Un beau
menu pour
la
Fête des fêtes
Le tombeau
vide (Jean 20, 1-9)
Autres lectures : Actes
10, 34a.37-43; Ps 117 (118);
1
Corinthiens 5, 6b-8
Il y a encore bien peu de jours, nous étions plongés
dans un Carême baptismal fort utile pour nous ramener à
l'essentiel de notre foi. Cette saison a été marquée
par la proclamation des grands évangiles johanniques destinés
à la formation des adultes en route vers les sacrements de
l'initiation chrétienne.
Il y a quelques heures, nous avons
été édifiés par le menu biblique abondant
du Triduum. Nous furent dévoilés de généreux
extraits du prophète Isaïe, le livre de l'Exode, la
passion selon le quatrième évangile, la brochette
de textes précieux du Lectionnaire de la veillée pascale...
À côté d'un menu
si effervescent, les lectures du dimanche de Pâques peuvent
sembler plus brèves et même assez banales. Pourtant,
le menu du Lectionnaire nous propose des choix stimulants. Le problème,
c'est que la sélection a souvent été faite
d'avance pour nous par les rédacteurs de tel livret d'accompagnement
de la messe ou par le comité de liturgie local. Dans les
coulisses de la préparation, ces personnes ont eu la chance
de s'alimenter à la diversité du Lectionnaire.
Cette année, nous ne nous
priverons pas de cette richesse. Au lieu de limiter nos horizons
à une triade conventionnelle de lectures bibliques, nous
vous proposons d'explorer successivement tous les choix disponibles
dans le Lectionnaire pour les première et deuxième
lectures. Ces brèves escales sont comparables à la
découverte rapide d'un pays plus ou moins connu. Chacune
nous fera vibrer aux accents particuliers offerts pour célébrer
le relèvement de Jésus d'entre les morts. En constatant
l'apport irremplaçable de chacun de ces textes bibliques
à la symphonie de Pâques, saurons-nous décider
lesquels sont davantage parlants pour cette fête pascale de
2005?
Jésus, valeur ajoutée
Actes
10, 34a.37-43
Pierre vient de vivre une expérience hors du commun. Il
a bénéficié d'une vision. Cet état de
conscience altéré avait jadis la réputation
d'être un mode de connaissance tout à fait acceptable.
Dans sa vision, Pierre découvre qu'en Jésus, il n'y
a plus de frontières alimentaires. Pour un Juif pieux, c'est
un grand choc.
Cette ouverture lui laisse toute
liberté pour proclamer l'essentiel de sa foi pascale dans
la famille d'un officier romain. Pour un Juif pieux, c'était
impossible. Pour une personne sensible aux ouvertures créées
par la résurrection, c'est une opportunité à
saisir!
Pierre proclame donc les actions
de Jésus et surtout les dons de Dieu à son égard.
Dieu était avec lui. Dieu l'a ressuscité des morts.
Dieu a aussi ménagé une stratégie de communication
: pourront d'abord parler de ces expériences les personnes
qui ont connu Jésus de Nazareth comme compagnons de vie quotidienne.
Ces propos de Pierre invitent à
apprécier la qualité unique de Jésus ressuscité.
Il est un signe de Dieu en action. Sa « valeur ajoutée
» est unique et insurpassable. Perdrons-nous longtemps notre
temps à nous imaginer que d'autres messagers de Dieu peuvent
nous apporter plus et mieux que Jésus?
Choisir les bons ingrédients
1
Corinthiens 5, 6b-8
Nous avons bien du mal à saisir la logique alimentaire juive.
Concernant le rejet temporaire du levain, nous ne devons pas limiter
notre interrogation aux équations chimiques. Il faut surtout
considérer la symbolique théologique incluse dans
les prescriptions du Lévitique (2,
11-12).
Le levain entre dans la confection
de plusieurs aliments de haute qualité. Pourquoi est-il interdit
dans la préparation des offrandes végétales
déposées sur l'autel des sacrifices ou pendant la
semaine de la Pâque juive? Le levain déclenche une
transformation. La matière n'est plus dans son état
premier, naturel. Le levain (et le miel qui l'active) est ainsi
associé à la multiplication des créatures déclenchée
par le Créateur au premier chapitre de la Genèse.
Le levain permet donc de jouer un des rôles qui revient au
Créateur.
Logiquement, lorsqu'on veut entrer
dans une communication avec Dieu qui lui fasse toute la place, on
doit s'éloigner d'un ingrédient qui est en train de
se multiplier par son propre pouvoir. On se débarrasse donc,
avant la Pâque juive, de toute trace de levain, laissant à
Dieu seul le soin de redémarrer la machine biologique de
production du levain.
Jouant sur ce précepte, Paul
qualifie de « vieux ferments » la perversité et
le vice, qui ne conviennent pas aux coeurs qui entrent dans la fête
de la Vie. Nous comprenons qu'il nous invite à ne laisser
s'activer en nous que de bons ferments tout neufs, implantés
par Dieu lui-même... Ainsi ajustés (rendus droits par
la « droiture ») à Dieu et conscients de sa révélation
(« la vérité »), nous devenons de plein
droit participants à la Fête des fêtes.
Destination mieux connue
Colossiens
3, 1-4
Pour apprécier ces propos attribués à Paul,
il faut avoir en tête la carte géographique de l'univers
tel que perçu il y a deux millénaires. La zone divine
est en haut. C'est là que se dirigent l'imaginaire et le
désir des populations.
L'affirmation croyante est sans équivoque
: « c'est là qu'est le Christ, assis à la droite
de Dieu ».
Autrement dit, celui qui est
le préféré de Dieu accomplit tous les rêves
de l'humanité. C'est la nouvelle réalité. Et
elle est accessible à quiconque enfouit sa vie dans la mort
du Christ.
Sommes-nous prêts à
devenir plus humains en enfouissant, nous aussi, notre mort avec
celle de Jésus? C'est déjà mieux que de nous
limiter à ces conversations souvent entendues dans les salons
funéraires : « Qu'est-ce qui nous dit qu'il y a vraiment
quelque chose de l'autre côté? » Il y a mieux
: il y a quelqu'un, déjà en place, en train de regarder
de haut les petites mesquineries d'ici-bas!
Alain Faucher, ptre
Directeur des programmes de premier cycle
en études bibliques, études pastorales et théologie
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval
Source: Le Feuillet biblique,
no 2007. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
C'est chez toi que je veux célébrer
la Pâque
|