Au cur
de la foi chrétienne
L'envoi en mission Matthieu
28, 16-20
Autres lectures : Deutéronome
4, 32-34.39-40; Psaume
32(33); Romains
8, 14-17
Le mystère d'un Dieu unique qui est Père, Fils
et Esprit constitue l'essence même du christianisme, la caractéristique
qui le distingue de toutes les autres religions. La profession de
foi de l'Église s'articule autour de cette triple affirmation
: Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant
Je
crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique
Je crois en l'Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie
(Symbole de Nicée-Constantinople, traduction de la liturgie).
Pour en arriver à cette formulation, l'Église des
premiers siècles a dû franchir plusieurs étapes
et surmonter bien des crises.
Baptisez-les au nom du Père
(v. 19)
Jésus n'a pas enseigné
le dogme de la Trinité. Mais il a lui-même donné
à Dieu le nom de Père (voir, par exemple : Mt
11, 25-27) et il l'a fait en présupposant une relation
tout à fait personnelle, alors que, dans le judaïsme
de son temps, Dieu était invoqué plutôt comme
le Père du peuple (cf. Is
63, 16; 64,
7). En appelant Dieu son Père, Jésus se définit
comme Fils; la famille devient ainsi le modèle de référence
qui permet d'approfondir le mystère de Dieu. Mais la relation
Père-Fils n'est pas fermée sur elle-même. L'Esprit
introduit dans la « famille divine » une dimension d'altérité;
il ne s'agit pas d'un élément étranger venu
du dehors mais de la vie divine elle-même qui éclate.
L'Esprit du Père habite dans le Fils et le confirme dans
sa mission (cf. Mt
12,15-21).
Paul associe tout naturellement les trois
personnes divines, même si cette manière de s'exprimer
n'est apparue que beaucoup plus tard. Le texte le plus clair à
cet égard est la salutation qui conclut la Seconde épître
aux Corinthiens : La grâce du Seigneur Jésus Christ,
l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous
tous (2 Co 13, 13). Notons que Paul n'utilise pas le vocabulaire
Père-Fils mais Dieu et Seigneur. Cela est conforme à
ses habitudes comme on peut le constater à la lecture d'autres
textes, par exemple : Rm
1,4; 15,16.30;
1
Co 6,11; 12,4-6
etc
).
La consigne baptismale de Jésus
ressuscité est le seul passage des évangiles où
le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont clairement associés.
Ailleurs dans le Nouveau Testament, il est plutôt question
du Baptême au nom de Jésus (voir, par exemple : Ac
2,38; 12,4-6).
On suppose que la formule trinitaire s'est développée
en premier lieu dans les communautés proches de Matthieu,
soit en Syrie et dans les environs. La Didachè, un
écrit chrétien parmi les plus anciens, originaire
du même milieu, connaît aussi la formule trinitaire
du Baptême (Did 7,1-3). Dès le deuxième siècle
cette formule liturgique s'impose à toute l'Église.
Être baptisé c'est participer à la vie de la
« famille divine »; cette conviction est au cur
de l'identité chrétienne.
Tout pouvoir m'a été donné
(v. 18)
Lors de la tentation au désert, le
diable avait proposé à Jésus la souveraineté
universelle à la condition qu'il se prosterne devant lui
(cf. Mt
4, 8-9). Jésus choisit plutôt le service de Dieu,
chemin qui le conduit à la mort sur la croix mais aussi à
la résurrection. À cause de son obéissance
et de sa fidélité, il reçoit de son Père
tout pouvoir au ciel et sur la terre; il peut ainsi rassembler toutes
les nations pour en faire des disciples.
Il y a un lien à remarquer entre le début
et la fin de la vie publique de Jésus. Au baptême (Mt
3, 13-17) Jésus reçoit l'Esprit Saint et est reconnu
comme Fils bien-aimé par le Père; lors de la tentation
(Mt
4, 1-11), guidé par l'Esprit, il refuse les propositions
de Satan d'utiliser à son profit la puissance de Dieu; lors
de sa manifestation finale il proclame lui-même la souveraineté
reçue de son Père.
Apprenez-leur à garder les commandements
(v. 20)
Pour les baptisés, l'appartenance
à la famille divine comporte un engagement précis,
celui de vivre en enfants de Dieu. Jésus lui-même,
par toute son existence, a montré en quoi consiste cette
vie. Les commandements ne sont pas d'abord une série d'obligations
et d'interdits; il s'agit d'aimer à la manière de
Jésus, de se mettre au service de Dieu et des autres comme
Jésus l'a fait.
Je suis avec vous tous les jours
(v. 20)
Lors de l'annonce de la naissance de Jésus
l'évangéliste note que s'accomplit alors la prophétie
d'Isaïe au sujet de l'Emmanuel (Mt
1,22-23; cf. Is
7, 14). Dans la suite de l'évangile on n'entend plus
jamais parler de ce nom mystérieux qui signifie « Dieu
avec nous ». Jésus ressuscité, en promettant
de demeurer avec ses disciples pour toujours, réalise pleinement
ce qui était annoncé de manière symbolique
par le prophète. Les modalités de cette présence
ne sont pas précisées mais, ailleurs dans l'évangile,
Jésus en indique les lieux privilégiés : Quand
deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au
milieu d'eux (Mt 18, 20); Dans la mesure où vous l'avez
fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est
à moi que vous l'avez fait (Mt 25, 40); Prenez, mangez,
ceci est mon corps (Mt 26,26).
Nous crions vers le Père
(Romains 8, 15)
L'Esprit que vous avez reçu
ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur;
c'est un Esprit qui fait de vous des fils; poussés par cet
Esprit, nous crions vers le Père en l'appelant : «
Abba! »
Saint Paul a été le premier
à développer une théologie de la filiation
divine des baptisés. Ce passage de l'Épître
aux Romains en est l'expression la plus achevée. Le don
de l'Esprit Saint fait des croyants des enfants de Dieu qui peuvent,
comme Jésus, s'adresser à lui en l'appelant Abba
(v. 15; cf. Mc
14,36). Dans la pensée de Paul, les baptisés acquièrent
avec Dieu une véritable intimité, ils participent
à la vie de sa famille. Ils deviennent héritiers avec
Jésus de la même promesse de vie éternelle à
la condition de prendre le chemin qu'il a suivi, celui de l'obéissance
et du service jusqu'au don de sa vie.
Le Seigneur est Dieu
(Deutéronomet
4, 39)
Est-il un dieu qui ait entrepris de se
choisir une nation, de venir la prendre au milieu d'une autre, à
travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats,
par la force de sa main et la vigueur de son bras, et par des exploits
terrifiants comme tu as vu le Seigneur ton Dieu, le faire
pour toi en Égypte ?
L'auteur fait référence à
la création (v.
32) - c'est le seul passage du Deutéronome à
en faire mention - mais c'est dans l'histoire que Dieu se manifeste.
Il est d'abord celui qui choisit, par amour, Israël comme son
peuple puis qui intervient pour le libérer (v.
34). Une réponse est attendue: d'abord la reconnaissance
de Yahvé comme le seul Dieu, sur ce point, il ne peut y avoir
aucun compromis; en même temps, la fidélité
dans l'obéissance. Cette obéissance n'a rien de servile;
Dieu n'a pas libéré Israël pour lui imposer une
nouvelle forme d'esclavage mais pour qu'il devienne son partenaire
dans l'Alliance. Le seul chemin vers le bonheur est celui que tracent
les commandements.
Source: Le Feuillet biblique,
no 2061. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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