Servir
d'abord
Servir avec humilité (Lc
17, 5-10)
Autres lectures: Ha
1, 2-3 ; 2, 2-4 ; Ps 94 (95) ; 2
Tm 1, 6-8.13-14
Jusquau milieu des années soixante, lÉglise
dici a rendu dinnombrables services: en éducation,
en santé, en services sociaux. Bien sûr, on peut se
questionner sur son omniprésence et sur son hégémonie
sur les questions morales notamment. Nempêche que lÉglise
se voulait avant tout au service de Dieu et de la population, malgré
de regrettables abus et malentendus historiques.
Sauf exception, les religieux et
religieuses de lépoque nont pas connu la gloire.
Dans certains cas, jamais même on ne leur a témoigné
la moindre reconnaissance. Au contraire, ils et elles ont parfois
été soupçonnés ou même accusés
dabus de toutes sortes, pas toujours avec raison (ce qui nenlève
rien aux méfaits réels qui ont pu survenir). Le mot
dordre était, semble-t-il: "Nous sommes des serviteurs
quelconques: nous navons fait que notre devoir", comme Jésus
lenseigne à ses disciples. Il nexiste pas de
temple chrétien de la renommée, comme il en existe
pour le sport et le cinéma. Bien sûr, il y a les saints
et saintes, bienheureux et bienheureuses. Mais ce nest pas
tant leur gloire personnelle quon souligne mais comment elles
et ils ont reflété la sainteté de Dieu dans
leur vie.
La situation de lÉglise
a bien changé depuis quelques dizaine dannées.
Elle na cependant pas délaissé son engagement
au service de la société. Les lieux dintervention
se sont déplacés et létiquette " chrétienne
" est plus discrète. Mais lessentiel demeure: aujourdhui
comme autrefois, des hommes et des femmes dÉglise (religieux
et laïcs) offrent à la population des ressources en
tous genres. Et de nos jours encore, la reconnaissance et la gloire
ne se trouvent pas souvent au fil darrivée. Le mot
dordre demeure le même: " nous navons fait que
notre devoir ".
Le devoir du service humble et discret
est sans doute lincarnation la plus éloquente de lÉvangile.
On pourrait évidemment voir les propos de Jésus de
manière négative et trouver ses recommandations peu
valorisantes. À quoi bon se donner de la peine si on ne peut
espérer quelque reconnaissance? Pas très motivant
tout ça! Mais ne sautons pas trop vite aux conclusions. Dans
lexemple apporté par Jésus, il va de soi que
le maître ne manifeste aucune reconnaissance particulière
à lendroit de son serviteur. Ce nest pas parce
quil napprécie pas la valeur de son travail.
Cest simplement dans lordre des choses que le serviteur
voit au bien-être de son maître. De la même façon,
cest dans lordre, dans lesprit de lÉvangile
que le service ne vise pas dabord à gagner la reconnaissance
du public. Il vise en premier lieu le bien-être du prochain.
Jean Grou
Source: Le Feuillet biblique,
no 1852. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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