La nouvelle
création
Jésus
apparaît à ses disciples (Jean 20, 19-23)
Autres lectures : Actes
2, 1-11; Ps 103 (104);
1
Corinthiens 12, 3b-7.12-13
L'évangéliste Jean suggère, par différents
indices, que la résurrection de Jésus inaugure un
monde nouveau. Lorsque Marie de Magdala se présente au tombeau,
les ténèbres couvrent encore la terre, comme au début
du monde, avant la création de la lumière (Jn
20, 1). La semaine qui sépare les deux premières
apparitions aux disciples (Jn
20, 19.26) fait penser à celle de la création.
Enfin la manière dont est raconté le don de l'Esprit
renvoie au récit de la création de l'homme : Alors
Yahvé Dieu modela l'homme (
), il insuffla dans ses
narines une haleine de vie et l'homme devint un être vivant
( Gn 2, 7). On rejoint ainsi certains traits de la présentation
faite par Luc de la venue de l'Esprit lors de la Pentecôte.
Il y a là plus qu'un simple
revêtement littéraire; il s'agit d'une véritable
théologie. La mort et la résurrection de Jésus,
le don de l'Esprit Saint ont fait entrer le monde dans une étape
absolument nouvelle de son histoire; le monde ancien s'en est allé,
une création nouvelle est en train de naître.
Jésus se manifeste
La première partie du texte
(vv.
19-20) est caractéristique des récits d'apparitions
dites « de reconnaissance ». Jésus se rend présent
et donne des signes précis pour établir son identité.
Il n'est évidemment pas possible d'expliquer le comment de
la manifestation de Jésus. Celui-ci est entré dans
le monde de Dieu (cf. Jn
13, 1) et il échappe désormais aux lois de la
nature. Les indices qu'il fournit pour aider les disciples à
le reconnaître sont les marques de la passion (v.
20). Celui qui est maintenant vivant est bel et bien le même
qui a souffert et est mort sur la croix. La résurrection
n'efface pas le passé, elle le transfigure et Jésus
demeure pour toujours le crucifié. Mais la croix, instrument
de mort, est devenue signe de victoire (cf. Jn
3, 14; 8,
38; 12,
34.36). À la vue de Jésus, les disciples sont
remplis de joie, ce qui correspond à une annonce que Jésus
avait faite dans son discours d'adieu : Je vous verrai de nouveau
et votre cur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous
l'enlèvera (Jn 16, 22).
La mission des disciples
Le Père a envoyé le
Fils dans le monde non pas pour le juger mais pour le sauver (cf.
Jn
3, 17). À son tour, Jésus envoie ses disciples,
chargés de la même mission (v.
21). Le don de l'Esprit va faire d'eux des hommes nouveaux,
associés à la mission du ressuscité.
La mission confiée aux disciples
consiste à remettre les péchés ou à
les maintenir (v.
23). Jésus ressuscité partage avec Dieu le pouvoir
de remettre les péchés (cf. 1
Jn 1, 9; 2,
12) et les disciples sont désormais associés à
cette mission.
En tant que responsables des communautés
chrétiennes, il leur revient de maintenir le bon ordre et
de s'assurer que la foi et la discipline soient respectées
par tous. On sait que des mesures disciplinaires, allant parfois
jusqu'à l'exclusion, ont été appliquées
dès les débuts de l'Église (cf. Mt
18, 15-17; 1
Co 5, 9-13). La parole de Jésus apporte la garantie de
l'Esprit Saint aux décisions prises; ce que les responsables
auront décidé sera reconnu en même temps dans
le Royaume de Dieu.
La perspective qui s'exprime ici
est plus restreinte que celle de Paul ou que celle des Actes.
Le Saint-Esprit est donné au groupe des disciples immédiats
de Jésus pour leur permettre d'assumer leur tâche de
gouvernement dans l'Église (cf. 1
Co 12, 27-30). Mais ce texte, écrit sans doute en fonction
d'une situation particulière, n'épuise pas toute la
pensée de Jean sur l'Esprit Saint. Ailleurs l'évangéliste
exprime clairement que le don de l'Esprit renouvelle toute personne
qui met sa foi en Jésus (cf. Jn
3, 4-8; 7,
37-39; 19,
30).
Jérôme Longtin, ptre
Bibliste
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil
Source: Le Feuillet biblique,
no 2014. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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