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Vingt-huitième dimanche ordinaire C - 10 octobre 2004
 
Foi + Joie = Merci

Guérison de dix lépreux (Luc 17, 11-19)
Autres lectures : 2 Rois 5, 14-17; Ps 97 (98);
2 Timothée 2, 8-13

 

Luc a raconté l'histoire d'un Samaritain guéri de la lèpre qui est venu remercier Jésus.

     Un malaise déplorable existait dans les relations avec les Samaritains. C'était le résultat d'une guerre civile un siècle plus tôt entre eux et les autres habitants de la Palestine. Double handicap : à l'époque de Jésus, les lépreux devaient vivre en marge des lieux habités et ils étaient considérés comme impurs. Tellement que, le vent d'ouest étant dominant à Jérusalem, il leur était interdit de vivre à l'ouest du temple pour que le vent ne souffle pas leur odeur sur le Lieu sacré et rende ainsi impure la maison de Dieu.

     Jésus était en marche vers Jérusalem quand dix lépreux sont venus à sa rencontre tout en se tenant loin de lui. Ils ont crié une prière : Jésus, maître, prends pitié de nous. Jésus les a envoyés se montrer aux prêtres. La Loi de Moïse le prévoyait afin de vérifier une guérison et ainsi rendre la réintégration possible dans la communauté. En même temps, un contraste est établi au niveau symbolique. Les institutions juives ne peuvent rien pour les malades. À peine ses prêtres peuvent-ils constater que les lépreux ont recouvré la santé. Seul le Sauveur est capable de faire quelque chose. Dans la pensée juive du temps de Jésus, la maladie est signe du péché. Le malade est déclaré impur. Il est, de ce fait, exclu temporairement de sa communauté, «excommunié».

     La lèpre est l'expression presque parfaite du péché. Les dix lépreux du récit sont rejetés et ne peuvent prétendre participer aux bienfaits spirituels de leur communauté. Neuf d'entre eux, alors qu'ils sont guéris, ne se rapprochent pas de Jésus, pas plus qu'avant leur guérison. Ils n'appartiennent pas à ceux qui suivent Jésus. Un seul des lépreux guéris, un Samaritain, a été remis en santé spirituelle. Le nom « juif » vient de yadah (hébreu) qui veut dire louer (par reconnaissance). Le véritable « juif », dans le sens profond du mot, c'est le Samaritain. Il est digne des psalmistes qui à l'école de David remerciaient Dieu dans leurs poésies.

     Le texte laisse les neuf lépreux dans un certain anonymat. On ne sait rien de leur personnalité, à part le fait de la maladie qui, seule, paraît les définir. Il en est autrement du Samaritain. C'est un enthousiaste. Il revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Lui dont les lèvres étaient peut-être rongées par la lèpre, il est maintenant capable de crier sa joie à pleins poumons. Il est humble, car il se jette aux pieds de Jésus. Il jouit d'une grande vertu : l'esprit de gratitude. Aussi il reconnaît en Jésus l'envoyé de Dieu.

Pierre Bougie, PSS
Professeur au Grand Séminaire de Montréal

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1983. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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