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Douzième dimanche ordinaire C - 20 juin 2004
 
Le bouleversant destin de Jésus

Profession de foi de Pierre (Luc 9, 18-24)
Autres lectures : Zacharie 12, 10-11; 13, 1; Ps 62 (63);
Galates 3, 26-29

 

La Bonne Nouvelle proclamée aujourd'hui commence par un geste significatif dont l'évangile de Luc a le secret. Jésus prie à l'écart comme il le fait à chaque tournant décisif de sa vie. Plusieurs théologiens ont suggéré que cette prière était un exemple que le Maître voulait donner à ses disciples. Le Christ, étant Dieu, savait depuis toujours qu'il serait crucifié et qu'il ressusciterait. Il n'avait donc pas besoin de dialoguer avec son Père pour connaître sa volonté.

     En revanche, certains théologiens, qui insistent plus sur la nature humaine de Jésus, proposent que Jésus ne connaissait pas d'avance son destin. Il aurait perçu progressivement à travers la prière et les événements qu'il était le Messie qui devait sauver Israël. En plus, il aurait pris conscience qu'il était le Fils de l'Homme, une figure tirée du prophète Daniel (Dn 7, 13-14) indiquant sa nature divine. Jésus a aussi compris que sa mission messianique devait s'effectuer dans l'amour, la paix et le pardon. Le Seigneur a vite constaté qu'Israël n'était pas prêt à le suivre dans cette voie. Le peuple attendait un sauveur politique qui délivrerait les fils d'Abraham de l'oppression romaine. Les élites religieuses (Anciens, chefs des prêtres et scribes) ne pouvaient concevoir qu'un être humain puisse aussi être Dieu. Le Seigneur a rapidement ressenti l'hostilité des siens. Il a aussi saisi que son exécution marquerait le terme de son ministère. Mais il devinait aussi que son Père ne le lâcherait pas. La résurrection semblait donc être le seul chemin qui permettrait au Messie de réaliser sa mission.

     Devant l'échéance de la croix et l'incompréhension de la foule, Jésus a fait le choix d'instruire un petit groupe de personnes sur sa destinée : les apôtres. Ces personnes, par l'intermédiaire de Pierre, affirment que Jésus est le Messie. Mais les disciples partagent encore la conception populaire que leur Maître est un futur roi qui va chasser l'envahisseur romain. Jésus doit donc rectifier leur pensée en leur disant qu'il est Dieu et qu'il apporte un rachat spirituel. Il leur présente aussi un avenir peu réjouissant : la croix qui sera cependant suivie de la résurrection. Il conclut en enseignant que la souffrance constitue l'unique chemin du salut. Il est facile d'imaginer la consternation des gens qui ont entendu ces instructions. Il serait intéressant de se questionner et de voir notre propre réaction face à cet Évangile. Cette réponse fournira de précieux éléments sur l'état de notre vie chrétienne.

Benoît Lambert, bibliste
Québec

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1976. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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