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4e dimanche de Carême B - 22 mars 2009

 

 

Le don de Dieu : Jésus, son Fils unique

Le fils médiateur et le jugement : Jean 3, 14-21
Autres lectures : 2 Chroniques 36, 14-16 ; Psaume 136(137) ; Éphésiens 2, 4-10

Le peuple hébreu connaît la déportation à Babylone pendant cinquante années, sans roi, loin de Jérusalem et du Temple. Quelle épreuve ! Aujourd’hui comme hier des pays sont broyés par la guerre, des millions d’humains sont exilés dans des camps de réfugiés. Que de souffrances ! Dans les sociétés nanties, de nombreux individus connaissent un exil intérieur : les repères sont absents, les valeurs sont devenues confuses, la foi à une Transcendance, est sommeillante ou délibérément refusée. Pour le croyant, la lumière de Jésus ressuscité devient progressivement une source de joie, d’approfondissement et d’accomplissement de la vie humaine.

Le don de Dieu : Jésus Christ

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique (v. 16) : telle est la profonde conviction de l’évangéliste Jean, tel est l’enseignement sur lequel il insiste à temps et à contretemps. Aussi présente-t-il Jésus comme le témoin visible de Dieu en ce monde; en Lui, tout est dévoilé de l’infinie et surabondante miséricorde qui habite le cœur de Dieu : Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que par lui, le monde soit sauvé (v. 17). Sommes-nous conscients à quel point nous sommes aimés de Dieu depuis la venue de Jésus ? Ne renverse-t-il pas de façon imprévisible le cours de nos vies en nous faisant accéder à la vie éternelle, c’est-à-dire à la vie en Dieu, en nous établissant dans une relation de communion à Lui, durable et fondamentale ?

Le mystère du Christ Jésus

Pendant toute sa vie, Jésus est entré dans les aléas de la vie humaine, dans ses souffrances et ses limitations; il a combattu les exclusions et la maladie, l’injustice et toutes les prétentions hautaines et méprisantes. Quand on regarde Jésus, on regarde Dieu en son visage d’amour. On ne peut pas dire que, dans la vie de Jésus, il y ait eu des moments de réussite et de gloire selon les critères du monde, mais plutôt un chemin de don total aux autres, d’attention et de désintéressement. Il a servi en bannissant tout instinct de pouvoir et de manipulation. Son triomphe de tout orgueil et son ministère de miséricorde, vécus dans une très grande discrétion quant à son mystère divin, se sont déroulés dans l’abaissement qui constitue paradoxalement sa gloire.

Mais à quel moment se révèle de façon inouïe la sollicitude de Dieu? C’est à la croix. On ne doit pas s’égarer en pensant que Dieu ait destiné son Fils à une mort ignominieuse pour obtenir réparation. L’envoi du Fils dans le monde fut un acte d’amour. Dans ce monde qui passe, Jésus est soumis à la contradiction, aux oppositions et à la mort comme tous les hommes et toutes les femmes. Son engagement total pour les humains l’a conduit au dénouement sur le Golgotha. Il est difficile de comprendre le paradoxe et le scandale de la croix, si on ne le saisit pas par le cœur, lieu où habite l’Esprit qui seul peut nous faire communier au projet insondable de Dieu sur l’humanité.

Jean qui saisit la dimension spirituelle de la croix affirme que Jésus est élevé de terre, dressé vers le haut, vers le divin, en somme, glorifié. Pour comprendre un tant soi peu cet amour fou de Dieu pour les humains, faut-il vivre en nous-mêmes, avec amour et avec foi, les croix de nos vies quotidiennes qui sont des lieux où peuvent se dévoiler la tendresse de Dieu.

L'exigence ultime : la foi

Notre expérience au fil des ans nous dit que nous nous reposons spontanément sur nos capacités humaines : nous croyons en nous-mêmes, en nos talents, en nos efforts, en nos œuvres, nous nous enfermons en nous-mêmes, dans une situation d’exil. Ne pas faire confiance à Dieu, ne pas avoir le désir de sa présence attentive et amoureuse, n’est-ce pas là le péché dont il est question (v. 20)? Cette attitude orgueilleuse ne conduit-elle pas celui qui s’y adonne ou s’y soumet, à dire, d’une certaine façon, qu’il n’a pas besoin de Dieu et, par conséquent, à se juger lui-même, à se condamner? À refuser de vivre et de grandir dans l’amitié de Dieu?

L’évangéliste nous rappelle que le salut est un don gratuit de Dieu. Alors, quel est donc la part attendue des croyants ? Jean répond en insistant sur l’exigence de la foi : En quatre versets, il emploie sept fois le mot « croire » (vv. 12.15.16.18). Entre autres, …ainsi faut-il que le fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit ait la vie éternelle… Celui qui croit en lui (Jésus) échappe au jugement (vv. 15.18). Cela signifie que notre attitude doit en être une de consentement au Christ Jésus lui-même, Fils unique de Dieu, qui, par sa vie donnée, nous introduit dans l’intimité du Père; qu’elle doit être une attitude d’accueil en notre quotidien de l’amour qui nous sauve. Cet ajustement à l’amour du Père et du Fils permet de faire la vérité… de venir à la lumière. C’est l’attente de Dieu à notre égard. Notre salut, notre vie, notre bonheur est définitivement dans le Christ mort et ressuscité. Il nous transforme et nous met debout en nous faisant participer à sa résurrection.

Jugement, joie, grâce et action de grâce

Dans l’écrit de Jean, observons que le chrétien, qui se laisse illuminer par le Christ dans ses décisions, ses choix, voit le jugement s’opérer immédiatement. Celui qui consent à recevoir en lui la foi et à se l’approprier, celui qui accepte de se laisser transformer devient fécond : Mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu (3, 21). La deuxième lecture comme en écho souligne aussi l’importance de la foi vécue : Il nous a créés en Jésus Christ, pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous (Éphésiens 2, 10). Par notre participation à la grâce, une nouvelle création s’opère et atteint son achèvement.

Dans l’Épître aux Éphésiens, l’écrivain sacré dit et redit aussi avec enthousiasme et émerveillement la mansuétude inlassable de Dieu pour nous, sa fidélité indéfectible, patiente et persévérante, son pardon sans limites, en somme, cette infinie richesse de la grâce de Dieu : Nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés (Ép 2, 5; aussi v. 7). Puis, il ajoute : Cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos actes, il n’y a pas à en tirer orgueil (vv. 9.10). En réponse à l’Amour, que fait donc le croyant, sinon laisser Dieu aimer les autres en nous.

Pour votre information...

Le serpent de bronze

Une invasion de serpents venimeux déclenche la panique chez les Hébreux, alors qu’ils sont dans le désert (Nombre 21, 8-9). Le serpent de bronze, alors élevé par Moïse, sur l’ordre de Dieu, sauve de la mort. D’une façon magique? Non. Le Livre de la Sagesse dira que ce n’est pas un totem qui peut assurer la guérison, mais Dieu seul et sa parole (16, 5-12). L’évangéliste, pour sa part, indique que cet objet a une valeur symbolique et qu’il annonce l’élévation de Jésus en croix, nous disant jusqu'à quel point Dieu est prêt à aller dans son amour inlassable et patient.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2179. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Le Temple de son Corps