Du sens à la vie
La venue du Fils de l'homme : Luc
21, 25-28.34-36
Autres lectures : Jérémie
33, 14-16; Psaume
24(25); 1
Thessaloniciens 3, 12 - 4, 2
Un appel pressant retentit à l'aube de l'année liturgique.
Croyantes et croyants, relevez la tête... espérez
Jésus Christ qui vient et qui reviendra, intensifiez votre
engagement, enveloppez autrui d'attention, de tendresse, de justice!
Le temps de grâce qu'est la
période liturgique de l'Avent invite à sortir peut-être
d'une certaine monotonie ou lourdeur qui peut, à ses heures,
menacer la vie de foi. C'est l'occasion de redécouvrir la
promesse de bonheur donné en Jésus Christ, le dynamisme
et l'élan pour l'à-venir.
Un temps d'espérance
Les versets
25-28 du chapitre 21 de l'évangile de Luc évoquent
dans un langage coloré et imagé des périodes
de bouleversement et d'affolement, de peur et de crainte. Faut-il
prendre au pied de la lettre ces descriptions de fin du monde, que
l'on retrouve dans les sections apocalyptiques des écrits
bibliques? Certes pas. Un regard sur les sociétés
d'hier et d'aujourd'hui fait découvrir rapidement une chaîne
d'événements historiques heureux et malheureux. Pour
Israël, notamment, c'est l'esclavage en Égypte et l'exode,
c'est l'exil à Babylone et la chute de l'empire (Isaïe
13, 10), puis celle d'Edom (Isaïe
34, 3); c'est en l'an 70, la destruction du Temple et la chute
de Jérusalem.
Ce monde imparfait est-il pour autant
absurde? Pourquoi Dieu, entend-on souvent, permet-il les guerres,
les divisions mortelles? Les écrits d'apocalypse - c'est-à-dire
de « révélation » - situent le déroulement
de toute vie humaine, dans un contexte de lutte entre les ténèbres
et la lumière, entre la mort et la vie. Bien que cela soit
paradoxal, catastrophes annoncées et catastrophes présentes
ne conduisent pas au chaos. Dieu vient. En Jésus Christ,
la mort n'est pas le dernier mot, le mal est vaincu, l'amour triomphe.
Sa venue dans l'Histoire conduit toute l'humanité vers le
temps final (la parousie) où Dieu régnera totalement
et définitivement, où le Christ se présentera
en gloire avec tous les saints (1
Thessaloniciens 3, 13), où il accomplira sa promesse.
Quelle promesse de bonheur! de salut!
Un avenir se dessine qui nous délie et, nous libère
de toutes sortes d'asservissement : forces économiques, politiques,
idéologiques; de ce qui emmure dans l'égoïsme
personnel, dans la cupidité, dans les compréhensions
trop étroites de la religion, dans toutes les forces obscures
de la méchanceté. Tout est donné pour que viennent
la joie et la paix, et, en même temps, tout est à construire
vaillamment dans un monde de contradictions.
Le Fils de l'Homme
Cette expression par laquelle Jésus
se désigne est empruntée au livre de Daniel (7,
13-14.15-27). En amont, elle personnifie Israël dans son
ensemble; puis elle désigne le chef du peuple et ensuite,
le Messie annoncé, la personne qui exécutera le jugement
de Dieu à la fin des temps.
Dans le texte de Luc, cette
figure messianique évoque, dans un premier temps, la victoire
du Ressuscité qui répand son règne dans l'Histoire
(21,
20-24); puis, dans un second temps, la perspective du second
avènement du Ressuscité où il scellera une
rencontre définitive avec ses fidèles. L'article «
le » employé par l'évangéliste insiste
sur la transcendance de Jésus. Le thème de la rencontre
ultime au terme de l'Histoire humaine polarise tout la Première
lettre aux Thessaloniciens, dont une extrait est proposé
à notre réflexion en ce début de l'Avent.
Un temps d'attente et d'engagement
Redressez-vous, et relevez la tête... Tenez-vous sur
vos gardes... Restez éveillés (afin) de paraître
debout (vv. 28.34.36).
Toutes ces invitations en disent
long sur le dessein que Jésus a sur nous, celui de notre
salut et de notre béatitude. Il fait confiance à notre
réponse de foi. Le temps entre l'incarnation du Verbe et
l'heure du jugement dernier est un long temps de décision,
d'écoute, d'amour, un temps d'attente fidèle du Seigneur
qui vient, et celui d'un engagement inlassable pour la justice à
la suite du Sauveur Jésus, germe de Justice.
Le Seigneur-est-notre-justice
Le jugement de Dieu! La justice de
Dieu! Sans cesse, il convient de revenir sur la signification réelle
de ces mots afin de nettoyer notre horizon religieux d'une compréhension
faussée de cette réalité divine.
Dans la Bible, le terme justice signifie
l'équité qui doit être vécue dans les
relations entre humains. Il indique aussi la totalité de
l'existence des croyants rendue conforme au dessein de Dieu. Le
Psaume
112 trace le portrait du juste. Le Premier et le Nouveau Testament
présentent des femmes et des hommes justes. Il va sans dire
que le roi d'Israël exercera le droit et la justice, mais,
hélas! certains rois eurent plutôt une conduite décevante,
et leur mission de représenter Dieu s'avéra un échec.
Dieu en Jésus Christ manifeste
pleinement sa compassion, sa miséricorde et sa justice à
l'égard de tous, et particulièrement envers ceux et
celles que la société de l'époque rejette et
bafoue. Oui, Jésus, par son amour inconditionnel et fidèle,
exprime concrètement et de manière inouïe, une
justice ajustée aux femmes et aux hommes qu'ils croisent
sur son chemin et qui ploient sous différents fardeaux.
Le temps d'une création nouvelle déjà là
(1 Thessaloniciens 3, 12 - 4,2)
La venue du Christ en gloire n'a-t-elle
pas commencé au jour de sa résurrection? Le Ressuscité
ne transfigure-t-il pas notre histoire? Les germes des derniers
temps n'éclosent-ils pas actuellement? En effet, la création
nouvelle est déjà advenue, les croyantes et croyants,
dans l'aujourd'hui de leur vie, construisent le corps du Christ,
comme, hier, les Thessaloniciens, à qui l'apôtre Paul
adresse ses recommandations et avec qui il prie avec ferveur : Faites
donc de nouveaux progrès... que le Seigneur vous donne entre
vous et à l'égard de tous les hommes, un amour de
plus en plus intense et débordant... qu'il vous établisse
ferment dans une sainteté sans reproche (3, 12.13; 4,1).
Ces appels insistants de l'Apôtre
résument le message évangélique. Puisse les
chrétiennes et les chrétiens être fervents dans
leur engagement à la suite de Jésus.
Source: Le Feuillet biblique,
no 2077. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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