Persévérer
dans le témoignage
Annonce
de la destruction du Temple (Luc 21, 5-19)
Autres lectures : Malachie
3, 19-20a; Ps 97 (98);
2
Thessaloniciens 3, 7-12
Comme dernier discours, comme message d'adieu à Jérusalem,
Jésus aurait pu choisir des propos un peu plus positifs,
moins catastrophiques. Mais derrière ces paroles, il faut
surtout reconnaître la marque de l'évangéliste
Luc et les préoccupations de l'Église au moment de
la rédaction de ces lignes. La communauté chrétienne
vit alors des heures troubles. Le temple de Jérusalem, la
sainte, la capitale religieuse de la Judée, a été
détruit une dizaine d'années auparavant par l'armée
romaine. L'empereur Néron a entrepris une série de
persécutions à l'endroit des fidèles du Christ.
Les événements donneraient-ils raison aux soi-disant
prophètes qui proclament que la fin du monde approche?
Les paroles de Jésus se veulent
rassurantes. Ou plutôt, elles remettent les choses en perspective.
Les guerres et les soulèvements sont des choses qui doivent
arriver. Ce sont des soubresauts de l'histoire humaine, qui s'en
va résolument vers l'avènement du Royaume de Dieu.
Mais leur violence n'est pas un signe de l'imminence de ce Règne.
À partir du verset
12, l'évangéliste offre une vision de ce qu'il
entrevoit pour l'avenir de l'Église. Il y aura d'abord un
temps de persécution qui se soldera non pas par l'extinction
de la Bonne Nouvelle mais par son expansion. Les menaces, procès
et confrontations sont autant d'occasion d'affirmer sa foi avec
courage et fermeté. C'est à ce prix que l'Évangile
continuera son uvre en ce monde.
L'Église a traversé
les siècles et a affronté bien d'autres épisodes
de persécutions, de bouleversements internes et externes,
de remises en question. Et d'ailleurs, ne sommes nous pas aujourd'hui
même au cur d'une de ces périodes de troubles?
Combien de points de repères familiers nous échappent
soudain? Les institutions de l'Église et ses liens avec la
société en général s'effritent. Les
effectifs religieux et sacerdotaux vont sans cesse en diminuant,
du moins dans notre coin de planète. Des scandales impliquant
des ecclésiastiques éclatent. Des paroisses disparaissent,
des églises ferment... Serions-nous en train de vivre ce
que Jésus disait du Temple : des jours viendront où
il n'en restera pas pierre sur pierre: tout sera détruit?
Dans une certaine mesure, peut-être
bien. Nous assistons à la fin d'un certain nombre de «
temples ». Nous disons adieu à des réalités,
des structures, des lieux auxquels nous sommes attachés,
qui ont toujours fait partie de notre paysage religieux. Devant
ces faits, nous pouvons réagir par la crainte, le découragement,
le fatalisme: c'est la fin! Il n'y a plus rien à espérer,
ni de Dieu, ni des êtres humains. Nous pouvons aussi prendre
au sérieux les propos de Jésus en ce dimanche et considérer
les difficultés du temps présent comme des occasions
de rendre témoignage. C'était vrai à l'époque
où l'Église était persécutée
par les Romains: pourquoi ne le serait-ce pas aujourd'hui? Bien
sûr, les circonstances sont différentes. Nous n'avons
pas à craindre pour notre vie en proclamant notre foi en
Jésus Christ. Les périls, les épreuves, les
écueils ne sont pas les mêmes pour nous que pour les
premiers chrétiens. Mais ils sont bien réels! C'est
pourquoi la détermination des premiers apôtres, des
Pierre, Paul et Étienne, ont de quoi nous inspirer. Tout
comme, bien entendu, la dernière phrase de Jésus dans
l'évangile de ce dimanche : C'est par votre persévérance
que vous obtiendrez la vie.
Jean Grou, bibliste
Source: Le Feuillet biblique,
no 1988. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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