Laissant tout, ils le suivirent
Jésus appelle ses premiers disciples
: Luc
5, 1-11
Autres lectures : Isaïe
6, 1-2a.3-8; Psaume
137(138)
; 1
Corinthiens 15. 1-11
Les personnes croyantes appelées à
vivre en Dieu découvrent petit à petit leur identité
d'enfants de Dieu et approfondissent l'alliance que Dieu conclut
avec elles. Cela s'opère au cur même des circonstances
de la vie, à partir des qualités reçues, des
limites de la personnalité et des espoirs vivaces. Puis,
elles saisissent leur mission au cur du peuple de Dieu et
dans la société. Telle fut l'expérience d'Isaïe,
de Simon-Pierre, de Jacques et de Jean, ainsi que de Paul; telle
est aussi notre expérience dans notre vie de foi.
Un appel inattendu
Les trois disciples, des pêcheurs habitués
au travail de nuit, reviennent au petit matin les mains vides et
voient Jésus, entouré de la foule et en train d'enseigner.
Les trois sont las. Jésus saisit cet instant pour leur donner
l'ordre de retourner sur le lac et de jeter à nouveau leurs
filets. L'ordre les déconcerte : ne connaissent-ils pas leur
métier? Mais, depuis un moment, ils côtoient leur Maître
qui a commencé leur formation. Aussi, Pierre, renonçant
aux évidences, s'en remet à Jésus qui calme
son désarroi.
La confiance de Dieu
N'est-il pas déroutant de voir comment Dieu
invite des hommes qui, selon les apparences, ne sont pas destinés
à remplir la mission d'aller vers les humains pour leur enseigner
le bonheur et leur permettre de rencontrer Jésus Christ?
Dieu se révèle comme celui qui choisit sans tenir
compte apparemment des vertus du messager.
Une expérience profonde et déterminante
La pêche abondante, voire surabondante, qui est
de l'ordre du surnaturel, plonge Pierre dans l'expérience
inévitable de la distance absolue et infranchissable entre
Jésus et lui-même. Il est profondément bouleversé,
remué intérieurement : Seigneur, éloigne-toi
de moi, car je suis un homme pécheur (v. 8). Constatant
son indignité, son impuissance et la fragilité de
sa personnalité, Pierre va-t-il s'enfermer dans une sorte
de dépit? Quelle réponse les trois disciples donneront-ils?
Ils feront confiance, et deviendront capables de surmonter le fossé
entre leur personne et la tâche qui leur est confiée.
Une mission dans la communauté
La mission ainsi que l'appel viennent de Dieu qui s'en
remet à Pierre et à ses compagnons (v. 10). Comment
la mission qui apparaît disproportionnée deviendra-t-elle
possible? Elle se poursuivra grâce à la présence
de Jésus qui, par sa parole, dissout l'effroi des disciples,
Jésus encourage Pierre : Sois sans crainte, désormais
ce sont des hommes que tu prendras (v. 10).
Dès lors, la réponse des trois est radicale
: Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant
tout, ils le suivirent (v. 11). Et, depuis, l'Esprit Saint que
le Ressuscité envoie à l'Église, corps du Christ,
assiste les membres du peuple de Dieu dans leur mission.
Une conscience vive de la présence de Dieu
Isaïe 6, 1-2a.3-8
Pour les apôtres, l'expérience de Dieu
s'est vécue dans la vie quotidienne, Pour Isaïe, la
rencontre personnelle avec Dieu se déroule dans le cadre
d'une liturgie au Temple, le lieu de résidence de Dieu. Quelle
représentation de Dieu, avons-nous, dans ce récit
autobiographique? Quelle est l'attitude d'Isaïe?
Le récit, qui évoque l'époque
syro-éphraïmite, vers 740 av. J. C., se divise en trois
parties (vv.
1-5; vv.
6-7; vv.
8-13). Il décrit Dieu en majesté : il est le souverain
de l'univers, siégeant sur un trône, entouré
de séraphins, lesquels indiquent les attributs de la royauté
de Dieu; puis, après la vision, le prophète est choisi;
ensuite, il est envoyé en mission. À prime abord,
l'image de Dieu apparaît écrasante, effrayante, à
cause de sa position dominante. La vision plonge le prophète
dans une quasi-terreur : Malheur à moi! « Je suis
réduit au silence » (traduction littérale),
car je suis un homme aux lèvres impures (v, 5). Dans
le cas présent, il ne s'agit pas d'actes mauvais qui ont
été commis, mais d'une perception intense.
En fait, le prophète prend une vive conscience
qu'il appartient au monde « d'en-bas », le monde «
impur », « de la chair », dira plus tard Paul.
À l'opposé, Dieu seul est parfaitement pur, le trois
fois saint (v.
3). Il appartient au monde « d'en-haut ». Cependant,
bien que sa transcendance soit infinie, Dieu ne reste pas à
distance de ses créatures : il agit en envoyant un prophète
auprès du peuple qui est devenu sourd à sa voix.
Bien que la mission est remplie d'incertitudes et qu'elle
risque de ne pas ne donner peut-être pas les résultats
escomptés, bien qu'elle comporte des épreuves, le
prophète se porte volontaire et accepte d'être envoyé
pour ouvrir les yeux et les oreilles : Va et tu diras à
ce peuple Écoutez, écoutez, même si vous ne
comprenez pas; regardez, regardez, même si vous ne discernez
pas (v. 9). Dans le conflit que vous vivez, au lieu de se fier
aux manoeuvres de certains hommes, que le peuple mette sa confiance
en Dieu.
Un repère fondamental
1 Corinthiens 15, 1-11
L'appel et la mission de Paul, l'apôtre du Christ,
le plus petit (v.
9) se situent dans la lignée de la vocation d'Isaïe
et des premiers disciples, les piliers de l'Église naissante.
Les lettres de l'apôtre rendent compte de ses courses apostoliques
et de son enseignement solide, ancré dans le mystère
de la mort et de la résurrection de Jésus. Toute la
prédication de l'apôtre des païens parmi les disciples-compagnons
de Jésus, est fidèle à la Tradition (vv.
3-5).
Paul ne résume-t-il pas son expérience
indicible de Jésus Christ lorsqu'il affirme : ...ce que
je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce
dont il m'a comblé n'a pas été stérile
(v. 10 )?
Son engagement total, son dévouement exemplaire
ne s'expliquent-ils pas par la nécessité d'annoncer
Celui qui l'a appelé? Ne place-t-il pas la vie de ses frères
et surs au-dessus de la sienne? Le partage de sa foi avec
la communauté s'impose d'emblée et le conduit a l'action
de la grâce en lui et dans les autres : ...je me suis donné
de la peine plus que tous les autres; à vrai dire, ce n'est
pas moi, c'est la grâce de Dieu avec moi (v. 10).
Source: Le Feuillet biblique,
no 2086. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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