Le bouleversant
destin de Jésus
Profession
de foi de Pierre (Luc 9, 18-24)
Autres lectures : Zacharie
12, 10-11; 13,
1; Ps 62 (63);
Galates
3, 26-29
La Bonne Nouvelle proclamée aujourd'hui commence par un
geste significatif dont l'évangile de Luc a le secret.
Jésus prie à l'écart comme il le fait à
chaque tournant décisif de sa vie. Plusieurs théologiens
ont suggéré que cette prière était un
exemple que le Maître voulait donner à ses disciples.
Le Christ, étant Dieu, savait depuis toujours qu'il serait
crucifié et qu'il ressusciterait. Il n'avait donc pas besoin
de dialoguer avec son Père pour connaître sa volonté.
En revanche, certains théologiens,
qui insistent plus sur la nature humaine de Jésus, proposent
que Jésus ne connaissait pas d'avance son destin. Il aurait
perçu progressivement à travers la prière et
les événements qu'il était le Messie qui devait
sauver Israël. En plus, il aurait pris conscience qu'il était
le Fils de l'Homme, une figure tirée du prophète Daniel
(Dn
7, 13-14) indiquant sa nature divine. Jésus a aussi compris
que sa mission messianique devait s'effectuer dans l'amour, la paix
et le pardon. Le Seigneur a vite constaté qu'Israël
n'était pas prêt à le suivre dans cette voie.
Le peuple attendait un sauveur politique qui délivrerait
les fils d'Abraham de l'oppression romaine. Les élites religieuses
(Anciens, chefs des prêtres et scribes) ne pouvaient concevoir
qu'un être humain puisse aussi être Dieu. Le Seigneur
a rapidement ressenti l'hostilité des siens. Il a aussi saisi
que son exécution marquerait le terme de son ministère.
Mais il devinait aussi que son Père ne le lâcherait
pas. La résurrection semblait donc être le seul chemin
qui permettrait au Messie de réaliser sa mission.
Devant l'échéance de
la croix et l'incompréhension de la foule, Jésus a
fait le choix d'instruire un petit groupe de personnes sur sa destinée
: les apôtres. Ces personnes, par l'intermédiaire de
Pierre, affirment que Jésus est le Messie. Mais les disciples
partagent encore la conception populaire que leur Maître est
un futur roi qui va chasser l'envahisseur romain. Jésus doit
donc rectifier leur pensée en leur disant qu'il est Dieu
et qu'il apporte un rachat spirituel. Il leur présente aussi
un avenir peu réjouissant : la croix qui sera cependant suivie
de la résurrection. Il conclut en enseignant que la souffrance
constitue l'unique chemin du salut. Il est facile d'imaginer la
consternation des gens qui ont entendu ces instructions. Il serait
intéressant de se questionner et de voir notre propre réaction
face à cet Évangile. Cette réponse fournira
de précieux éléments sur l'état de notre
vie chrétienne.
Benoît Lambert, bibliste
Québec
Source: Le Feuillet biblique,
no 1976. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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