Centrés
sur le Père
Jésus
juge les scribes et les pharisiens (Matthieu 23, 1-12)
Autres lectures: Malachie
1, 14b - 2, 1.2b.8-10;
Ps 130 (131); 1
Thessaloniciens 2, 7b-9.13
Notre éducation spirituelle a toujours inclus un volet de
mise en garde contre la gloriole et les titres ronflants. Peut-être
avons-nous présupposé l'automatisme de l'orgueil!
Comme si les marques d'honneur étaient toujours déplacées
et superflues... En effet, les titres reflètent des mécanismes
essentiels pour la gouverne des associations, des mouvements et
de la société. Les titres doivent correspondre à
des fonctions de l'organisation. Il est juste et bon pour un groupe
humain d'être sagement dirigé par des gens qui y consacrent
temps et énergie. Il est réconfortant de sentir que
les tâches sont réparties avec équilibre et
justice.
Par contre, constater qu'un ou plusieurs
leaders se contentent des honneurs et de l'étalage public
de leur importance s'avère angoissant pour les membres d'une
association. Surtout si c'est au détriment du service efficace
requis par leurs membres sans panache. En ce sens, les mises en
garde de l'évangile gardent toute leur pertinence. Elles
occupent d'ailleurs une bonne place au palmarès des textes
mémorables. L'image des fardeaux pesants dont on affuble
les gens sans leur fournir d'aide est restée gravée
dans bien des mémoires comme indicateur privilégié
d'incohérence entre le dire et le faire!
Les paroles de Jésus sont
donc d'actualité deux millénaires plus tard. Ce consensus
actuel quant à leur pertinence est un bien faible écho
de leur force originelle. Jésus frappe au coeur des préoccupations
centrales des groupes humains auxquels il adresse ses propos. Loin
d'être une mince façade de parade, le titre d'une personne
était dans la société méditerranéenne
un reflet de son rôle dans le groupe. Être et surtout
paraître à la hauteur de ce rôle exigeait une
dépense d'énergie de tous les instants. Car le rôle
décrivait toute la consistance personnelle.
En recentrant toute l'attention des
auditeurs sur le Père qui est aux cieux, Jésus fait
fi de tous les intermédiaires. Il invite la foule et les
disciples à ne jamais perdre de vue celui qui véritablement
est la source de tous les bienfaits. Nous trouvons bien vigoureux
et pertinent cet avertissement de Jésus. En son temps, ses
auditeurs ont dû en être stupéfaits! Car ce que
Jésus préconise, ce n'est rien de moins qu'une recomposition
sociale totale. On ne propose pas à la légère
un tel remaniement social, surtout dans un contexte où la
survie du groupe est sans cesse menacée par la force impériale
de Rome. Jésus est mort trop vite à cause de telles
déclarations! N'oublions pas cette conséquence de
ses paroles lorsque nous nous donnons la peine d'en écouter
aujourd'hui l'écho.
Alain Faucher, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1900. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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