Connaître
et reconnaître
Le témoignage
de Jean (Jean 1, 29-34)
Autres lectures: Is
49, 3.5-6 ; Ps 39 (40); 1
Co 1, 1-3
Par deux fois dans ce court extrait, Jean le baptiste dira, en
parlant de Jésus : «Je ne le connaissais pas »
(Jean
1, 31.33). Cet aveu est pour le moins surprenant. Luc ne nous
apprend-t-il pas que Marie et Élisabeth sont apparentées
(Luc
1, 36)? Ce détail rend donc plausible le fait que les
deux enfants se soient visités. La rencontre entre les deux
cousins devenus adultes aurait dû alors prendre l'allure de
retrouvailles familiales. Mais il n'en est rien. Pour parler ainsi,
il nous faudrait lire les récits de l'enfance, racontés
en Luc, comme des récits historiques. Or nous savons que
ces derniers ne racontent pas. Ils essaient, tant bien que mal,
de traduire l'intraduisible mystère d'un Dieu fait homme.
Cherchons donc ailleurs l'explication de cet aveu de Jean. Car si
les deux personnages se sont rencontrés au temps de leur
enfance, cette rencontre en était une « selon la chair
» (Romains
1, 3).
Dans l'événement du
baptême de son cousin Jésus, Jean avoue ne point le
connaître non pas parce que Jésus a changé mais
parce que lui, Jean le baptiste, a changé son regard. Il
a reçu, au désert, la bouleversante révélation
de l'identité véritable de ce Jésus côtoyé
à l'âge tendre. D'où ce sentiment de crainte
révérentielle, de désir d'effacement qui le
fera s'écrier : « Je ne suis pas digne de délier
la courroie de ses chaussures » (Jean
1, 27). Il voit l'autre identité de Jésus et perçoit
en même temps sa véritable mission : « L'Agneau
de Dieu qui enlève le péché du monde »
(v. 29). Dans l'Esprit Saint, il reconnaît Jésus comme
étant « image et reflet de Dieu » (1
Corinthiens 11, 7). C'est pourquoi il peut dire, en toute vérité,
qu'il pensait le connaître alors qu'il ne le connaissait pas.
Plusieurs d'entre nous connaissent
Jésus pas les récits des évangiles. Ces récits,
nous l'avons dit, essaient de percer le mystère de sa venue
en notre monde. Ils veulent cependant nous amener plus loin, au-delà
de ce qu'ils disent de Jésus, au-delà de la réflexion
théologique. Ils ont été écrits pour
que nous fassions l'expérience personnelle de qui est Jésus.
Car le connaître véritablement c'est d'abord le reconnaître.
Et le lieu premier de cette reconnaissance c'est l'autre, c'est-à-dire
mon frère et ma soeur dans la foi : « C'est à
l'amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront
que vous êtes mes disciples » (Jean
13, 35).
L'Eucharistie, mystère d'amour
et d'union, est le second lieu où Jésus se laisse
reconnaître. Cette rencontre intime entre l'humain et le divin,
accomplie dans la foi et dans l'amour, peut changer notre regard
intérieur et transformer notre vie. L'Eucharistie est le
lieu par excellence de l'adoration et de la révélation.
Ghislaine Salvail, SJSH
Source: Le Feuillet biblique,
no 1867. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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