Un chemin
pour le Seigneur
La
prédication de Jean-Baptiste (Matthieu 3, 1-12)
Autres lectures : Isaïe
11, 1-10; Ps 71 (72);
Romains
15, 4-9
Jean-Baptiste connaissait le désert. Il vivait là.
Ces paysages parsemés de broussailles et de buissons desséchés
lui étaient familiers. Parfois, un feu de brousse prenait
tout seul dans quelques branches. La flamme courait alors comme
une rivière de feu. Devant le feu, les serpents et les scorpions
glissaient à toute vitesse pour fuir le péril de mort.
La flamme expulsait les petits animaux de leurs tanières.
Sur les bords du désert, lorsque la faucille coupait les
épis jusqu'aux racines, c'était au tour des mulots
et des lièvres de courir.
La fausse sécurité du passé
Dans la parabole de Jean-Baptiste,
ce sont les pharisiens et les sadducéens qui fuient la colère
de Dieu. Ils accourent auprès du prophète pour savoir
quoi faire. L'accueil est rude. Pensaient-ils se prévaloir
de leurs ancêtres? Pas question! Les mérites d'Abraham
faisaient naviguer les bateaux en sécurité, les mérites
d'Abraham faisaient tomber la pluie, les mérites d'Abraham
avaient fait entrer Moïse au ciel pour recevoir les tables
de la Loi... Le passé d'un peuple ne dispense pas ses membres
de la conversion, pas plus que le passé d'une personne ne
le dispense de l'effort.
Le chemin de l'avenir
Jean-Baptiste nous dit que le chemin
de préparation à Noël n'est pas celui des grands
magasins. Le chemin intérieur de la conversion est celui
qui doit avoir notre préférence. Au désert,
dans la rudesse du paysage, il a médité et redit les
mots d'Isaïe, son lointain ancêtre dans l'Esprit : Préparez
le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Étonnante
continuité des «nabis», les prophètes de
la Bible hébraïque!
Une esquisse de la mission de Jean-Baptiste
se trouve au livre de la Consolation (Isaïe
40-55). Là, on entend une voix proclamant le pardon après
la captivité (Ve siècle av. J.-C.). Une autoroute
allait être tracée dans le désert jusqu'à
Jérusalem. Le chemin serait aménagé pour redonner
à Israël la confiance en l'avenir. Mais maintenant,
c'est uniquement au sens spirituel qu'on lit cet oracle. Aussi,
ce n'est plus pour encourager Israël qu'on parle du chemin.
Plutôt, c'est pour ébranler ses certitudes dans la
satisfaction de soi.
Jean ouvre la voie
Un changement de conduite s'impose.
Entre Dieu et le cur de l'homme, il faut ménager une
allée royale. Pour cela, Jean est le porte-parole. Jean est
la voix par excellence, comme le dit le vieil exégète
Cornélius a Lapide, car « tout en lui était voix,
tout en lui prêchait la pénitence et la sainteté.
Ses yeux, ses mains, sa langue, son vêtement, sa nourriture,
tout en lui criait : « Faites pénitence! » Tout
son être, toute sa personne était absorbée par
sa mission. Il vivait dans l'austérité du désert
parce qu'il ne voulait être distrait que par Dieu ».
Matthieu décrit sa tenue semblable à celle d'Élie,
l'ascète qui venait d'au-delà du Jourdain. Jean
portait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de
cuir autour des reins (voir 2
Rois 1, 8). Sa nourriture est rudimentaire : Il se nourrissait
de sauterelles et de miel sauvage. Aurait-il prévu la
culture de l'obésité? Son langage est incisif : La
paille? Elle brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas.
Le précurseur de Jésus ne semble pas savoir, à
la différence de nous, chrétiens, qu'avant le jugement,
il y aura d'innombrables gestes de miséricorde. Dans la douceur,
Jésus et les prêtres de son Église vont accueillir
les pécheurs qui se repentent.
Pierre Bougie, PSS
Professeur au Grand Séminaire de Montréal
Source: Le Feuillet biblique,
no 1991. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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