R.S.V.P.
Le
banquet de noces (Matthieu 22, 1-14)
Autres lectures: Isaïe
25, 6-9; Ps 22 (23); Philippiens
4, 12-14.19-20
Quand avez-vous pris part à un repas de noces pour la dernière
fois? Il y a quelques jours? Quelques mois? Quelques années?
Ça n'arrive pas à tous les jours... Aussi, on en garde
habituellement un souvenir heureux. Un tel événement
se veut un temps de réjouissance et de bien-être partagé.
Pas étonnant que la Bible recourt souvent à l'image
du festin de noces pour traduire la joie à laquelle Dieu
nous appelle auprès de lui. Comme dans cette parabole des
invités au festin.
En fait, la parabole s'apparente
à une allégorie, c'est-à-dire une mise en scène
où chaque élément représente une réalité
bien précise. Ainsi, le roi représente Dieu, image
courante pour le décrire dans l'Ancien Testament. Le festin
illustre le bonheur messianique. Le fils du roi, c'est le Christ,
la raison d'être de l'invitation. Les envoyés représentent
les prophètes et les apôtres, qui interpellent le peuple
au risque de leur vie. Les invités, ce sont les Juifs qui
refusent d'adhérer au Christ et à son message. Les
inconnus invités à leur place, ce sont tous ceux que
l'Église accueille dans leur diversité. L'incendie
de la ville serait la destruction de Jérusalem en l'an 70,
drame que les chrétiens d'alors voyaient comme une punition
divine causée par le refus des Juifs de croire en Jésus.
Cette allégorie explique comment
l'Église a pris forme et rend compte de sa composition à
l'époque de l'évangéliste. Les Juifs ayant
refusé de suivre Jésus, les apôtres n'ont eu
d'autre choix que de se tourner vers les païens. Dans sa grande
bonté, Dieu invite les bons comme les mauvais. Si le récit
se terminait au verset
10, le message serait simple : les Juifs ont eu tort de refuser
l'invitation. Ils ont raté leur chance. À nous chrétiens
et chrétiennes d'en profiter. Or, l'évangéliste
introduit une nouvelle scène au récit (vv.
11-14) qui évite une telle lecture.
Dans la logique de l'allégorie,
les nouveaux invités correspondent à celles et ceux
qui ont répondu à l'appel du Christ. Le fait de ne
pas porter le vêtement approprié signifie davantage
qu'un simple accroc aux convenances. Le vêtement révèle
les sentiments intérieurs du personnage. Ce convive se présente
à la fête sans avoir l'intention d'y participer vraiment.
En d'autres termes, dire oui du bout des lèvres ne suffit
pas. Le refus des premiers invités dans les versets
1 à 10 devient alors bien plus qu'une flèche dirigée
contre les Juifs. L'ensemble de la parabole souligne que le Royaume
n'est pas un droit mais un don, une grâce du Seigneur dans
son immense amour. Le refus des uns n'entraîne pas le droit
des autres à quelque dû que ce soit de la part de Dieu.
Pour que le don soit réel, il doit y avoir une réponse
appropriée.
Jean Grou
Source: Le Feuillet biblique,
no 1897. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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