Le
temps d'y voir clair!
La
visite des mages (Mt 2, 1-12)
Autres
lectures : Is 60, 1-6; Ps 71; Ep 3, 2-3a.5-6
Si nous nous fions au langage populaire, nous
célébrons la fête des « rois mages ».
Cette mise à niveau élève les visiteurs étrangers
au rang du dirigeant de Jérusalem, le roi Hérode.
Cependant, en ajoutant ce titre, nous atténuons le drame
du texte. Nous limitons le conflit à la seule arène
politique. Dans le texte, la rencontre se fait entre le savoir et
le pouvoir.
L'épisode
(tel que raconté par l'évangéliste) concerne
la découverte d'un savoir, ou, pour parler en termes théologiques,
une révélation du Dieu vénéré
à Jérusalem, ouverte à toutes les nations qui
respirent sous le soleil. Nous sommes mis en présence d'un
révolution gérée par Dieu, puisqu'il se manifeste
en songe pour anéantir la portée de la parole toute-puissante
du roi.
Pour actualiser
l'évangile, il ne faut pas négliger ces détails,
Ils nous invitent à vivre un choix lourd de conséquences.
Nous contenterons-nous de vivre à la remorque d'une parole
limitée à ses propres intérêts? Ou vivrons-nous
au rythme d'une Parole aux horizons immenses, une Parole qui ouvre
des chemins imprévus?
Un autre élément
du texte a pu conduire à généraliser l'usage
du terme « rois mages ». Il s'agit des nobles présents
offerts à l'enfant. Les cadeaux princiers, l'or en particulier,
semblent confirmer la richesse et le pouvoir de ceux qui les offrent.
De fait, les cadeaux offerts disent surtout quelque chose de la
dignité de celui à qui ils sont destinés. Jésus
enfant reçoit l'or d'un roi, l'encens d'un Dieu, la myrrhe
pour l'embaumement de qualité. Serons-nous assez attentifs
à ces détails pour réévaluer à
la hausse la considération que nous portons à l'enfant
de la crèche? Saurons-nous dépasser les apparences
du romantisme néonatal pour accueillir le don définitif
d'une connaissance de Dieu définitive, car offerte par lui-même?
L'Épiphanie
arrive au terme d'une quinzaine épuisante de festivités
familiales et sociales. Elle est célébrée avec
bien peu d'éclats dans nos églises et nos familles.
Les traditions orientales de l'Église devraient nous faire
un peu honte. Que la grande année jubilaire se termine en
2001 non à Noël mais à l'Épiphanie devrait
aussi remettre en cause nos habitudes un peu laxistes quant à
la célébration de la « Noël des nations
». L'enjeu est élevé, car un choix fondamental
est offert aux fidèles. Ou l'on se limite à ses propres
intérêts, ou l'on ose rester disponible pour les projets
de Dieu, come les mages qui cherchent.. et changent de projet de
retour.
Alain Faucher, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1978. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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