INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer
Dimanche de la Trinité B - 11 juin 2006
 

Au cœur de la foi chrétienne

L'envoi en mission Matthieu 28, 16-20
Autres lectures : Deutéronome 4, 32-34.39-40; Psaume 32(33); Romains 8, 14-17


Le mystère d'un Dieu unique qui est Père, Fils et Esprit constitue l'essence même du christianisme, la caractéristique qui le distingue de toutes les autres religions. La profession de foi de l'Église s'articule autour de cette triple affirmation : Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant… Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique… Je crois en l'Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie… (Symbole de Nicée-Constantinople, traduction de la liturgie). Pour en arriver à cette formulation, l'Église des premiers siècles a dû franchir plusieurs étapes et surmonter bien des crises.

Baptisez-les au nom du Père… (v. 19)
     Jésus n'a pas enseigné le dogme de la Trinité. Mais il a lui-même donné à Dieu le nom de Père (voir, par exemple : Mt 11, 25-27) et il l'a fait en présupposant une relation tout à fait personnelle, alors que, dans le judaïsme de son temps, Dieu était invoqué plutôt comme le Père du peuple (cf. Is 63, 16; 64, 7). En appelant Dieu son Père, Jésus se définit comme Fils; la famille devient ainsi le modèle de référence qui permet d'approfondir le mystère de Dieu. Mais la relation Père-Fils n'est pas fermée sur elle-même. L'Esprit introduit dans la « famille divine » une dimension d'altérité; il ne s'agit pas d'un élément étranger venu du dehors mais de la vie divine elle-même qui éclate. L'Esprit du Père habite dans le Fils et le confirme dans sa mission (cf. Mt 12,15-21).

    Paul associe tout naturellement les trois personnes divines, même si cette manière de s'exprimer n'est apparue que beaucoup plus tard. Le texte le plus clair à cet égard est la salutation qui conclut la Seconde épître aux Corinthiens : La grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous (2 Co 13, 13). Notons que Paul n'utilise pas le vocabulaire Père-Fils mais Dieu et Seigneur. Cela est conforme à ses habitudes comme on peut le constater à la lecture d'autres textes, par exemple : Rm 1,4; 15,16.30; 1 Co 6,11; 12,4-6 etc…).

    La consigne baptismale de Jésus ressuscité est le seul passage des évangiles où le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont clairement associés. Ailleurs dans le Nouveau Testament, il est plutôt question du Baptême au nom de Jésus (voir, par exemple : Ac 2,38; 12,4-6). On suppose que la formule trinitaire s'est développée en premier lieu dans les communautés proches de Matthieu, soit en Syrie et dans les environs. La Didachè, un écrit chrétien parmi les plus anciens, originaire du même milieu, connaît aussi la formule trinitaire du Baptême (Did 7,1-3). Dès le deuxième siècle cette formule liturgique s'impose à toute l'Église. Être baptisé c'est participer à la vie de la « famille divine »; cette conviction est au cœur de l'identité chrétienne.

Tout pouvoir m'a été donné… (v. 18)
    Lors de la tentation au désert, le diable avait proposé à Jésus la souveraineté universelle à la condition qu'il se prosterne devant lui (cf. Mt 4, 8-9). Jésus choisit plutôt le service de Dieu, chemin qui le conduit à la mort sur la croix mais aussi à la résurrection. À cause de son obéissance et de sa fidélité, il reçoit de son Père tout pouvoir au ciel et sur la terre; il peut ainsi rassembler toutes les nations pour en faire des disciples.

   Il y a un lien à remarquer entre le début et la fin de la vie publique de Jésus. Au baptême (Mt 3, 13-17) Jésus reçoit l'Esprit Saint et est reconnu comme Fils bien-aimé par le Père; lors de la tentation (Mt 4, 1-11), guidé par l'Esprit, il refuse les propositions de Satan d'utiliser à son profit la puissance de Dieu; lors de sa manifestation finale il proclame lui-même la souveraineté reçue de son Père.

Apprenez-leur à garder les commandements… (v. 20)
    Pour les baptisés, l'appartenance à la famille divine comporte un engagement précis, celui de vivre en enfants de Dieu. Jésus lui-même, par toute son existence, a montré en quoi consiste cette vie. Les commandements ne sont pas d'abord une série d'obligations et d'interdits; il s'agit d'aimer à la manière de Jésus, de se mettre au service de Dieu et des autres comme Jésus l'a fait.

Je suis avec vous tous les jours… (v. 20)
    Lors de l'annonce de la naissance de Jésus l'évangéliste note que s'accomplit alors la prophétie d'Isaïe au sujet de l'Emmanuel (Mt 1,22-23; cf. Is 7, 14). Dans la suite de l'évangile on n'entend plus jamais parler de ce nom mystérieux qui signifie « Dieu avec nous ». Jésus ressuscité, en promettant de demeurer avec ses disciples pour toujours, réalise pleinement ce qui était annoncé de manière symbolique par le prophète. Les modalités de cette présence ne sont pas précisées mais, ailleurs dans l'évangile, Jésus en indique les lieux privilégiés : Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux (Mt 18, 20); Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait (Mt 25, 40); Prenez, mangez, ceci est mon corps (Mt 26,26).

Nous crions vers le Père… (Romains 8, 15)
     L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur; c'est un Esprit qui fait de vous des fils; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l'appelant : « Abba! »

    Saint Paul a été le premier à développer une théologie de la filiation divine des baptisés. Ce passage de l'Épître aux Romains en est l'expression la plus achevée. Le don de l'Esprit Saint fait des croyants des enfants de Dieu qui peuvent, comme Jésus, s'adresser à lui en l'appelant Abba (v. 15; cf. Mc 14,36). Dans la pensée de Paul, les baptisés acquièrent avec Dieu une véritable intimité, ils participent à la vie de sa famille. Ils deviennent héritiers avec Jésus de la même promesse de vie éternelle à la condition de prendre le chemin qu'il a suivi, celui de l'obéissance et du service jusqu'au don de sa vie.

Le Seigneur est Dieu… (Deutéronomet 4, 39)
    Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d'une autre, à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats, par la force de sa main et la vigueur de son bras, et par des exploits terrifiants — comme tu as vu le Seigneur ton Dieu, le faire pour toi en Égypte —?

    L'auteur fait référence à la création (v. 32) - c'est le seul passage du Deutéronome à en faire mention - mais c'est dans l'histoire que Dieu se manifeste. Il est d'abord celui qui choisit, par amour, Israël comme son peuple puis qui intervient pour le libérer (v. 34). Une réponse est attendue: d'abord la reconnaissance de Yahvé comme le seul Dieu, sur ce point, il ne peut y avoir aucun compromis; en même temps, la fidélité dans l'obéissance. Cette obéissance n'a rien de servile; Dieu n'a pas libéré Israël pour lui imposer une nouvelle forme d'esclavage mais pour qu'il devienne son partenaire dans l'Alliance. Le seul chemin vers le bonheur est celui que tracent les commandements.

Source: Le Feuillet biblique, no 2061. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
L'Esprit nous pousse à témoigner