Aux yeux
de Dieu
Le pharisien et le collecteur d'impôts (Lc
18, 9-14)
Autres lectures: Si
35, 12-14.16-18 ; Ps 33 (34) ; 2
Tm 4, 6-8.16-18
La parabole du pharisien et du collecteur d'impôts qui montent
au Temple pour prier est exclusive à l'évangile de
Luc. Il s'agit là d'une parabole, non pas d'une comparaison,
mais d'un exemple qui nous présente une situation et des
attitudes, l'une à éviter et l'autre à imiter.
Éviter de se prendre pour un juste qui méprise les
autres. Ne pas se prendre pour Dieu qui est le seul Juste en mesure
de juger les autres sans préjugés. Ne pas se prendre
pour un juste mais plutôt se présenter à Dieu
comme un pécheur qui fait appel à sa miséricorde.
Voici une parabole qui oppose l'orgueil
méprisant du pharisien, scrupuleux observateur de la loi,
et l'humilité du collecteur d'impôt que tous mettent
au rancart de la société comme un publicain, c'est-à-dire
un pécheur public car il est un collaborateur de l'occupant
romain détesté de tous. Dans cette mise en scène
on oppose le meilleur et le pire aux yeux du peuple juif. Et voilà
qu'aux yeux de Dieu, la situation est complètement inversée:
le pire aux yeux du peuple s'en retourne justifié, et le
meilleur non. Celui-ci plutôt se voit chargé d'un péché
plus grand : l'orgueil.
Quelle prière est accueillie
par Dieu : celle du juste pharisien ou celle du pécheur public?
Pourtant le pharisien a une feuille de route impressionnante; il
respecte la Loi dant tous ses préceptes. Mais la seule chose
qu'on peut lui reprocher, c'est de mépriser les autres et
d'être convaincu d'être juste, de se penser tout-à-fait
conforme à ce que Dieu attend de lui. Le pharisien, dans
sa prière, occupe toute la place. En fait, il se prie lui-même.
Par contre, le collecteur d'impôt n'a rien fait qui soit digne
de mention. D'ailleurs il ne se vante de rien. Il se tient en arrière,
il n'élève même pas les yeux, il est prostré
et il se frappe la poitrine : Prends pitié du pécheur
que je suis. La prière de l'humble pécheur est
accueillie par Dieu, tandis que celle de l'orgueilleux ne l'est
pas.
Cette parabole ne nous est pas donnée
pour nous permettre de juger les autres mais pour nous examiner
nous-mêmes, sans nous comparer aux autres, mais pour nous
situer dans notre rapport avec Dieu, le seul Juste. En face de lui
la seule attitude, c'est l'humilité, Nous n'avons aucun droit
sur Dieu; nous n'avons jamais rien mérité qui nous
permette de traiter d'égal à égal avec lui.
Nous sommes tous pécheurs devant lui. Demander miséricorde
est la seule attitude qui convient. Ce message rejoint celui de
Sirac le sage : La prière du pauvre traverse les nuées.
Dieu écoute le cri du pauvre et de l'opprimé. De quel
côté je me trouve? ...de celui qui juge, ou de celui
qui demande justice et pardon?
Laurent Lafontaine, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1855. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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