De la
pierre au sable
La femme adultère (Jn 8,1-11)
Autres lectures: Es
43,16-21 ; Ps 125 (126) ; Ph
3,8-14
Au Sinaï, au milieu du tonnerre et du feu, Dieu traça
sur la pierre une Loi qu'il remit à son serviteur Moïse.
Cette Loi comprenait dix commandements. La première Alliance
était désormais scellée. Puis, des milliers
d'années plus tard, Yahvé, par son Fils, traça
à nouveau une seconde et mystérieuse Alliance, celle
de l'Amour. Mais cette fois, il l'inscrivit sur le sable. Élément
mouvant qui transforme les traces les plus profondes en de fins
sillages pour ensuite les faire disparaître à jamais
: Jésus s'était baissé et, du doigt, il traçait
des traits sur le sol (Jean 8, 6).
Voilà un des enseignements du récit d'aujourd'hui.
Dieu, dans le geste de son Fils, ouvre un passage que nous mettrons
toute une vie à franchir et encore! Passage qui mène
de la Loi immuable à la grâce transformante du pardon.
Cette femme adultère, que les pharisiens amènent à
Jésus a, sans conteste, fait une entaille profonde à
la rectitude de la Loi sculptée à même la pierre.
C'est donc par la pierre qu'elle doit mourir. Le commandement est
formel sur ce point. Aussi, Jésus ne peut donner tort aux
tenants de la Loi. Il connaît autant qu'eux la Loi de Moïse.
Mais il profite de cet événement pour la retracer
sur le sol sablonneux où cette femme est prostrée.
Il veut signifier à ses accusateurs que le sol de leur coeur
a besoin d'être ameubli. Il renouvelle en quelque sorte le
geste de Dieu au Sinaï en le doublant de miséricorde.
Il considère que le temps est désormais arrivé
d'attendrir le coeur de ceux qu'il est venu sauver. Dorénavant
tout va changer. Avec le Christ tout péché aura droit
à la rémission. Toute faute regrettée pourra
s'ensabler à jamais au creux de la mémoire divine.
D'ailleurs, Dieu avait déjà commencé à
tracer la voie à son Fils Jésus lorsqu'il disait,
par le prophète, qu'il allait faire passer une route au milieu
du désert et que des fleuves arroseront l'aridité
de ces contrées (Isaïe 43, 19).
Mais devant tant de facilité à se faire pardonner,
cette femme ne risque-t-elle pas de retourner à son péché?
Sous l'Ancienne Loi, cette hypothèse aurait sûrement
été retenue car les péchés étaient
classifiés non pas en fonction des circonstances mais en
fonction de leur gravité. Et ce qu'a fait cette femme était
grave. Mais, justement, nous ne savons rien des circonstances qui
ont conduit cette femme à l'adultère. Seul, Jésus,
qui connaît le fond de son coeur, peut lui dire : Va, et
désormais ne pèche plus (Jean 8, 11) et surtout
lui faire confiance pour demain. Il sait aussi, connaissant sa faiblesse,
qu'une rechute est possible. Mais il sait surtout qu'hier est effacé
et qu'aujourd'hui est un autre jour, un jour tout neuf. Le dur rocher
de la Loi s'est pulvérisé sous les doigts de l'amour
transformant.
Ghislaine Salvail, SJSH
Source: Le Feuillet biblique,
no 1834. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
La miséricorde, richesse de Dieu
|