L'unité
des deux amours
Le
premier de tous les commandements (Matthieu 22, 34-40)
Autres lectures: Exode
22, 20-26; Ps 17 (18); 1
Thessaloniciens 1, 5c-10
Dans tous les méandres du labyrinthe des 613 préceptes
de la loi mosaïque, il devait bien se dégager quelque
chose d'essentiel. Il est dès lors compréhensible
que la recherche donnait lieu à des discussions théologiques.
Le culte des idoles constitue-t-il le péché le plus
grave? N'est-ce pas plutôt le respect absolu du Sabbat? Ou
encore la question adressée à Jésus par le
Pharisien?
C'est bel et bien un scribe, un spécialiste
de la Loi qui demande « quel est le grand commandement »
(v. 36). Le motif de sa demande ne semble pas un approfondissement
de la question, mais il a l'intention de piéger Jésus,
de le prendre en défaut. La réplique de Jésus
sera sobre, claire, précise, voir péremptoire, sans
réplique possible: il n'explique pas pourquoi le commandement
est grand. Il affirme que les hommes et les femmes doivent polariser
toutes leurs énergies affectives et rationnelles, doivent
rassembler toutes les dimensions de leur personne pour aimer Dieu
(v. 37).
Cette réponse, le scribe la
connaît, mais pour ce qui est du second [commandement]
qui lui est semblable : « Tu aimeras ton prochain comme
toi-même » (v. 39), le connaisseur de la Loi en a-t-il
vu toutes les implications? A l'époque, n'excluait-on pas
l'impur et l'étranger? ne méprisait-on pas la prostituée
et les Samaritains? Ces gens-là, pour Jésus, était
le prochain qu'il côtoyait, avec qui il mangeait. Jésus,
à l'image de son Père, possède un coeur compatissant
pour les malheureux, ceux qui sont sans pouvoir et sans argent.
En fait, la réponse de Jésus
s'appuie sur l'Écriture, sur la Tora. La magnifique prière
du « Shema Israël », « Écoute,
Israël », au livre du Deutéronome, se
lit ainsi : « Tu aimeras Yahvé, ton Dieu, de tout
ton coeur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Ces paroles
que je te commande aujourd'hui, qu'elles soient sur ton coeur!
» (vv. 5-6). Quant à l'amour du prochain, le livre du
Lévitique affirme de ne pas voler, de ne pas exploiter le
prochain, de ne pas le haïr, de ne pas se venger, etc. «
Mais tu aimeras ton prochain comme toi-même »
(vv. 11-18).
Autrement dit, Jésus fournit
à la fois un réel défi et un éclairage
lumineux. Aimer concrètement le prochain, ce n'est pas égoïstement
chercher son propre intérêt, mais bien plutôt
celui de Dieu. Ou encore ce n'est pas uniquement aimer le prochain
comme soi-même, mais offrir au prochain l'estime que j'accorde
à Dieu, Lui qui entend le cri de ceux et celles qui souffrent.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1899. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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