Jésus, un être d'exception
L'homme tourmenté par un esprit mauvais : Marc 1, 21-28
Autres lectures : Deutéronome 18, 15-20 ; Psaume 94(95) ; 1 Corinthiens 7, 32-35
Nous sommes au tout début de l’Évangile selon saint Marc, secrétaire de l'apôtre Pierre. Dès les premiers versets, celui-ci nous a présenté ses principaux personnages : Jean le baptiste (v. 4), Jésus (v. 9) et les quatre premiers disciples : Simon, André, Jacques et Jean (v. 19). Mais c’est avec le récit de ce dimanche que s’amorce vraiment son évangile.
Dès l’abord, la mise en place de cette péricope nous permet de dégager une première conviction du rédacteur : Jésus est vraiment le Saint de Dieu. Pour la mettre en évidence, Marc emploie une méthode bien connue, celle de l’inclusion. Cette technique littéraire s’articule ainsi: une première idée, une affirmation centrale et importante, puis la reprise de la première idée. L’affirmation importante se trouve incluse entre deux correspondances. Pour aider à saisir, rien ne vaut une illustration du procédé :
- On était frappé de son enseignement car il parlait avec autorité (Marc 2, 22).
- Je sais qui tu es : le Saint de Dieu (v. 24).
- Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité (v. 27).
Jésus, Fils de Dieu
Cette affirmation centrale donc, qui atteste l’origine divine de Jésus, présidera à la construction de tout l’Évangile de Marc. Mais ce dernier aura soin de nous faire découvrir cette vérité doctrinale d’une façon progressive et cela jusqu’à la phrase sommet qui sera proclamée au Calvaire, et que l’évangéliste mettra dans la bouche du centurion, témoin de la mort de Jésus : Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu (15, 39).
C’est encore cette filiation exceptionnelle de Jésus qui vient expliquer pourquoi il n’a pas besoin, comme les scribes, d’appuyer son enseignement sur la tradition des Anciens car sa propre autorité lui vient de Dieu même. Matthieu illustrera cette même prérogative du Christ Jésus autour de la formule : On vous a dit… moi je vous dis (Mt 5, 43).
Le prophète révélé
Le prophète annoncé par Moïse au livre du Deutéronome, c’est bel et bien Jésus, celui qui parle avec l’autorité de Dieu : Le Seigneur dit à Moïse : Je ferai lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi (Dt 18, 18). C’est à ce personnage divin que nous devons nous attacher. Forts de notre foi nous pouvons miser notre vie sur ses enseignements et sur les promesses qu’il nous a faites. Jamais il ne nous décevra, toujours pour la même et unique raison : son autorité lui vient de Dieu lui-même.
L'auditoire de Jésus
Les Juifs qui écoutent Jésus, ignorent encore qui il est vraiment. Ils perçoivent bien qu’il est un être d’exception, différent des autres maîtres. Ils sentent également au fond d’eux-mêmes que sa parole a un poids qui dérange, qui bouscule leurs certitudes. En somme, si ces auditeurs privilégiés ne discernent pas encore tout à fait que Jésus dit plus que des paroles, mais qu’il est Parole ou que sa Parole c’est lui, ils ressentent cependant une fascination nouvelle pour ce mystérieux rabbi.
Si l’enseignement de Jésus plonge son auditoire dans l’émerveillement, une partie de ce même auditoire est heurtée par ses paroles. Cette attitude de non-recevoir est personnalisée par cet homme tourmenté par un esprit mauvais qui se met à crier et qui dévoile la véritable identité de Jésus (v. 23). Le malin ne peut plus se cacher à l’intérieur du possédé. Il est mis à découvert. La Parole le contraint de sortir de sa tanière, tel un animal traqué. Jésus l’apostrophe par un mot, un seul : Silence. Puis par un ordre bref : Sors de cet homme. Encore une fois, il manifeste son autorité d’une manière péremptoire.
Les effets de la parole de Jésus
Si le commandement de Jésus produit un effet immédiat, le maître des lieux ne quittera pas son repaire sans avoir fait sentir à Jésus son emprise sur le malheureux : L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri (v. 26). Si ces détails viennent mettre fin à cet épisode du récit de Marc, l’enseignement de Jésus, lui, continue d’émerveiller, de surprendre, de frapper en plein cœur toute personne qui, dans la suite des jours continuera de l’écouter.
Une parole confiée à l'Église
La Parole de Jésus nous accompagne, depuis le temps des évangiles disions-nous, avec la même puissance et la même autorité. Cette Parole donc, Jésus l’a confiée à son Église. Elle en a le dépôt et la garde. À sa charge de la proclamer sans cesse, à temps et à contretemps. Cette parole, on le sait, n’a rien perdu de sa force pour retourner les cœurs, ni de sa capacité à persuader les intelligences. Elle agit toujours pour libérer du Mauvais les êtres enchaînés. Elle agit toujours et encore pour guérir les blessures intérieures.
Une parole décapante
Étrangement, d’aucuns le constatent, avant de réparer les ravages du mal dans les âmes, la Parole commence par mettre à nu la plaie vive. Car, il faut le dire, avant d’être atteint par la Parole guérissante, le mal est déjà tapi au plus profond de nous. La « bête » est même quelquefois entretenue de longues années. Elle en conduira plusieurs là où ils ne voulaient pas aller, elle fera poser des gestes qu’ils réprouveront par la suite. C’est d’ailleurs l’expérience de Paul qui avoue candidement : Je ne fais pas le bien que je veux faire et je commets le mal que je ne veux pas faire (Romains 7, 19).
L'expérience partagée
Paul veut partager son expérience. C’est pourquoi il dira aux Corinthiens, qu’il aimerait voir libres et libérés de tout souci (1 Co 7, 32), qu’il n’a aucune intention de les prendre au piège mais bien plutôt de les attacher au Seigneur (v. 35). Ce qui suppose que ces gens étaient captifs d’autres liens venant d’une autre puissance que celle du Christ.
Ces liens peuvent être identifiés facilement. Un moine, rencontré dans un monastère lors d’une retraite, affirmait en substance ceci : Nos tentations, nos dégoûts, nos découragements et même nos maux physiques sont les dernières résistances, les dernières convulsions de l’esprit mauvais sur le point d’être chassé par la Parole de Jésus. C’est un des premiers beaux fruits, disait-il, de sa force, de sa puissance. Si, comme moi, vous adhérez totalement à ces propos, il ne vous reste qu’à les faire passer dans vos vies quotidiennes. Il ne vous reste qu’à les ajouter à votre credo personnel.
Source: Le Feuillet biblique, no 2172. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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