Le monde
à l'envers!
Le
baptême de Jésus (Matthieu 3, 13-17)
Autres lectures : Isaïe
42, 1-4.6-7; Ps 28 (29);
Actes
des Apôtres 10, 34-38
C'est devenu la mode dans plusieurs médias lorsqu'on veut
donner l'impression de réfléchir : on dénigre
systématiquement tout ce qui ressemble à un rite de
la tradition de l'Église. Il y a quelques années,
lors du décès accidentel d'une artiste de la télévision,
plusieurs se réjouissaient de participer enfin à des
funérailles que l'on annonçait sans référence
religieuse et fortement personnalisées. Le côté
révolutionnaire de l'événement fut vite occulté
par le site et le contenu : les funérailles civiles et sans
dieu eurent lieu dans une église et incluaient du chant grégorien!
Malgré l'ironie de la chose, plusieurs personnes ont continué
à se gargariser de leur soi-disant libération... Inconscience
ou malveillance?
Cette contestation ratée fait
sourire aujourd'hui. De nombreuses familles sont encore soulagées
de bénéficier du soutien de leur paroisse lorsqu'elles
traversent un deuil. Pourtant, la contestation amplifiée
par les médias témoignait d'un malaise rampant. Bien
des gens se privent du soutien des rites, uniquement parce que les
beaux parleurs ont répandu partout leur fiel contre des types
de célébrations qu'ils n'ont jamais analysés
et dont ils n'ont visiblement pas compris les bienfaits.
L'évangile présente
la démarche inverse de ces jugements bâclés.
Jésus se présente au rituel de transformation proposé
au public par un individu nommé « Dieu a fait grâce
» (transcription depuis l'hébreu du prénom «
Jean »). Devant les protestations de l'homme du désert,
Jésus déclare que cela s'accorde avec la volonté
de Dieu : il va « accomplir parfaitement ce qui est juste ».
Autrement dit, Jésus va remplir ainsi les tâches qui
conviennent à quiconque veut fonctionner en harmonie avec
Dieu.
Son passage à travers l'eau
lui fait vivre mieux que l'entrée en liberté du peuple
qui s'enfuyait jadis d'Égypte. L'évangile précise
que le statut de Jésus s'en trouve puissamment bonifié.
De cet événement public et répétitif,
le baptême proposé par Jean, surgit une proclamation
de la valeur de Jésus, publiquement marqué du sceau
de la sainteté divine. Le rite devient le véhicule
de la révélation d'une identité unique qui
s'avérera par la suite plus que bienfaisante.
Que Jésus se déplace
pour vivre un rituel aussi public nous semble renversant. Que la
voix du ciel et que l'Esprit de Dieu s'y manifestent va à
l'encontre des préjugés actuels. On passe ainsi du
« monde à l'envers » qui se manifeste dans la demande
de Jésus au « ciel sur la terre » révélé
dans les interventions de la divinité.
Alain Faucher, ptre
Directeur des programmes de premier cycle
en études bibliques, études pastorales et théologie
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval
Source: Le Feuillet biblique,
no 1996. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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