La croix,
exigence d'amour
Profession
de foi de Pierre (Matthieu 16, 13-20)
Autres lectures:Jérémie
20, 7-9; Ps 62 (63); Romains
12, 1-2
Pierre, à Césarée, dans un moment de révélation
accordée par le Père, confesse que Jésus est
Messie. Aussitôt après, Pierre devient, pour Jésus,
non seulement le rouspéteur, mais l'adversaire, le tentateur.
En désaccord profond avec les propos de Jésus, il
pose un obstacle sur le chemin du Maître, comme une pierre
pour faire trébucher. Sa vision de ce qui vient est conforme
à celle que le monde spontanément se fait: celle d'une
route facile, ajustée aux vues humaines. Pierre, à
cet instant, dans sa conception biaisée du Messie, atteint
la notion même du vrai Dieu, Dieu d'amour et de pardon.
L'itinéraire de Jésus
L'élément frappant
et radical dans les paroles de Jésus est la prise de conscience
d'un enjeu dont sa vie est l'objet : Il faut monter à
Jérusalem (v. 21). De quelle nécessité
s'agit-il? Il s'agit sûrement de la nécessité
d'être cohérent avec ses paroles et ses gestes (13,
54), dans un contexte social et politique tendu, et un contexte
religieux dominé par « des anciens, des grands prêtres
et des scribes » qui, pour Jésus, ne s'adressent pas
aux petits et aux exclus. Jésus ne veut pas échapper
à son combat, à l'amour qui l'habite comme un feu
dévorant. Lui qui comprend profondément le dessein
de bonheur de Dieu veut réaliser la volonté du Père
et accomplir les Écritures (26,
54-56). Après la désobéissance d'Adam,
un autre « devait communier de tout son être à
l'offre d'alliance que Dieu avait faite à l'humanité
». Il ne s'agit pas ici de résignation, de fatalité,
de culte malsain de la souffrance, mais de la transformation de
la fatalité en puissance de vie, de service et d'amour qui
va jusqu'au bout.
La croix vécue au quotidien
Le conseil de Jésus à
Pierre est un mot de grâce: il l'invite à reprendre
la place de disciple : Passe derrière moi (v. 23)
. Le disciple dans son appartenance au Christ inscrit dans sa vie
l'ouverture à Dieu et l'amour du prochain, et cela inclut
le renoncement à soi, et la nécessité de porter
la croix qui se profile quotidiennement dans notre monde. Le projet
qui englobe le souci du bonheur d'autrui, le projet d'accompagner
les personnes qui ploient sous la souffrance n'est pas masochiste,
il est un projet paradoxalement dynamique, plein de vie pour soi
et les autres. Dans les mots de Jérémie, c'est l'appartenance
à Dieu et ses conséquences. Dans les mots de Paul,
c'est le sacrifice saint agréable à Dieu.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1891. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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