Entre
ici-bas et au-delà
La parabole du riche et de Lazare (Lc
16, 19-31)
Autres lectures: Am
6, 1a.4-7 ; Ps 145 (146) ; 1
Tm 6, 11-16
La parabole de l'homme riche et de Lazare, « pauvre et
couvert de plaies », avec ses deux périodes, l'une
avant la mort, et l'autre, après le temps d'ici-bas, est
bien connue, mais toujours à approfondir. Entre les deux
hommes, il y un fossé infranchissable. L'un vit dans la bombance,
avec des vêtements de luxe, il a l'assurance, la conquête,
la performance; il se suffit à lui-même. L'autre n'a
rien, mais il possède un nom qui signifie « Dieu
aide ».
Le fossé est ici sur terre
et, après la mort, il est l'abîme définitif,
insurmontable. Le riche est là où sa conduite et son
cur l'ont installé.
Dans cette parabole, avons-nous une
représentation de ce qui se passe dans l'au-delà?
On pressent que tous les détails du récit ne vont
pas dans ce sens et que Jésus se sert ici des images religieuses
de son époque. Mais quelle est donc l'essentiel de ce récit
imagé?
Dans un premier temps, constatons
que le nom de Dieu n'est pas présent. Il y a cependant Abraham,
la grande figure du Premier Testament, le père des croyants,
celui qui symbolise la foi. Or le pauvre mourut, et les anges
l'emportèrent (dans le sein) d'Abraham. Même si
le récit ne fait pas mention de la foi de Lazare, il semble
clairement que l'on évoque ici son adhésion croyante
à l'action créatrice de Dieu dans sa vie. Dieu, tel
que manifesté en Jésus Christ, est celui qui se situe
toujours du côté du plus faible. Non pas en raison
des mérites du pauvre, mais bien parce que Dieu est Dieu
de bonté et de compassion. [Le psaume chante : Heureux
qui s'appuie sur le Seigneur son Dieu... il fait justice aux opprimés...
il redresse les accablés (Ps 145 (146), 5 ac.7a)].
En plus d'Abraham, on fait mention
de Moïse et des prophètes. Peut-on penser une minute
que les cinq frères du riche se préoccuperaient de
la parole de l'affamé aux plaies repoussantes? Les cinq frères
ont l'immense richesse de Moïse, de la Loi, et les enseignements
des prophètes. Qu'ils les écoutent, dit Abraham.
Qui écoute l'Écriture découvre la foi, car
la foi ne s'appuie sur aucun miracle, celui-ci n'étant qu'un
signe.
Dans un deuxième moment, quand
on prend le temps nécessaire pour que la parole nous touche,
le récit nous oriente vers le monde dans lequel nous vivons.
Chacun constate l'enrichissement des riches et l'appauvrissement
des faibles. Du Nord contre le Sud. C'est dire que l'évangile
de ce jour nous adresse un appel, [un appel à l'intérioriser
pour mieux passer à l'action. Quand le psaume dit : Le
Seigneur délie les enchaînés... ouvre les yeux
des aveugles... redresse les accablés... soutient la veuve
et l'orphelin, ...fait justice aux opprimés, aux affamés,
il donne le pain, cela indique qu'un grand pan de la Parole
de Dieu est à entendre aujourd'hui], afin que ce qui
est encore inaccompli dans la construction du Royaume arrive à
son achèvement par notre vie attentive aux pauvres.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1851. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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