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23e dimanche ordinaire C - 9 septembre 2007

 

Me suivez-vous toujours?

Renoncer à tout pour suivre Jésus : Luc 14, 25-33
Autres lectures : Sagesse 9, 13-18; Psaume 89(90); Philémon 9b-10.12-17

Elle est dure, la Parole d’aujourd’hui. Dure, mais lucide et dynamisante! Jésus nous lance : Pouvez-vous me suivre? Oui! – répondons-nous, enthousiastes. Non, mais… vraiment? Réplique-t-il, étonné. Savez-vous ce que cela implique? Assoyons-nous et réfléchissons un peu…

Des conditions irréalistes?

     Jésus nous demande de renoncer à nos êtres les plus chers (14,26). N’est-ce pas plutôt cruel et destructeur? Ne prêchait-il pas l’amour? Jésus nous demande d’être prêts à sacrifier notre vie (14,26). Voilà qui est noble, mais est-ce à la portée de tous? Jésus veut-il une Église faite exclusivement de martyrs? Jésus nous demande enfin de renoncer à tous nos biens (14, 33). Ça va pour le partage charitable, mais comment vivre en renonçant absolument à « tous » nos biens? Comme si nos églises n’étaient pas assez vides, le Christ semble vouloir exclure de son cercle de disciples tout le monde sauf les héros les plus dévoués : les saints, quoi!

     Il n’en est rien. Jésus n’exclut personne. Il nous accueille tous à sa suite. Il se retourne simplement pour voir si nous sommes toujours sur ses traces. Le chemin de Jésus mène à la croix. Poliment, il nous avertit à ce sujet, puis nous relance : « Êtes-vous sûrs de vouloir venir? » Nous demeurons toujours libres des renoncements auxquels nous consentons pour suivre le Christ. Rien ne nous est imposé. Mais la pente peut se révéler abrupte en cours de route. Le Seigneur aime mieux nous prévenir.

Le poids de la croix

     Pourquoi faut-il donc que l’ombre d’une croix plane sur nos têtes? Parce que, paradoxalement, le bonheur est impossible autrement. Le renoncement fait partie de notre croissance et de notre épanouissement. Nous sommes nés pour grandir, pour devenir plus que ce que nous sommes d’emblée. Chacun a des talents à développer, des sommets à conquérir, et cela requiert effort et renoncement.

    Bien que nous marchions ensemble, chacun doit faire ses propres pas. Un jour ou l’autre, malgré l’amour de nos proches, il faut se retrouver face à soi, et soulever seul sa propre croix. Renoncer à nos êtres les plus chers, ce n’est pas cesser de les aimer, mais bien assumer seul le poids de sa croix. Voilà ce que le Christ attend de nous, car ce geste est fécond pour nous et pour autrui.

     Cette rencontre avec soi ne peut se réaliser que dans le dépouillement total. Nous sommes tentés de mesurer nos forces à même nos avoirs, nos outils, nos réussites passées. Renoncer à tous ses biens, c’est plus que seulement « faire la charité », c’est se détacher de tout ce qui pourrait nous rassurer quant à notre pouvoir. L’humain doit soulever sa propre croix à nu, mains nues.

    La rencontre avec soi mène au dépassement ultime, qui consiste en une décentration de soi pour s’ouvrir librement à autrui. C’est cela, donner sa vie. Nous ne pouvons nous offrir que si nous nous appartenons suffisamment pour disposer librement de nous-mêmes, sans angoisse et sans mesquinerie. Seuls les gens vraiment libres peuvent se donner sans se perdre.

    Il arrive parfois que le renoncement passe par un éloignement physique des êtres chers, par une perte des biens matériels ou même par l’effusion de son propre sang. Ce n’est pas toujours le cas. Néanmoins, il demeure possible pour chacun d’entre nous de marcher sur les traces du Christ en portant sa propre croix. Comme l’homme qui voulait bâtir une tour, ou comme le roi qui voulait partir en guerre, il s’agit pour nous de prendre le temps de bien évaluer où nous en sommes, quels sont nos défis, et quelles sont nos capacités, à quoi nous sommes prêts. Y avez-vous pensé?

Le chemin des renoncements

Les réflexions des mortels sont mesquines, et nos pensées, chancelantes; car un corps périssable appesantit notre âme, et cette enveloppe d'argile alourdit notre esprit aux mille pensées (Sagesse 9,14-15).

    Le sage ne se fait pas d’illusion sur nos capacités tout humaines. C’est pourquoi il s’émerveille de la bonté divine, qui nous révèle gracieusement la véritable sagesse. Au sommet de cette sagesse donnée se trouve la croix du Christ. Du libre don de sa vie rejaillit le bonheur possible pour tous, dès aujourd’hui, si nous savons faire nôtre le chemin des renoncements, et ce, dans la joie!

Un statut nouveau

J’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, dans ma prison, j'ai donné la vie du Christ (...). Je te le renvoie... S'il a été éloigné de toi pendant quelques temps, c'est peut-être pour que tu le retrouves définitivement non plus comme un esclave mais... comme un frère bien-aimé (Philémon 10.15-16).

     La demande de saint Paul à son ami Philémon est exigeante. Se départir d’un esclave acquis légalement représentait une perte économique considérable à l’époque. Pardonner le vol et la fuite, ce fut coûteux. Mais le grand défi fut d’accueillir le fuyard comme un égal et un frère dans la foi. Paul alla jusqu’à demander à Philémon de lui envoyer Onésime comme aide, financé. Quel surpassement! À quoi serions-nous prêts, nous aujourd’hui?

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2108. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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