La peur?
Non merci!
Annonce de la destruction du Temple (Lc
21, 5-19)
Autres lectures: Ml
3,19-20a ; Ps 97 (98) ; 2
Th 3, 7-12
La peur, réflexe de défense, est essentielle à
la survie. Mais lorsqu'elle prend des proportions démesurées,
elle paralyse et cause plus de tort que de bien. Et pourtant, nous
en avons des raisons d'avoir peur. Il suffit d'ouvrir le journal
ou d'allumer la télé à l'heure des informations.
Des catastrophes surviennent presque chaque jour. L'environnement
est menacé. Des épidémies et épizooties
peuvent survenir en tout temps. Allons-nous tout droit vers la fin?
Comment garder la tête froide?
Nos frayeurs d'aujourd'hui, légitimes,
ne constituent pas un phénomène nouveau. Chaque génération
a connu les siennes. Pour les premiers chrétiens et chrétiennes,
les événements inquiétants prennent un sens
particulier. En raison de la récente résurrection
du Seigneur, ils croient que ce monde-ci n'en a plus pour longtemps.
Puisque Jésus est entré dans une vie nouvelle, l'existence
actuelle n'a plus sa raison d'être. Le Jugement dernier est
pour très bientôt. Des prédicateurs et soi-disant
prophètes, en mal de pouvoir, profitent de ces sentiments
pour annoncer la fin des temps. Les événements leur
donnent apparemment raison: le temple de Jérusalem est détruit
en 70 après Jésus Christ. Les disciples de Jésus
ont donc de la difficulté à y voir clair. Serait-ce
la fin? Si oui, que faut-il faire? La vie vaut-elle encore la peine
d'être vécue?
L'évangéliste Luc vient
remettre les choses en perspective: les événements,
même les plus spectaculaires, n'annoncent pas la fin des temps.
Le pire des pièges serait de se laisser gagner par la peur.
L'Église d'alors n'a pas besoin de paralysés mais
bien d'hommes et de femmes debout, en marche, déterminés
à ce que la Bonne Nouvelle s'étende par toute la terre.
Ce qui valait pour les premiers destinataires de Luc vaut encore
pour l'Église d'aujourd'hui.
Pour nous aujourd'hui, les tremblements
de terre, épidémies et famines n'annoncent pas la
fin des temps. Le monde en a connu tellement d'autres et jamais
sa population n'a été aussi nombreuse! Faut-il pour
autant regarder le train passer? Si les paroles de Jésus
enjoignent à ne pas céder à la panique, ce
n'est pas non plus pour sombrer dans l'insouciance. La Bonne Nouvelle,
c'est justement que les malheurs de l'humanité ne sont pas
les derniers mots de Dieu. Ce que Dieu souhaite, c'est aimer sa
création et non pas la détruire. Il reste aux croyants
et aux croyantes d'entrer dans cet élan d'amour et d'y contribuer,
ensemble, au jour le jour.
Jean Grou
Source: Le Feuillet biblique,
no 1858. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Qui vivra verra!
|