Quelle
est donc l'identité de Jésus?
La
Transfiguration de Jésus (Luc 9, 28b-36)
Autres lectures : Genèse
15, 5-12.17-18; Ps 26 (27);
Philippiens
3, 17 - 4, 1
Le récit de la transfiguration est riche d'évocations
: la nuée symbolise la présence divine; les vêtements
d'une blancheur éclatante suggèrent la lumière,
la transcendance; la voix de Dieu, le dialogue entre Jésus
et Moïse, le législateur, puis le prophète Élie,
le pourfendeur, établissent un lien avec le Premier Testament.
Ce récit installe une atmosphère de gloire, mais aussi
se colore de l'exode douloureux qui vient.
Une ambiance de gloire
Le texte affirme que Jésus
prit avec lui Pierre, Jean et Jacques et il alla sur la montagne
pour prier (v. 28). Luc fait voir avec insistance que l'être
filial profond de Jésus se révèle dans les
moments de prière où il est en dialogue avec son Père.
Pour faire saisir cette réalité, l'auteur décrit
le visage de Jésus qui se transforme comme celui de Moise
au Sinaï (Exode
34, 29). Jésus est si lié à Dieu, si proche
de Dieu qu'il est son Fils : Celui-ci est mon Fils, celui que
j'ai choisi (v. 35). Dans l'expérience transformante
de la prière, Jésus l'Élu, regarde aussi vers
la passion dont a parlé Luc quelques versets avant la scène
actuelle (9,
21). Et ses compagnons, constitués disciples (9,
20), quelle est leur expérience?
Pierre, Jacques et Jean sont complètement
dépassés par l'événement. On le voit
dans cette réplique ou ils veulent s'installer dans le présent
de la gloire. Ils se montrent inconsistants, inintelligents et silencieux,
semblant oublier qu'ils sont inscrits dans l'histoire du salut et
qu'ils auront à porter les abaissements de la passion. La
révélation de la grandeur et de la dignité
cachée de Jésus est là pour les aider à
atténuer le scandale de la croix.
Une atmosphère d'exode
Le temps du récit est un temps
tourné vers la passion. Le départ a été
annoncé. Les disciples, accablés de sommeil (v.
32), comme au soir de l'agonie, expérimentent leur corps
charnel, susceptible de souffrir, de flancher. Ils n'ont pas, comme
l'exprime Paul, accédé à un corps de gloire,
c'est-à-dire à un corps totalement investi par l'Esprit.
Jésus, lui, vit dans la liberté de ce corps de gloire,
présence de Dieu parmi nous. Dans la prière comme
dans l'épreuve, il est le Fils qui se tient dans l'intimité
du Père. Il n'est pas seul : le Seigneur Dieu l'enveloppe
et le nourrit de sa présence, aux heures de puissance et
aux heures de souffrance.
Julienne Côté, CND
Professeure au Collège Régina Assumpta
Source: Le Feuillet biblique,
no 1961. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Choisir Dieu, rien que Dieu!
|