Humilité et salut
Le pharisien et le collecteur d'impôts :
Luc
18, 9-14
Autres lectures : Ben
Sirac 35, 12-14.16-18;
Psaume
33(34); 2
Timothée 4, 6-8.16-18
Dans la société actuelle plusieurs
personnes ont adhéré à des mouvements religieux
qui promettent datteindre une certaine divinité, à
condition de pratiquer rigoureusement différentes techniques.
Les gens qui pratiquent ces rituels deviennent des privilégiés.
À lépoque des premiers chrétiens, une
branche du christianisme naissant avait adopté cette attitude.
Plusieurs documents anciens retrouvés récemment ont
remis en lumière des écrits qui témoignent
de ce courant qui a retrouvé force et popularité dans
notre temps marqué par une soif dindépendance,
dautonomie. Dans ce mouvement primitif désigné
du nom de gnose, la personne humaine qui étudie la doctrine
cachée du Maître, le Christ, peut sélever
par lui-même pour atteindre le Royaume. Cependant seule une
élite réussira ce tour de force. La Bonne Nouvelle
daujourdhui met en garde lÉglise contre
ces groupes qui prétendent que les gens sont capables de
se sauver.
Le pharisien
Dans cette parabole du pharisien et du publicain,
le pharisien est la figure symbolique des personnes qui croient
avoir un quelconque mérite dans le fait dêtre
sauvées. Les pharisiens qui respectaient scrupuleusement
la Loi avaient développé une telle attitude. Ils regardaient
avec mépris la masse populaire qui observaient avec moins
de constance les préceptes de la Loi. Jésus devait
certainement admirer la fidélité des pharisiens. Mais
il savait aussi que la raison de leur respect de la Loi nétait
pas lamour de Dieu. Cétait plutôt lamour
de leur propre personne car leur rigueur attirait sur eux respect
et admiration. Jésus ne peut approuver une telle dynamique
qui enlève à Dieu sa place primordiale dans le cur
des personnes. Le publicain, un grand pécheur, représente
lattitude que le Maître encourage chez ses disciples.
-
Les pharisiens
« Les pharisiens (litt. « les séparés
») étaient des laïcs qui, au temps des Maccabées,
sétaient opposés à lhellénisation
de la Judée et qui tendaient à réaliser
lidéal de sainteté requis dIsraël.
Doù leur étude de la Loi et le souci de
lenseigner au peuple dont, à la différence
des sadducéens, ils restaient proches; experts dans la
tradition orale, ils cherchaient à lui rendre les exigences
de la Loi praticables au jour le jour. Cette attitude respectueuse
de lhomme demeure historiquement leur mérite. Cest
à partir de lan 70, après la destruction
du Temple, que le groupe des pharisiens sidentifie au
pouvoir de la nation juive et que leur orthodoxie devient intransigeante.
Jésus de Nazareth a eu des relations positives avec les
pharisiens de son temps : il est invité à leur
table et est averti par eux quHérode le «
cherche » (Luc
13, 31). Certes la piété des pharisiens sest
heurtée à la critique de Jésus, par exemple
à propos du sabbat; mais le tableau présenté
dans les évangiles reflète le conflit qui a opposé
plus tard lÉglise à la Synagogue, principalement
à cause de la prétention que Jésus fût
le Messie et le Révélateur eschatologique ».
(Xavier Léon-Dufour, Lecture de lÉvangile
selon Jean, tome II, Parole de Dieu, Paris, Éditions
du Seuil, 1990, pages 342-343).
Le publicain
Les publicains, les percepteurs des impôts et
des taxes, avaient la réputation dêtre des fraudeurs
et des débauchés. Ils ne revendiquaient aucun mérite
dans leur salut puisquils ne suivaient pas les prescriptions
religieuses. Le publicain de la parabole connaît donc sa situation
devant Dieu. Humblement il reconnaît ses torts et demande
pardon à Dieu. Jésus approuve cette démarche
parce que ce croyant avoue sa totale dépendance face à
la divinité pour son salut. Il ne cherche pas à sélever
par lui-même. Grâce à la foi, lEsprit du
Seigneur peut donc occuper dans la conscience du pécheur
toute la place. Ainsi le publicain est sauvé; ce qui nest
pas le cas du pharisien dont lego est trop grand pour laisser
un espace à Dieu. La dépendance nest donc pas
toujours une mauvaise chose. Face à la Trinité, cette
attitude faite dhumilité et de confiance demeure une
des conditions nécessaires pour arriver au paradis.
- Les publicains
La fonction des publicains consiste à percevoir,
pour le compte de lÉtat, les impôts indirects
tels que les droits de passage, les taxes et impôts sur
les produits et denrées importés. Ce système
de taxation existait au temps de lempire perse, mais ce
nest quà lépoque romaine que lon
se met à lever systématiquement les impôts
indirects. Chaque province romaine constitue une zone douanière.
Certaines villes ont le privilège de lever des droits de
passage à leur profit, comme Capharnaüm située
sur la principale route reliant les pays de lest et lÉgypte.
Le publicain reçoit en concession la perception des
impôts indirects. Il doit acquitter le montant déterminé
par lÉtat et se garde comme salaire lexcédent
du produit des droits et des taxes. Même si les tarifs sont
fixés dautorité, ils ne sont pas toujours
appliqués scrupuleusement par les fonctionnaires. Ces pratiques
expli-quent la mauvaise réputation des publicains, accusés
de senrichir sur le dos de la population.
Une condition intemporelle
La première lecture montre bien que les pharisiens
ont eu des prédécesseurs. À lépoque
de lAncien Testament, les riches croyaient que loffrande
de généreux sacrifices de victimes animales trouverait
un écho favorable auprès de Yahvé. Ben Sirac
le Sage leur lance un sérieux avertissement. Dieu ne se laisse
pas acheter. Il sauve qui bon lui semble. Le pauvre qui na
pas les moyens doffrir dopulents sacrifices peut être
sauvé par le Dieu du peuple saint. Sa prière peut
se rendre jusquau ciel. La gratuité divine a donc toujours
été présente dans la tradition biblique. Aujourdhui
dans un monde obnubilé par lautonomie, la liturgie
de la Parole de ce dimanche reste donc très actuelle.
Action de grâce de Paul
2 Timothée 4, 6-8.16-18
Dans cet extrait, Paul exprime avec éloquence
sa foi. Dans la seconde partie du texte, il admet que le Christ
lui a inspiré sa défense devant un tribunal. Abandonné
par ses amis, doutant de ses propres ressources, le Sauveur a soutenu
lapôtre devant ses juges. Paul, en confessant sa faiblesse,
a laissé le Seigneur prendre une place. Cette attitude rejoint
les dispositions intérieures du publicain de lévangile.
Cependant Paul ne nie pas une certaine participation à son
salut. Il a mené une lutte de tous les instants pour préserver
la demeure de lEsprit dans son cur. Il avoue du même
souffle que Dieu lui a donné la force de mener ce combat.
Et comme un athlète de lAntiquité, il attend
de la Trinité la couronne qui récompensera ses efforts.
Il faut noter que Paul nexige pas ce trophée. Il attend
la décision divine, confiant que le Christ respectera lengagement
de remettre aux vainqueurs du combat chrétien le Royaume
éternel.
Source: Le Feuillet biblique,
no 2115. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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