Conduits
par un amour fidèle
La tentation
de Jésus (Luc 4, 1-13)
Autres lectures: Dt
26, 4-10 ; Ps 90 (91) ; Rm
10, 8-13
Dans le récit des tentations de Jésus, chaque intervention
du démon se réfère à un aspect fondamental
de la vie quotidienne des gens des pays méditerranéens.
La conversation sur le pain évoque les besoins primaires
si difficiles à satisfaire. Le débat sur le pouvoir
et la gloire rappelle que chaque bienfait était dispensé
par une personne qui portait le titre de « patron ».
Enfin, la mise au test rappelle la valeur énorme conférée
à la loyauté du « client » pour
son « patron », ou d'un membre d'une famille
pour son groupe natal.
Cet enracinement de l'évangile
dans le concret des préoccupations quotidiennes de ce temps-là
convient bien à la proclamation du Carême, cette saison
de grandeur et d'exigence où la sainteté de Dieu jette
un éclairage nouveau sur notre quotidien.
Devant les solutions de facilité
qui s'offraient à lui, Jésus a osé faire jouer
la mémoire de son peuple, pour prendre le risque de solutions
inédites et drastiques. Disant non à certaines solutions
faciles et évidentes, Jésus laissait la porte ouverte
à l'action de Dieu.
En refusant la magie de la pierre
changée en pain, Jésus avoue qu'il n'agit pas dans
son seul intérêt. Nous contentons-nous d'appuyer les
grandes orientations de notre vie uniquement sur le matériel,
le palpable, le sensible?
En refusant de s'incliner devant
le démon, Jésus affirme qu'il est hors de question
de se prostituer pour dominer. Pour conquérir ce à
quoi nous tenons, est-ce qu'il ne nous arrive pas parfois de nous
compromettre avec le mal?
Finalement, Jésus ne se sert
pas de ses relations avec son papa bon Dieu pour épater les
Juifs de Jérusalem. N'avons-nous pas tendance à mettre
Dieu au pied du mur en lui ordonnant de nous donner les signes extraordinaires
que nous lui commandons?
Jésus nous apprend quelque
chose d'important. Risquer l'aventure de la foi en Dieu, c'est accepter
le risque de moyens limités et fragiles. Et en même
temps, c'est croire que ces limites ne sont pas un empêchement
à la puissance de Dieu.
Jésus trouvait son envergure
dans sa mémoire des bienfaits de Dieu pour son peuple. De
grâce, cette année, ne perdez pas votre temps dans
la dentelle. Voyez plus loin que vos problèmes de poids ou
de ligne. Osez écouter avec les oreilles de Jésus.
Osez regarder avec ses yeux. Demandez la grâce d'être
ses mains. Demandez la grâce d'agir, d'être fidèles
à l'exemple de son amour fidèle.
Alain Faucher, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1830. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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