Le Ressuscité,
les apôtres, l'Église
Jésus annonce à Pierre sa vocation (21,1-19)
Autres lectures : Ac
5, 27b-32.40b-41 ; Ps 29 (30) ; Ap
5, 11-14
Depuis Pâques, la liturgie nous fait contempler le Christ
ressuscité à partir de ses manifestations à
Marie-Madeleine (Jn
20,1-9) et aux disciples: le soir de Pâques, puis huit
jours après (20,19-31),
et, ensuite sur les bords du lac (21,1-19).
Mais ces récits nous présentent-ils le film des événements?
Que sous-tendent ces présentations?
Les apparitions, il faut le constater,
sont un langage pour dire l'indicible de ce qui est advenu et nous
aider à saisir la portée du mystère du Christ.
Dans ces récits, le Ressuscité a toujours l'initiative
de la rencontre, lui qui est entré dans une vie qui n'est
plus assujettie au temps et à la mort. De leur côté,
les disciples identifient le Ressuscité avec Jésus
de Nazareth; ils prennent conscience de leur envoi en mission, c'est-à-dire
qu'ils doivent continuer l'histoire de Celui qu'ils ont suivi un
jour et qu'ils viennent de reconnaître. Et cette histoire
sera désormais radicalement nouvelle, inédite.
Tous ces éléments se
retrouvent dans l'apparition près du lac, de la pêche
surabondante (vv. 3-11) au repas (vv. 12-13), et de celui-ci au
dialogue Jésus-Pierre (vv. 15-19). On constate également
que le langage symbolise des réalités autres. Ainsi,
les disciples qui sont retournés à l'exercice de leur
métier, et qui, en ce moment, ne prennent pas de poissons,
voient leurs efforts récompensés lorsque Pierre obéit
à l'inconnu. Comment ne pas voir là une sorte de parabole
vivante de la mission ecclésiale des apôtres et de
sa fécondité? Les 153 poissons bien comptés
- chiffre indiquant la plénitude et la totalité -
soulignent que tous les humains sont appelés à bénéficier
de ce que la croix a accompli: le rassemblement des croyants à
travers le temps s'effectue dans l'unité.
La pêche féconde où
le Christ se tient comme en retrait, sans attirer l'attention, est
tout de même le lieu où il donne des indices, où
il fait signe: « Jetez le filet à droite de la
barque et vous trouverez. » (v. 6) Le disciple aimé,
comme en un éclair, a tout de suite l'intuition d'une présence.
Au moment du repas, l'atmosphère, le geste de Jésus
déclenchent l'émoi et la joie des disciples. Ils ne
posent pas de question, mais la manière qu'a l'inconnu de
faire les choses provoque la rencontre de foi, cette foi qui va
du signe à l'adhésion. Ce repas, pour l'évangéliste,
se révèle le signe d'une réalité spirituelle
permanente. Les disciples qui reçoivent le pain et les poissons
annoncent et préfigurent le mystère de la présence
réelle du Ressuscité qui, dans le repas eucharistique,
fait vivre la communauté.
Le dialogue final insiste sur l'attachement
profond de Pierre et son engagement total. Choisi par le Ressuscité,
il devient le premier responsable de la communauté rassemblée
par Jésus. En résumé, tout dans cet Évangile
met l'accent sur l'Église de Pâque et sur la présence
du Ressuscité qui la vivifie.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1838. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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