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière (Jn 16, 13). Le don de l’Esprit aux apôtres et, par la suite, aux autres croyants, est le témoignage par excellence. Par leur vie dans l’amour et dans la fidélité (v. 2) les croyants deviennent des signes. En eux se réalise le mystère de la nouvelle naissance : Tout homme qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est vraiment né de Dieu (v. 1; cf. Jn 3, 5-6). Thomas apparaît comme un modèle de cet homme nouveau, transformé par la foi au Christ mort et ressuscité : qui est le vainqueur du monde? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu? (v. 5). En lui comme en tous ceux qui imitent sa foi se réalise la promesse : À tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom (Jn 1, 12).

Les apôtres portaient témoignage de la résurrection (Actes 4, 33)

     En lisant les sommaires du livre des Actes des Apôtres l’attention est attirée le plus souvent sur la mise en commun des biens pratiquée par les premiers chrétiens. Dans le texte retenu par la liturgie de ce dimanche, les versets 32 et 34-35 abordent cette question. Au centre de ce paragraphe apparaît un rappel du témoignage rendu par les apôtres à la résurrection de Jésus; on y fait aussi mention de l’action de la grâce (v. 33). Ce passage semble étranger au contexte; pourtant, il donne la clef permettant de comprendre les choix de vie des croyants. Au point de départ, il y a la résurrection. C’est elle qui détermine toute la vie de la communauté; elle est sa seule raison d’être. Les apôtres en sont les témoins (cf. Ac 1,22) et la grâce de Dieu agit par eux pour transformer les cœurs. La profession de foi en Jésus toujours vivant implique une attitude nouvelle dans les rapports interpersonnels. Ce changement en profondeur détermine à son tour la décision de mettre à la disposition de tous les biens que certains pouvaient posséder.

 

Jérôme Longtin, ptre

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2183. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Sur les traces du Ressuscité