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Baptême du Seigneur - 13 janvier 2008

 

Début de mission

Le baptême de Jésus : Matthieu 3, 13-17
Autres lectures : Isaïe 42, 1-4.6-7; Psaume 28(29); Actes 10, 34-38

Un certain jour, le fils réputé d’un charpentier de Nazareth quitte son village d’enfance, situé dans le nord de la Palestine, en Galilée. Descendu au sud de sa patrie, il paraît sur les bords du Jourdain, et il vient à Jean pour se faire baptiser par lui (Matthieu 3, 13). Nul ne le sait à ce moment, mais l’histoire du monde est sur le point de basculer…


Un baptême purificateur

   Les évangélistes sont bien mal à l’aise avec cet épisode de la vie de Jésus. Et pour cause ! Jean prêche le repentir et la conversion. Il offre une plongée (sens du mot baptême) dans le fleuve, pour symboliser la noyade du pécheur et la naissance à une vie nouvelle, une vie libérée du péché. Purifiée de ses fautes, refaite du dedans au-dehors, la personne baptisée est prête à rencontrer Dieu. Elle fait vœu de mener une vie juste. En proposant ce nouveau rite, radical, au désert, Jean discrédite les sacrifices offerts au Temple de Jérusalem pour le pardon des péchés. Le prophète juif Jean se dissocie radicalement de la hiérarchie religieuse de son peuple et de son temps. Il propose un changement au nom de Dieu : un retour à la pureté des origines, lorsque le jeune peuple d’Israël, pauvre et dépouillé, vagabondait au désert et se forgeait une âme…

  Jésus de Nazareth a été irrésistiblement attiré par ce Jean du désert. Il a quitté sa maison et sa patrie pour aller le rejoindre sur les rives du Jourdain. Il a écouté attentivement son message. Il y a discerné la voix de Dieu, bien plus que dans les dires des prêtres au beau Temple de Jérusalem. Jean n’avait pas de mandat ou d’autorisation pour faire ce qu’il faisait. Jésus lui a pourtant fait entièrement confiance, au point de se soumettre au rite que celui-ci proposait. Lui aussi, Jésus, éprouvait le besoin de repartir à neuf. Voilà ce qui gêne nos quatre évangélistes, de toute évidence.

D’un évangile à l’autre

  Matthieu nous présente un petit dialogue où Jean reconnaît la supériorité de Jésus, en dépit du fait que ce dernier se soumet au baptême (Matthieu 3, 14-15). Luc passe le plus rapidement possible sur le baptême comme tel, le mentionnant en passant lors d’un seul verset (Luc 3, 21). Il affirme que tout le peuple avait été baptisé, de sorte que Jésus semble adhérer au baptême par solidarité avec les siens (!). Jean va jusqu’à effacer le baptême de Jésus au profit d’un témoignage solennel du Baptiste en faveur de Jésus (Jean 1, 19-36). Pourtant, Marc, le premier, avait trouvé l’idée géniale de présenter le baptême de Jésus comme une intronisation royale : Jésus y est reconnu comme Messie par la voix du ciel qui le présente au monde (Marc 1, 9-11).

  Les évangélistes ont ainsi compris le baptême de Jésus comme une cérémonie spéciale qui inaugurait sa mission publique. Le ciel s’ouvre. L’Esprit descend et repose sur Jésus. La voix du ciel le désigne comme l’Élu de Dieu. Le fils d’un charpentier de Nazareth est reconnu par Dieu comme son propre Fils bien-aimé. Désormais, tout ce que Jésus dira et fera sera scruté à la loupe. Le Christ commence sa mission…

Baptisés dans le Christ

  Notre baptême à nous n’est pas le baptême de Jean. Lorsque de l’eau bénite coule sur notre front, c’est dans le baptême du Seigneur que nous sommes mystérieusement plongés. Nous recevons ainsi la grâce de son Esprit, de son Nom et de sa Vie. Enfants bien-aimés de Dieu, nous sommes aussi chargés de la mission qu’il avait confiée jadis à notre frère aîné, Jésus : prendre soin en priorité des pauvres, des malades et des exclus; lutter contre les injustices; jeter à terre les murs qui nous divisent; libérer les captifs; proclamer la bonne nouvelle de son amour rédempteur. Avons-nous récemment vécu en conformité avec notre baptême? Qu’avons-nous fait de notre mission de baptisés, alors que Dieu a mis en nous tout son amour?

Le Serviteur de Dieu
Isaïe 42, 1-4.6-7

Voici mon serviteur que je sou-tiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma joie (Isaïe 42,1).

  Ce texte prophétique présente la mission du Serviteur de Dieu, son Élu. Rempli de l’Esprit de Dieu, celui-ci sera la lumière des nations. Il apprendra à ses semblables la volonté de Dieu. Sans imposer quoi que ce soit à personne, sans écraser les petits, il rendra public le jugement de Dieu. Il ouvrira les yeux des aveugles et il libérera les captifs de leur prison. Dieu le met à part, lui réserve la mission de répandre sa justice. Le Seigneur le rend fort, afin qu’il ne faiblisse pas devant ses adversaires. Enfin, Dieu met toute sa joie dans son Serviteur. Ce dernier la partagera avec Israël et toutes les nations.

  Visiblement, l’évangéliste Matthieu s’est inspiré de ce beau texte d’Isaïe pour éclairer le sens du baptême de Jésus. La voix qui vient des cieux cite le premier verset de ce passage, identifiant Jésus de Nazareth au Serviteur rêvé par le prophète.

Dieu était avec lui
Actes 10, 34-38

Jésus de Nazareth, Dieu l’a con-sacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force (Actes 10,38).

  Lorsque l’apôtre Pierre arrive chez Corneille, un centurion de l’armée romaine, il déclare ce qu’il comprend du mystère pascal : en ressuscitant Jésus d’entre les morts, Dieu a fait de son Serviteur le Seigneur de tous les vivants. Les différences linguistiques, culturelles et même religieuses entre les diverses populations ne comptent pas aux yeux de Dieu : il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste (Actes 10, 35).

  À travers Jésus de Nazareth, un Juif baptisé par Jean, Dieu cherche à atteindre l’ensemble de l’humanité et pas seulement le peuple de la Première Alliance. C’est pourquoi il a rempli ce Jésus de sa force et de son Esprit, afin qu’il soit effectivement la lumière des nations. Consacré à cette mission par son baptême dans le Jourdain, Jésus porte désormais le titre de « Messie », « Oint », « Christ », ou encore, de « Seigneur ».

  Jésus a honoré son engagement baptismal par une vie consacrée à faire le bien autour de lui, guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon (Actes 10,38). Sachant dans son for intérieur que « Dieu était avec lui », il a osé poser des gestes concrets et prononcer des mots justes. Premier baptisé de la Nouvelle Alliance, il a ouvert la voie à notre propre appel, à notre propre mission, à notre propre engagement. Soyons confiants : Dieu ne nous abandonnera pas !

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2126. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Comme un rendez-vous