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Deuxième dimanche ordinaire A - 20 janvier 2002
 
Connaître et reconnaître

Le témoignage de Jean (Jean 1, 29-34)
Autres lectures: Is 49, 3.5-6 ; Ps 39 (40); 1 Co 1, 1-3

 

Par deux fois dans ce court extrait, Jean le baptiste dira, en parlant de Jésus : «Je ne le connaissais pas » (Jean 1, 31.33). Cet aveu est pour le moins surprenant. Luc ne nous apprend-t-il pas que Marie et Élisabeth sont apparentées (Luc 1, 36)? Ce détail rend donc plausible le fait que les deux enfants se soient visités. La rencontre entre les deux cousins devenus adultes aurait dû alors prendre l'allure de retrouvailles familiales. Mais il n'en est rien. Pour parler ainsi, il nous faudrait lire les récits de l'enfance, racontés en Luc, comme des récits historiques. Or nous savons que ces derniers ne racontent pas. Ils essaient, tant bien que mal, de traduire l'intraduisible mystère d'un Dieu fait homme. Cherchons donc ailleurs l'explication de cet aveu de Jean. Car si les deux personnages se sont rencontrés au temps de leur enfance, cette rencontre en était une « selon la chair » (Romains 1, 3).

     Dans l'événement du baptême de son cousin Jésus, Jean avoue ne point le connaître non pas parce que Jésus a changé mais parce que lui, Jean le baptiste, a changé son regard. Il a reçu, au désert, la bouleversante révélation de l'identité véritable de ce Jésus côtoyé à l'âge tendre. D'où ce sentiment de crainte révérentielle, de désir d'effacement qui le fera s'écrier : « Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses chaussures » (Jean 1, 27). Il voit l'autre identité de Jésus et perçoit en même temps sa véritable mission : « L'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (v. 29). Dans l'Esprit Saint, il reconnaît Jésus comme étant « image et reflet de Dieu » (1 Corinthiens 11, 7). C'est pourquoi il peut dire, en toute vérité, qu'il pensait le connaître alors qu'il ne le connaissait pas.

     Plusieurs d'entre nous connaissent Jésus pas les récits des évangiles. Ces récits, nous l'avons dit, essaient de percer le mystère de sa venue en notre monde. Ils veulent cependant nous amener plus loin, au-delà de ce qu'ils disent de Jésus, au-delà de la réflexion théologique. Ils ont été écrits pour que nous fassions l'expérience personnelle de qui est Jésus. Car le connaître véritablement c'est d'abord le reconnaître. Et le lieu premier de cette reconnaissance c'est l'autre, c'est-à-dire mon frère et ma soeur dans la foi : « C'est à l'amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jean 13, 35).

     L'Eucharistie, mystère d'amour et d'union, est le second lieu où Jésus se laisse reconnaître. Cette rencontre intime entre l'humain et le divin, accomplie dans la foi et dans l'amour, peut changer notre regard intérieur et transformer notre vie. L'Eucharistie est le lieu par excellence de l'adoration et de la révélation.

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1867. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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