Obéir
à Dieu ou aux hommes?
L'impôt
dû à César (Matthieu 22, 15-21)
Autres lectures: Isaïe
45, 1.4-6; Ps 95 (96); 1
Thessaloniciens 1, 1-5b
Voilà une question qui sollicite les croyants et objecteurs
de conscience. Comment discerner dans les ordres humains qui nous
sont imposés ceux qui sont compatibles avec la volonté
de Dieu et ceux qui ne le sont pas?
Pouvons-nous résister aux
autorités humaines et politiques, et dans quel cas? Certains
pouvoirs humains, de type absolu et totalitaire, ne respectent pas
la conscience de leurs sujets; alors il faut résister. Rappelons-nous
la réponse des apôtres aux membres du Grand Conseil
qui voulaient les empêcher d'annoncer l'Évangile :
« Mieux vaut obéir à Dieu qu'aux hommes. Nous
ne pouvons certes pas taire ce que nous avons vu et entendu
» (Actes 4,19 et 5,29).
L'impôt
Au temps de Jésus, on levait
différents impôts et taxes. Les Juifs, payaient l'impôt
du Temple, mais comme ils vivaient sous la gouverne romaine, ils
devaient aussi acquitter des taxes de péage et de douane
ainsi que l'impôt ou le tribut capital (par tête), les
vieillards et les enfants en étaient exemptés.
Il fallait payer l'impôt avec
l'argent romain. Or les pièces romaines étaient à
l'effigie de l'empereur, avec l'inscription : Tibère,
empereur, fils du divin Auguste, Auguste lui-même. La
formulation se comprend dans le cadre de la religion officielle
romaine où l'empereur est divinisé. Les Juifs y voient
un double offrant, s'ajoutent à l'obligation de payer l'impôt
à une puissance étrangère humiliante. Non seulement
l'image de l'empereur contrevient à l'interdiction de représenter
Dieu ou un être humain, mais aussi la divinisation de l'empereur
est incompatible avec Yahwé le seul Dieu et souverain universel.
C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la question posée
à Jésus au sujet de l'impôt.
Est-il permis de payer l'impôt?
Le génie de Jésus est de bien comprendre la problématique
de ses interlocuteurs, mais de ne pas entrer dans la problématique
du permis et de l'interdit. Il veut plutôt redonner son sens
à chaque réalité; ce qu'il faut faire devient
alors plus clair. Il démasque l'hypocrisie de ceux qui lui
tendent un piège. Jésus leur demande de lui montrer
la monnaie qui sert à payer l'impôt. Or voilà
qu'eux-mêmes ont cette pièce d'argent dont les pharisiens
disent qu'elle est une insulte au vrai Dieu. Jésus les amène
ensuite à l'identifier et àr econnaître l'autorité
impériale. Et Jésus de répondre : « Rendez
à César ce qui est à César et à
Dieu ce qui est à Dieu ». Sa réponse a une
double conséquence, comme les deux côtés de
la pièce de monnaie. D'abord, une face négative :
ne pas faire de l'empereur un dieu, même s'il se prétend
le divin Tibère César. Ensuite, une face positive
: lui retourner sa monnaie mais rendre à Dieu ce qui lui
revient, c'est-à-dire TOUT. Jésus n'érige pas
deux ordres distincts: le terrestre et le divin, qui n'aurait aucun
rapport avec le terrestre. Dieu a des exigences dans tous les domaines.
Laurent Lafontaine, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1898. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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