Entrer
dans l'Alliance
Préparation et repas pascal (Mc
14,12-16.22-26)
Autres lectures: Ex
24,3-8; Ps 115; He
9,11-15
La solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ
est l'occasion de nous arrêter sur le sens de cette pratique
bien familière : l'eucharistie. Trop familière? À
force de poser les mêmes gestes et de prononcer des paroles
semblables, nous risquons de perdre de vue leur grandeur et leur
richesse.
Dans la première lecture,
le peuple, par son action liturgique, adhère à une
Alliance proposée par Dieu. Pour Israël, Alliance est
synonyme de liberté et de salut. Elle concrétise une
relation déjà établie entre Dieu et son peuple
par un geste de libération: la sortie d'Égypte. Une
même dynamique anime notre liturgie. Nous accueillons la Parole
de Dieu qui nous révèle son uvre de libération
à travers l'histoire. Nous y adhérons par nos prières
et nos gestes. Nous entrons dans son Alliance.
Le peuple d'Israël est passé
de l'asservissement en Égypte à une condition d'hommes
et de femmes libres, affranchis de l'esclavage. Il s'est ainsi reconnu
partenaire d'une Alliance avec Dieu qui l'accompagne dans sa quête
de liberté. Le Christ quant à lui s'est trouvé
affranchi, par sa résurrection, de l'esclavage ultime: celui
de la mort. Avec lui, le passage de l'esclavage à la liberté
devient passage de la mort à la vie, et à la vie auprès
de Dieu. L'oeuvre de salut du Seigneur, dont notre histoire porte
des traces, se prolonge au delà de notre existence terrestre,
au delà de notre temps.
Lorsque, chaque dimanche le prêtre
reprend les gestes et les paroles de Jésus au soir de la
Cène, il s'agit davantage que de rappeler un vieux souvenir.
Ces gestes, ces paroles nous font entrer dans une Alliance, nous
rendent partenaires d'une uvre de salut. Le partage du pain
et du vin est beaucoup plus qu'une marque de convivialité,
de solidarité fraternelle. Bien sûr, nos rassemblements
liturgiques sont des occasions de fraterniser. Mais il en est de
même pour bon nombre de nos repas entre amis... Célébrer
l'eucharistie, c'est aussi et surtout proclamer notre foi en Dieu
qui libère les hommes et les femmes, comme aux jours de l'Exode.
C'est proclamer la victoire de son Fils sur la mort et le péché.
En partageant le Corps et le Sang du Christ - le pain et le vin
- nous devenons nous-mêmes ce Corps mystérieux, ressuscité,
glorifié pour la vie éternelle.
L'acte liturgique chrétien
se déroule, en quelque sorte, à huis clos. Mais il
ne demeure pas lettre morte une fois la célébration
terminée. Cette participation à l'uvre du salut
du Seigneur se prolonge et devient réelle dans le quotidien.
Chacun de nos gestes, chacune de nos paroles qui libèrent
deviennent présence de ce Corps et de ce Sang pour notre
monde.
Jean Grou
Source: Le Feuillet biblique,
no 1803. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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