 |
 |
|
 |
|
 |
|
 |
|
 |
|
 |
|
 |
|
 |
|
 |
Dédicace de la Basilique du Latran - 9 novembre 2008
|
La maison de l'Église La purification du Temple : Jean 2, 13-22 Aujourd’hui l’Église célèbre une fête qui se rattache à un bâtiment sacré : la Basilique majeure du Latran. Il peut sembler étrange de célébrer une telle fête. Habituellement l’Église honore Dieu ou des êtres humains. L’Église ne souligne pas la mémoire d’objets matériels. Cette méprise est résolue en examinant certains détails. Un événement sacré L’Église ne commémore pas ici l’existence d’une église. Elle souligne plutôt sa dédicace qui s’est déroulé en 324 après Jésus Christ. En consacrant ce bâtiment, le pape Sylvestre 1er lui a conféré un caractère sacré. Cet édifice n’est plus une construction comme les autres. Il évolue maintenant dans la sphère mystérieuse de Dieu. Il est différent d’un théâtre, d’un magasin ou d’une maison privée où l’humanité s’agite. Dans une église dédicacée, les gens reconnaissent la présence d’une personne qui n’est pas comme eux. En pénétrant dans la Basilique du Latran ou dans une autre église consacrée, les personnes vont à la rencontre de Dieu. La personne qui entre dans un lieu sacré adopte aussi des comportements qui traduisent la conscience de se trouver dans un espace différent (le silence, le port de vêtements sobres, etc.). Le Seigneur dans l’Évangile d’aujourd’hui réagit devant la confusion des genres. Le Temple de Jérusalem, le haut lieu de la présence divine en Israël, est devenu un magasin liturgique. L’argent, l’ultime réalité du monde, a envahi l’endroit sacré. Jésus sent donc le besoin de remettre l’ordre voulu par son Père. Il chasse donc les vendeurs du Temple. Jésus va encourir les foudres des personnes qui soutiennent ce commerce, c’est-à-dire les autorités religieuses influentes du peuple élu qui ne cesseront pas de harceler le Seigneur. Un statut spécial L’Église catholique célèbre aussi la dédicace de la Basilique du Latran parce que ce bâtiment sacré est aussi la cathédrale de l’évêque de Rome, le pape, le premier dans la hiérarchie épiscopale. Cette cathédrale est donc considérée comme « la mère et la tête de toutes les églises de Rome et du monde ». L’empereur romain Constantin qui a reconnu officiellement le christianisme dans l’Empire romain a donné ce qui était le premier édifice du Latran à l’église universelle. Jusqu’en 1309, l’édifice du Latran a été la résidence du pape. Maintes fois reconstruites, la Basilique a aussi été le lieu de plusieurs conciles œcuméniques (1123, 1139, 1179, 1215, 1512-1517). En soulignant la dédicace de cette basilique, l’Église reconnaît la valeur du geste de la consécration qui marque officiellement l’appartenance du lieu à la sphère divine. La source du sacré Tous les textes de la Parole de Dieu de ce dimanche confirment que Jésus Christ est la source du sacré. Dans la première lecture, le prophète Ézéchiel exprime cette réalité en employant le symbole de l’eau, image reprise au baptême où l’eau traduit la présence de l’Esprit du Christ dans la conscience humaine. La Basilique du Latran n’est pas un édifice sacré parce qu’elle est l’église du pape ou que ses pierres proviennent d’un autre monde. Cette cathédrale et les autres églises sont consacrées parce qu’elles sont devenues des lieux de rencontre privilégiés entre le Seigneur et l’humanité. Sans Dieu, sans les croyants qui les fréquentent, les édifices sacrés seraient des endroits comme les autres. Plusieurs églises ont été désacralisées au fil du temps. Un autre geste rituel est même posé pour signifier que la construction peut désormais devenir une discothèque, une résidence ou un centre d’action communautaire. Le Temple de la nouvelle Alliance Dans la première lecture et dans l’Évangile, un lieu matériel, le Temple de Jérusalem est la zone par excellence de la rencontre entre la divinité et l’humanité. Jésus, héritier de l’ancienne Alliance, va donc concrétiser la volonté de son Père en remettant fermement de l’ordre dans cet espace sacré. Mais déjà, dans l’Évangile, Jésus annonce les changements radicaux de la Nouvelle Alliance. Sa personne est désormais le lieu de contact parfait entre Dieu et les êtres humains. En trois jours, un nouveau temple sera construit. Jésus parle ici de sa résurrection. Paul va encore plus loin dans l’épître lue dans le cadre de la célébration de ce dimanche. Dans l’extrait proclamé aujourd’hui, Paul identifie le temple de la nouvelle Alliance : c’est la communauté croyante liée au Christ par l’Esprit. En effet, la conscience de chaque baptisé constitue une pierre du Temple de la Nouvelle Alliance. L’Esprit qui envahit le cœur de chaque baptisé transforme cette personne en élément du Corps du Christ. Le lieu matériel de l’Ancienne Alliance est donc devenu un lieu spirituel. Paul affirme aussi dans cette lecture l’importance de la communauté chrétienne. Les amis du Christ ne vivent pas leur foi repliée sur eux-mêmes. Ils vivent leur foi collectivement. Les cathédrales et les basiliques sont là pour abriter des communautés chrétiennes. Les édifices sacrés sont des coquilles vides sans ces groupes. En célébrant la dédicace de la Basilique du Latran, l’Église veut approfondir le sens chrétien du sacré qui n’est plus nécessairement matériel mais fondamentalement spirituel. Tous sont invités à méditer ce changement radical apporté par le Maître. Pour votre information.... Basilique et cathédrale La cathédrale est l’église de l’évêque d’un lieu. Une cathédrale peut aussi être une basilique. Le pape décerne ce titre honorifique à certaines églises importantes. Il y a des basiliques majeures (des églises autour de Rome et en Terre Sainte) qui ont joué un rôle particulièrement crucial dans l’histoire chrétienne et plusieurs basiliques mineures qui ont joué des rôles secondaires. Habituellement il y a une cathédrale dans chaque diocèse. Il peut cependant y avoir dans ce territoire sous la juridiction d’un évêque plusieurs basiliques majeures et mineures.
Source: Le Feuillet biblique, no 2160. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
|
